Le parti islamique Hezbollah et ses alliés de l’opposition sont en bonne position pour s’emparer du pouvoir au Liban à l’occasion des élections du 7 juin prochain. Le directeur des programmes du Centre libanais d’études politiques, Karam Karam, en explique les conséquences pour le pays et l’ensemble du Proche-Orient.
publié dans L'actualité du 15 juin 2009
Photo : Katia Jarjoura
Que signifierait une victoire du Hezbollah aux élections?
— Il ne faut pas dramatiser. Peu importe qui sera majoritaire au Parlement, ces élections ne révolutionneront pas le pays. La composition du gouvernement est presque connue d’avance, car il faut inclure des députés de tous les partis [en vertu des accords signés l’an dernier après la prise de Beyrouth-Ouest par le Hezbollah]. Quant aux principaux points en litige entre les partis politiques — le désarmement du Hezbollah et la légitimité du Tribunal pénal international chargé de juger les présumés terroristes des attentats —, ils ne dépendent pas que des acteurs libanais, mais aussi du contexte régional et international.
Quel est le scénario du pire si le Hezbollah l’emporte?
— Certains observateurs établissent déjà un parallèle avec la victoire du Hamas à Gaza, en 2007, qui n’a pas été suivie de conséquences heureuses. Mais la situation est différente. Le Hezbollah participe à la vie politique libanaise depuis 1992 et est dûment représenté au sein des institutions étatiques. C’est aussi une milice armée, certes, mais cette problématique, qui concerne la stratégie de défense du Liban contre Israël, s’inscrit dans un programme qui dépasse les frontières du pays.
Quel serait le meilleur scénario électoral pour le Liban?
— Il n’y en a malheureusement pas. Les divisions profondes au sein de la société libanaise renvoient à une crise culturelle et politique qui transcende largement la fracture entre les différents partis. Et ce, principalement parce que les accords de Taëf [qui ont mis fin à la guerre civile libanaise, en 1990, et qui appelaient entre autres à la déconfessionnalisation du système politique et au désarmement des milices] n’ont pas été décemment appliqués.
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