Le plateau du Golan se trouve dans la partie Nord du cours du Jourdain entre les versants du mont Hermon et le fleuve de Yarmouk, à l’est du Kinnereth et de la vallée de la ‘Houla. La frontière entre Israël et la Syrie passe à travers le plateau du Golan. Ce dernier a une superficie d’environ 1 800 m², dont 1 200 m² du côté israélien.
Le mot Golan se trouve dans la Bible, où il désigne une ville refuge : « Golan, dans le Bashan, appartenant à la tribu de Ménashé » (Deutéronome 4, 43).
De nombreuses rivières parcourent le plateau du Golan. Elles fournissent environ un tiers des eaux du Kinnereth. Les trois principaux cours d’eau du Golan séparent le plateau en trois parties : le nord (entre le Hermon et le fleuve Gilbon), le centre (entre les fleuves Gilbon et Dalioth) et le sud (entre Dalioth et le Yarmouk).
Un peu d’histoire :
Jusqu’au début du 20e siècle, la région du Golan n’était pas séparée politiquement du reste des régions du pays d’Israël. Les Hébreux étaient installés dans le Golan depuis la mise en déroute d’Og le roi de Bashan, au cours de la conquête de la région par Yéshoshoua Bin Noun. Pendant la période de la Mishna et du Talmud, il y avait de nombreuses localités juives sur le plateau du Golan. Mais elles ont peu à peu disparu jusqu’au 10e siècle et la région est devenue relativement peu peuplée.
A la fin du 19e siècle, les pionniers juifs ont essayé de se réinstaller dans la région, mais sans grand succès. Lorsque le tracé de la frontière entre le mandat britannique et le mandat français sur la Syrie a été fixé en 1923, à travers les accords Sykes-Picot, il fut décidé que le Golan serait en territoire syrien sous l’influence de la France, avec certaines limites dues à la question de l’eau. Le mandat britannique sur la Palestine comprenait également 10 mètres à l’est de la ligne du Kinnereth et les eaux du Banias.
Avant 1967, 150 000 personnes vivaient dans le Golan, essentiellement des Druzes, des Circassiens et des Alaouites. Le gouvernement syrien développa le Golan essentiellement pour des besoins militaires.
Entre 1949 et 1967, l’armée syrienne bombardait souvent les localités israéliennes de Galilée et les bateaux de pêcheurs sur le lac de Kinnereth. Ces attaques ont fait 140 morts civils et des centaines de blessés, ainsi que des dommages matériels. En outre, au début des années 50, les Syriens ont pris illégalement le contrôle de territoires israéliens au-delà de la frontière internationale, dans la région de Hamat Gader et le long de la rive orientale de la Kinnereth. Cette occupation syrienne forma une nouvelle ligne entre les deux pays, appelée maintenant « lignes du 4 juin 1967″, pour la différencier de la frontière internationale fixée à l’époque du mandat britannique.
Pendant la Guerre des Six Jours, les Syriens bombardèrent les communautés de la Vallée de la Houla et de Rosh Pina. Leurs tanks essayèrent même d’avancer vers le kibboutz Dan. Au départ Israël n’avait pas l’intention de conquérir le Plateau du Golan. Mais dans les derniers jours de la guerre, une délégation de résidents des localités du nord a rappelé au gouvernement les attaques incessantes menées par les Syriens à partir de cet endroit stratégique. Israël a alors décidé de conquérir le plateau du Golan pour mettre un terme aux bombardements sur les communautés de la Vallée de la Houla.
Israël imposa une administration militaire aux 1 250 m² conquis pendant la Guerre des Six Jours. Quelque 128 000 citoyens syriens étaient installés dans la région. Après la victoire israélienne, entre 115 000 et 122 000 d’entre eux ont quitté le plateau du Golan et sont retournés vivre en territoire syrien.
Les premières localités juives du 20e siècles ont été fondées par idéologie et pour répondre aux besoins sécuritaires de l’Etat d’Israël par divers mouvements, dont le Kibboutz national, le Shomer HaTsair et le mouvement des mochavim religieux. La première communauté, Méron Golan a été fondée le 14 juin 1967.
Au cours de la guerre de Kippour, l’armée syrienne n’a pas réussi à reconquérir le Golan, malgré ses efforts. A la fin de la guerre, Tsahal a même réussi à avancer jusqu’à 40 km de Damas. En 1974, un accord de cessez-le-feu a été signé entre Israël et la Syrie, dans le cadre duquel Israël s’est retiré des nouveaux territoires conquis pendant la guerre et de 60 km² qui étaient entre ses mains depuis 1967. Ce secteur devint une région tampon contrôlée par l’Onu entre les deux pays.
En 1976, sous le premier gouvernement d’Itshak Rabin, fut créée la ville de Katsrin à proximité d’un ancien village juif de l’époque du Second Temple.
Le 14 décembre 1981, le gouvernement approuva la « loi du plateau du Golan », qui annulait l’administration militaire et imposait la loi israélienne dans le Golan, en faisant une région à part entière de l’Etat d’Israël. Les résidents druzes et circassiens reçurent le droit de devenir citoyens israéliens s’ils le désiraient. Ceux qui refusèrent reçurent un statut de résidents israéliens permanents. L’annexion du Golan par Israël n’est pas reconnue par la communauté internationale et le Conseil de sécurité de l’Onu a adopté une résolution appelant Israël à l’annuler, sans toutefois lui imposer de sanctions.
