L'affaire d'Abraham : un exemple d'utilisation politique de l'archéologie anti-judaïque israëlienne:
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Les tenants de cette archéologie anti-judaïque ont vite attiré l'intérêt des media et des politiciens désireux de démontrer par ce biais l'illégitimité de la présence juive sur une partie ou sur tout Israël.
Abraham Segal fit ainsi un film, sorti sur nos écrans de cinéma en 1996, Abraham, où le réalisateur, membre du mouvement Shalom Arshav, interviewe tour à tour des philologues de l'école biblique et des archéologues de l'Université Hébraïque, pour démontrer d'une part que le lieu du Hevron historique n'est pas assuré, d'autre part, que le personnage d'Abraham n'est qu'un légende, et enfin que le Caveau des patriarches ne contiendrait pas les patriarches, dont l'existence est elle-même remise en question, mais la dépouille mortelle d'un croisé. Le réalisateur conclut son film en déclarant qu'en définitive on se bat à Hevron pour un héritage imaginaire, et qu'il faudrait évacuer à la fois cette ville, mais aussi tous les territoires des implantations pour rétablir la paix.
Quelle que soit l'opinion du réalisateur, on peut regretter qu'il n'ait construit son film que sur le témoignage de chercheurs partageant son idéologie. Choisis parmi les tenants anti-judaïques de l'archéologie, les chercheurs interviewés donnent en effet une image monolithique de la recherche israëlienne, et de plus sapant la légitimité, non seulement de la présence juive dans les territoires palestiniens, mais dans tout Israël. Le film d'Abraham Segal, qui a bénéficié de l'aide automatique à la création filmique en Israël versée par l'état d'Israël, a ainsi servi des arguments pro-palestiniens aux spectateurs français juste avant le déclenchement de la seconde antifadah. Le débat public qui suivait le film lors de sa projection fut houleux, et laissait déjà percevoir dans les réactions haineuses du public à l'encontre d'Israël l'antisémitisme que la seconde intifadah allait achever de révéler.
Avant même la seconde intifadah, les media internationaux servirent encore d'amplificateur à ces idéologies, préparant sans le savoir le nouveau révisionisme historique palestinien.
Pour ne citer qu'un exemple, Der Spiegel publia en 1998 un numéro entier (près de 120 pages) sur une relecture de la sortire d'Egypte d'après les archéologues. Moïse, pouvait-on y lire, était un Egyptien, ainsi que les esclaves dont ils s'était fait le chef. Il n'ya avait donc plus de sortie d'Egypte à proprement parler, ni de peuple hébreu, et encore moins de réalisation de promesse divine. Les fondements historiques de l'implantation du peuple hébreu sur la terre d'Israël disparaissant, toute la légitimité de l'état s'effondrait.
Très curieusement, ces mêmes media ne reprennent pas les découvertes archéologiques confirmant la validité des textes bibliques. Le Spiegel se faisait l'écho des archéologues qui remettaient en question le récit d'un pharaon possèdant une immense écurie. Récemment, en 2002, une équipe d'archéologues britanniques a retrouvé une ville, enfouie dans les limons d'un affluent asséché du Nil. Cette ville avait en son centre une immense statue pharaonique portant le nom de Ramses, soit la ville portant le nom du pharaon dont parlent les midrashim. Des écuries de plus de cinq cent chevaux témoignaient d'une puissance militaire du pharaon exceptionnelle pour l'époque Le Spiegel ne reprit pas l'information, pourtant diffusée par la BBC
Alors que les media européens, trop souvent, trient avec habilité les informations archéologiques, les Palestiniens réécrivent l'histoire d'Israël, tout en effaçant les traces archéologiques hébraïques des sites sous leur contrôle.
Yona Dureau