Lorsqu’on parle de paix froide avec l’Egypte, on n’est pas loin de la réalité. Le président Moubarak, qui est prêt à recevoir régulièrement les dirigeants israéliens se succédant au pouvoir, n’a jamais accepté de se rendre en Israël et il a esquivé une fois de plus la question, il y a encore quelques jours, lorsqu’un journaliste lui demandait pourquoi il n’avait jamais fait le déplacement.
A présent, en cette fin de semaine, alors qu’il a reçu tout récemment le président de l’Etat Shimon Pérès, Moubarak se montre une nouvelle fois hostile, et cela dans une interview exclusive accordée à un quotidien israélien, le Yedioth Aharonot.
Estimant que le soldat Guilad Shalit, séquestré depuis plus de trois ans par le Hamas, était toujours vivant et en bonne santé, il a ajouté qu’Israël était responsable de l’échec des négociations menées pour la libération du jeune otage. Il a rappelé que lors de la transaction mise en place à la fin du mandat d’Olmert, les tractations n’avaient pas abouti à cause d’un problème dans « l’échange des prisonniers ».
Et de souligner: « Vous auriez pu conclure l’affaire Shalit il y a déjà quatre ou cinq mois. Plusieurs conditions avaient été fixées et nous étions prêts à conclure et à passer au premier stade. Mais au dernier moment, vous avez changé d’avis d’un seul coup, et l’affaire est tombée à l’eau. Vous avez ainsi poussé l’autre camp à durcir ses positions et à réclamer davantage de prisonniers ».
Il ne faut pas oublier, dans ce contexte, que l’Egypte joue depuis le départ le rôle de médiateur dans cette affaire. Moubarak, tenant malgré tout à montrer combien l’Egypte assumait ses responsabilités, a encore déclaré qu’à son avis, la question devait être réglée prochainement mais il a ajouté prudemment qu’il ne pouvait pas s’engager pour un calendrier précis.
En Israël, on réagit avec vigueur aux allégations du président égyptien. « C’est le Hamas qui a fait échouer la transaction et non Israël », ont précisé des responsables israéliens. « Sur une liste de 450 détenus palestiniens, Israël a refusé d’en libérer 125. Le Hamas a alors été prié de présenter une autre liste mais il ne l’a pas fait, il est donc responsable de cet échec ».
Mis à part la question de Shalit, le président égyptien a profité de cette interview donnée à un quotidien israélien pour adresser une « mise en garde » au Premier ministre Netanyahou, lui reprochant de ne pas être prêt à un compromis concernant la reconnaissance de l’Etat juif par les Palestiniens. Il a déclaré qu’on ne pouvait pas faire d’Israël un Etat exclusivement juif et que cette « erreur » serait nuisible à long terme aux Israéliens eux-mêmes.
[Vendredi 07/10/2009 10:38]