Je n'ai même pas mis sa photo, Berk !!
Bonne réussite en tous cas à Madame Irina Bukova
Il y a parfois de bonnes surprises. Le candidat égyptien au poste de Directeur de l’UNESCO, Farouk Hosni a finalement été battu alors qu’il faisait figure de favori pour remplacer le japonais Koïchiro Matzuura. C’est la bulgare Irina Bukova qui a été élue après 5 tours et un suspense à couper le souffle. Durant les trois premiers tours, c’est l’égyptien qui tenait la corde face à ses concurrents, mais sans toutefois obtenir les 30 voix nécessaires à l’élection. Après le 4e tour, les deux candidats étaient encore à ex-aequo, avec 29 voix chacun, et lors du 5e et dernier tour, c’est finalement la candidate bulgare qui a obtenu 31 voix contre 27 à Hosni, qui était persuadé de sa victoire.
C’est la première fois qu’un représentant de l’Europe de l’Est est nommé à ce poste, mais plus que la victoire de cette ancienne édile de l’ère communiste, c’est surtout la défaite du très controversé Farouk Hosni qui fait la une de l’actualité. Cette défaite est aussi celle du président égyptien Hosni Moubarak, qui a été depuis deux ans à la tête d’une campagne très active en faveur de son ministre de la Culture, en obtenant des soutiens à l’étranger, notamment celle de la France. Moubarak avait même demandé au Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou, lors de sa visite au Caire d’il y deux semaines, « de cesser de faire campagne auprès des pays amis d’Israël contre la candidature de Farouk Hosni ».
Hosni fait partie de l’élite égyptienne et se trouve à la pointe du combat contre la normalisation des relations avec Israël. Durant ses 22 années au ministère de la Culture, il a systématiquement refusé de se rendre en Israël – tout comme le Président Moubarak d’ailleurs – et il y aune année, il avait créé le scandale en déclarant « que s’il voyait des livres en hébreu à la Bibliothèque d’Alexandrie, il se ferait une point d’honneur à les brûler lui-même ». Curieuse attitude d’un ministre de la Culture, de surcroît candidat à l’UNESCO, qui est l’organe culturel, scientifique et éducationnel de l’ONU. Il s’en était excusé récemment, mais personne n’a cru à la sincérité de ses propos, destinés à calmer l’opposition croissante à sa candidature.
En Israël, on se dit satisfait du résultat, et le Directeur du Service de Communication au ministère des Affaires Etrangères, Yossi Lévy, s’est empressé de féliciter la nouvelle directrice, se disant certain « que la coopération entre Israël et l’UNESCO va s’en trouver renforcée et enrichie ». En France, le philosophe Bernard Henri Lévy, qui avait bataillé contre la candidature de Hosni, s’est dit heureux « que la morale l’a cette fois emporté sur les calculs politiques », et a réitéré ses critiques envers les pays, dont la France, qui ont exercé des pressions sur d’autres pays en faveur de candidature égyptienne ». Le Prix Nobel de la Paix Elie Wiesel a estimé que l’Unesco avait échappé à un « désastre » en écartant Farouk Hosni, le ministre égyptien, ayant selon lui un « passé lourd » lié notamment à la prise d’otages de l’Achille Lauro en 1985. En effet, de son propre aveu, Hosni aurait, après l’aboutissement des négociations avec l’Italie, accueilli les terroristes et assassins palestiniens dans le sanctuaire diplomatique de l’Académie d’art égyptien à Rome qu’il présidait à l’époque. Il aurait donc empêché que la justice italienne puisse avoir accès à eux pour les interroger, et il aurait organisé enfin leur exfiltration vers l’Egypte où ils allaient pouvoir échapper à la justice italienne et internationale. Pour Wiesel, « Hosni n’était même pas digne d’être candidat à ce poste »
En Egypte, c’est bien entendu la déception mêlée de colère, car on se dit certain que ce sont les pressions des organisations juives, des Etats-Unis et de certains pays européens qui sont à l’origine de la défaite inattendue du ministre de la Culture.