Notons que cette position ne fait pas l’unanimité, de nombreux chercheurs en droit international affirment qu’Israël détient le Golan de façon tout à fait légale, puisqu’elle l’a acquis à la suite de l’agression syrienne au début de la Guerre des Six Jours et parce que le Golan était sous souveraineté israélienne deux fois plus longtemps que sous souveraineté syrienne.
Depuis 1967, quelque 33 localités israéliennes ont été fondées sur le plateau du Golan, dont des communautés à tendance laïque ou religieuse, des kibboutzim, des mochavim et la ville de Katsrin.
Au sein de la classe politique israélienne, les avis sont partagés au sujet du Golan. Lorsque fut adoptée la loi du Golan, le Premier ministre de l’époque Ménahem Béguin affirma que la loi n’empêcherait pas la tenue de négociations de paix avec la Syrie. Le premier chef du gouvernement israélien à parler clairement de la possibilité d’un retrait du plateau du Golan fut Itshak Rabin en 1994. Shimon Pérès s’entretint en secret avec les Syriens en partant des mêmes bases que Rabin. Quant à Netanyahou (lors de son 1er mandat), il aurait réussi à obtenir l’accord des Syriens de garder le Hermon. Ehoud Barak pour sa part était prêt à se retirer jusqu’à la frontière internationale. En 2008, Ehoud Olmert entreprit des négociations indirectes avec la Syrie. D’après les Syriens, Olmert aurait accepté un retrait jusqu’à la frontière du 4 juin. En mai 2009, le Premier ministre Binyamin Netanyahou a affirmé qu’Israël « ne se retirerait pas du plateau du Golan. »
Les sondages réalisés ces dernières années par la presse israélienne montrent que près de 70 % de la population s’oppose à un retrait du Golan.
Quelques données :
En mai 2008, 40 000 personnes vivaient dans le Golan, environ 18 500 Druzes, 2 700 Alaouites et environ 19 000 Juifs.
Depuis 1981, les Druzes du Golan ont le droit de recevoir la nationalité israélienne, mais en 2006, ils n’étaient que 677 de plus de 18 ans à avoir usé de ce droit. Les autres sont des résidents permanents.
Le plateau du Golan compte sept conseils régionaux : quatre druzes, un alaouite et deux juifs. Le conseil de Katsrin compte 7 000 habitants (dont un tiers d’immigrants de la CEI). Le conseil régional du Golan regroupe 32 localités juives, dans lesquelles vivent environ 12 000 personnes.
Le Golan compte plusieurs zones industrielles, de nombreuses chambres d’hôtel ou chalets, des vergers de pommes, des sources d’eau minérale, des vignobles et maintes attractions touristiques. Le Hermon présente la seule station de ski du pays, tenue par le mochav Névé Ativ. La rive orientale du Kinnereth fait également partie du conseil régional du Golan et on y trouve diverses attractions. Le Golan compte également plusieurs réserves naturelles, dont les réserves de Yéhoudia, Nahal Zavitan, Breikhat HaMéshoushim, Gamla, la forêt Odem, Banias, Tel Dan, etc. En 2007, le centre de tourisme Kessem HaGolan (la magie du Golan) a ouvert ses portes près de Katsrin. Il s’agit du centre commercial et touristique du Golan. Les sites ne manquent pas et nous les découvriront au cours de la série d’articles qui suivront cette présentation générale du plateau du Golan.
L’économie du Golan est également fondée sur l’industrie et l’agriculture. Les revenus du Golan (1,6 milliards de shekels par an) sont divisés de la façon suivante : industrie – 700 millions de shekels, agriculture – 500 millions, commerce – 180 millions, tourisme – 150 millions et services – 80 millions.
700 entreprises agricoles emploient 1 100 salariés, 24 entreprises industrielles emploient 860 salariés, 207 entreprises touristiques emploient 720 salariés, 180 commerces et services emploient 600 salariés. Le secteur public et l’éducation emploient 1 820 salaries. En tout, ce sont environ 1 100 entreprises qui fournissent du travaillent à quelque 5 000 salariés.
Les raisins à vin du Golan (7 500 tonnes) fournissent 21 % de la consommation israélienne. Le maïs (20 000 tonnes) – 23 %. Le lait (66 millions de litres) – 6 %. La laine (10 000 tonnes) – 41 %. Les pommes (30 000 tonnes) – 30 %. Les cerises (600 tonnes) – 50 %. Les pommes de terre (7 000 tonnes) – 32 %. Les œufs (3 000 tonnes) – 28 %.
Il y a trois zones industrielles : la plus grande se trouve à Katsrin (1 400 dunams), la 2eà Bnei Yéhouda (350 dunams) et la 3e est une « serre technologique ». 50 % de l’eau minérale d’Israël est produite dans le Golan.
A suivre…
[Mardi 07/14/2009 19:32]