Plus de 2 000 personnes" ont été arrêtées et sont toujours détenues en Iran, tandis que des centaines sont "portées disparues", a déclaré dimanche 28 juin le vice-président de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), Karim Lahidji, qui est par ailleurs président de la Ligue iranienne de défense des droits de l'Homme.
M. Lahidji a précisé que ces informations avaient été rassemblées par les "antennes" de la FIDH en Iran, essentiellement auprès des familles. "Il s'agit d'une estimation, car il est extrêmement difficile d'en savoir plus en Iran actuellement", a-t-il souligné. "Nous avons parlé de dizaines voire de centaines de morts, mais nous ne connaissons pas à ce stade le nombre de victimes" de la répression des manifestations, a-t-il ajouté.
Il a notamment affirmé qu'une vingtaine de femmes avaient été arrêtées samedi "lors d'un rassemblement pacifique au centre de Téhéran".
"C'est un climat de terreur et de peur qui règne aujourd'hui en Iran", a déclaré cet avocat exilé à Paris, proche du Prix Nobel de la Paix ShirinEbadi.
MAIS COMBIEN DE FOIS FAUDRA T'IL LE REPETER !!!!
Le Président des Etats-Unis, Barack Obama, en fait l'amère expérience. La politique de la main tendue, la soft diplomatie, cela marche très rarement. Les spécialistes de droit international le savent bien. Les relations internationales sont encore fondées sur les rapports de force. Et malgré la multiplication des organisations internationales en tous genres, cela n'est pas prêt de changer!
Cette soft diplomatie, qui colle si bien à une Europe souvent empressée de ménager la chèvre et le chou, les Européens s'y sont essayés dans les années 2002-2004. Ils avaient alors été mandatés en quelque sorte par l'administration Bush pour négocier avec l'Iran. Cela n'a rien donné et je suis sûre qu'au contraire, cela a permis au gouvernement iranien de donner le change pour mieux se diriger vers la mise au point de la bombe.
Je m'en souviens fort bien. J'ai assisté à pas mal de discussions entre ministres européens sur la question du dialogue avec l'Iran, une idée à la mode dans les années 2000. Il s'agissait rien moins que d'amadouer les mollahs pour les convaincre de renoncer à construire des usines nucléaires pour enrichir l'uranium, en leur proposant de l'aide et reconnaissance.. .. Etait-ce naïf ou hypocrite, je n'en sais trop rien.
En tous les cas, cela n'a pas marché.
1er acte: les représentants des trois pays européens - Allemagne, France et Grande-Bretagne - en charge de négocier ce deal (avec le Haut Représentant, Javier Solana) ont pensé (ou ont fait comme s'ils pensaient) que les dignitaires religieux au pouvoir allaient s'ouvrir aux valeurs occidentales et accepté une certaine démocratisation. Je crois sincèrement que Joshka Fisher, ministre allemand des affaires étrangères, y a cru. Le Président de la République iranienne de l'époque était Khatami, réputé pour être un réformateur (sans que l'on sache d'ailleurs exactement ce que cela signifiait) L'illusion a été de courte durée. Le Guide Suprême, déjà Khamenei, a su remettre de l'ordre dans la maison. Plus de mille candidats aux élections législatives de 2004 ont été invalidés avant d'avoir même pu se présenter.
2ème acte: les tenants de la diplomatie "UE 3" ont offert aux iraniens, en contrepartie de l'abandon de leurs ambitions nucléaires, de leur fournir sécurité et avantages économiques, avec en prime l'adhésion à l'OMC. (qui a pu croire que les mollahs se seraient laissé séduire!) Là encore, les Européens ont fait chou blanc. Après plusieurs péripéties, le dialogue irano-européen s'est effiloché pour ne plus pratiquement exister après 2006.
Depuis, l'Europe vivote, en alternant carotte et baton.
3ème acte: les résolutions des Nations-Unies en 2008 promues par les Européens pour enjoindre à l'Iran de suspendre son programme d'enrichissement de l'uranium, n'ont pas eu le moindre effet. L'effort des Européens pour aller à Genève dans le cadre du Sommet dit "Durban II" sur le racisme, n'a pas davantage été récompensé, le Président Ahmadinedjad en ayant profité pour dire des atrocités contre Israël, et accroîre ainsi sa popularité dans le Moyen-Orient.
4ème acte: les Etats réunis au G20 qui s'est tenu les 25/26 juin en Italie, n'ont pas été capables, malgré la répression sanglante qui sévit à Téhéran, d'aller plus loin (notamment, mais pas seulement du fait de la présence russe) que de "déplorer" cette situation, ou de se sentir "très préoccupés".
La vérité est que les liens commerciaux de l'Europe, premier partenaire commercial de l'Iran et le régime des gardiens de la Révolution islamique, sont étroits. L'Allemagne, la France et l'Italie ont pris pied dans un pays déserté par nécessité par les banques et les entreprises américaines.
La vérité est que la bombe, si elle est fabriquée par l'Iran, ne menacera pas moins les Européens que les autres.
La vérité est que - diplomatie européenne ou non - le régime iranien est ébranlé par une majorité ou à tout le moins une très forte minorité d'Iraniens qui veulent pouvoir respirer un air moins oppressant et jouir des libertés auxquelles tout homme et toute femme a droit.
La vérité est que la Révolution islamique ne durera pas tout le temps.
La diplomatie européenne aura-t-elle joué un rôle? Je vous laisse donner la réponse
Noëlle Lenoir
Source : L'Express
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