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La rencontre entre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le président américain Barack Obama à la Maison Blanche lundi 18 mai a fait couler beaucoup d’encre en Israël, aux Etats-Unis ainsi que dans le monde arabe. Le leader du Likoud est unanimement pris pour cible, comme s’il s’opposait par principe à l’établissement d’un Etat palestinien. Quant au président Obama, il est décrit par beaucoup, à l’exception du Hamas, comme volontariste. Face à sa popularité, la presse étrangère ne manque pas de faire valoir ‘l’outrage’ du Premier ministre israélien, qui ose ne pas s’aligner sur la position du président démocrate. |
En Israël tout d’abord, le Likoud a préféré mettre l’accent sur l’atmosphère de cordialité entre les deux dirigeants plutôt que sur le contenu de la rencontre. « Les prophéties d’une rencontre sous tension se sont avérées fausses. Cette entrevue entre Barack Obama et Benyamin Netanyahou a prouvé, une fois de plus, la force du lien entre les USA et Israël » a déclaré le député Likoud Ofir Akunis. Et d’ajouter que le processus de paix avec les Palestiniens, dans lequel le gouvernement est « engagé n’est pas basé sur deux Etats pour deux peuples, mais la reconnaissance palestinienne d’Israël comme un Etat juif ». À Kadima, les commentaires n’ont pas été moins prompts, quoi que beaucoup plus virulents : « C’est une honte que l’expert numéro un israélien en politique américaine ait échoué en essayant de séduire le président Obama avec des bavardages insensés » a déclaré Ze’ev Boim, député Kadima à la Knesset. Chez les travaillistes, Youli Tamir s'est montrée tout aussi cinglante : « Netanyahou essaie d’ignorer les politiques sans équivoque menées par Barack Obama. En agissant ainsi, il sabote l’Etat d’Israël et va à l’encontre de ses intérêts vitaux ». Côté palestinien ce mardi 19 mai, l’habituelle fracture Fatah/Hamas semble s’estomper. Nabil Abu Rdainah, un collaborateur du président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas, a ainsi loué l’engagement de Barack Obama à la création d’un Etat palestinien. « Les déclarations de M. Obama sont encourageantes, en revanche celles de Benyamin Netanyahou sont décevantes ». Un autre haut responsable de l’Autorité Palestinienne, qui a souhaité rester anonyme, a expliqué que « Benyamin Netanyahou a remplacé la demande de reconnaitre Israël comme un Etat juif par son slogan démagogique de ‘donner et recevoir’ ». Et d’ajouter que le gouvernement israélien, qualifié au passage de « gouvernement d’extrême droite », « n’est pas intéressé par le processus de paix. Ce qui l’intéresse, ce sont les négociations éternelles ». Quant à Fawzi Barhoum, un porte-parole du Hamas, aucun infléchissement de discours n’est à noter. « Les déclarations de Barack Obama et ses messages d’espoir n’ont d’autre but que d’induire en erreur l’opinion publique mondiale au regard de l’existence et de l’attitude continue de l’entité sioniste raciste et extrémiste ». Outre-Atlantique, on reste sceptique. Pour Robert Malley par exemple, l’ancien conseiller spécial de Bill Clinton pour les affaires israélo-arabes, « à un moment donné, peut-être dans six mois ou dans un an, Benyamin Netanyahou devra décider s’il veut sacrifier la qualité de sa relation avec les USA ou avec ses partenaires de coalition ». Néanmoins il demeure optimiste et pense que le Premier ministre israélien va trouver un moyen de se ranger derrière les positions américaines, notamment en ce qui concerne la « colonisation » et les contrôle du « quotidien des Palestiniens ». A noter qu'au moment où se déroulait cet entretien entre Barack Obama et Benyamin Netanyahou, un sondage de l’institut Zogby était publié dans la presse. Il montre un net recul du soutien inconditionnel des américains à Israël. 80% des électeurs de Barack Obama se prononçant en faveur de pressions sur Israël, alors que 73% des électeurs de John McCain s’y opposent. Au niveau national, 45% des Américains sont pour des pressions accrues sur l’Etat juif. Par ailleurs, la moitié des électeurs du président américain considèrent justement qu’un soutien inconditionnel à Israël affaiblit leur pays. Plus éloquent encore, 67% des électeurs de Barack Obama se prononcent en faveur d’une ouverture de dialogue avec le mouvement terroriste palestinien du Hamas, alors qu’un nombre plus important encore (79%) d’électeurs de John McCain s’y opposent. Au niveau national, 41% sont pour, et 45% contre. |