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12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 04:46

 

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NOTE D'ACTUALITÉ N°212 
AL-QAIDA SE RESTRUCTURE EN RAISON DES REVERS IRAKIENS
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Alain Rodier
10-05-2010

Le 11 mars 2010, Manaf Abdoul Rahim al-Rawi, le "gouverneur de Bagdad" désigné par "l'Etat Islamique d'Irak est arrêté dans le cadre d'une vaste opération baptisée le « bond du lion » destinée à éradiquer la présence d'Al-Qaida sur le sol irakien. Lors de cette interpellation, des ordinateurs sont saisis. L'étude de leur contenu permet de constater que le noyau dur d'Al-Qaida est toujours en relation avec les insurgés sunnites irakiens. La nébuleuse communique par messagers, les moyens téléphoniques et internet ayant été abandonnés depuis longtemps car jugés trop peu sûrs. Les renseignements recueillis permettent également de localiser des caches importantes. La surveillance discrète de ces dernières va porter ses fruits.

Le 18 avril 2010, les deux principaux leaders d'Al-Qaida en Irak sont repérés dans une ferme isolée dans la région du lac Thar Thar près de Tikrit, le fief de Saddam Husseîn. Il s'agit de Hamid Dawoud Mohammed Kalil al-Zawi (alias Abou Omar al Bagdaddi [1]), ancien général de la police, président de "l'Etat islamique d'Irak [2] " et du responsable opérationnel d'Al-Qaida dans le pays ; et de l'Egyptien Abou Ayyoub al-Masri, alias Abou Hamza al-Muhajir. La ferme est encerclée et les activistes sont invités à se rendre. Après d'âpres négociations, les femmes et les enfants sont autorisés à sortir de la ferme. Les deux responsables choisissent pour leur part de se faire tuer plutôt que de se rendre.

Le lendemain, l'Egyptien Ahmad Ali Abbas Dahir al-Ubayd (alias Abou Suhaib), le chef militaire d'Al-Qaida pour les provinces nord irakiennes de Ninevah, Salah ad Dinn et Ta'min (Kirkouk) est mis hors d'état de nuire près de Mossoul. Il avait été désigné par le Ayaman Al-Zawahiri pour remplacer Abou Moussab al-Zarqaoui tué par les forces américaines à Baqouba en juin 2006. En effet, les deux hommes se connaissaient bien car, à l'origine, ils appartenaient au Djihad islamique égyptien.

Le 3 mai, c'est au tour d'Abou Abdullah al Shafi, le chef opérationnel d' Ansar al Sunnah(anciennement connu sous le nom d' Ansar al Islam ) d'être arrêté à Bagdad. Cet Irakien a connu Ben Laden dans les camps d'entraînement qu'il a fréquenté en Afghanistan. Cependant, il a toujours refusé de rejoindre les internationalistes combattant en Irak considérant que la « résistance » doit être menée par des Irakiens de souche.

Al-Qaida en Irak n'a pas dit son dernier mot

Comme cela était prévisible, les activistes d'Al-Qaida en Irak ont mené des opérations de représailles de manière à démontrer que leur capacité opérationnelle n'était pas entamée.

Ainsi, le 23 avril à Bagdad, des attentats coordonnés ont fait plus de 58 morts et 118 blessés parmi la population chiite. Même la représentation diplomatique iranienne figurait parmi les cibles visées.

En effet, Al-Qaida en Irak, et plus généralement les insurgés sunnites, constituent des organisations qui sont loin d'être battues. Même si les effectifs d'Al-Qaida en Irak ont sensiblement décru ces dernières années - passant d'une dizaine de milliers d'activistes en 2007 à « quelques milliers » en 2010 selon le commandement américain - elle reste encore très redoutable. Encadrés par des anciens membres du gouvernement de "l'Etat islamique d'Irak" dont son ancien Premier ministre, Abou Abdoul Rahman al-Falahi, et son ministre de la Sécurité, Abou Abdoul Jabar al-Janabi, les combattants internationalistes d'Al-Qaida s'appuient sur des Irakiens sunnites qui ne tolèrent pas que les chiites accèdent à tous les pouvoirs. Ces insurgés sont surtout présents dans les zones sunnites de Bagdad et de ses environs, dans les provinces d'Anbar, de Diyala et de Ninevah. C'est pour cette raison que les populations chiites irakiennes constituent leur cible privilégiée.

Cependant, depuis quelques temps, les institutions politiques, les représentations étrangères et les Comités du réveil ( Sahwa ), qui sont composés de clans sunnites qui se sont retournés contre Al-Qaida, sont également directement pris à partie. En outre, le départ programmé à l'été de 45 000 militaires américains devrait raviver un peu plus la combativité des rebelles sunnites appuyés par Al-Qaida. 

Des combattants d'Al-Qaida en Irak rejoignent d'autres terres de Djihad

Toutefois, il semble qu'il y ait une évolution chez les combattants étrangers qui jugent que leurs services seraient plus utiles ailleurs. Une partie d'entre eux tente désormais de rejoindre le Yémen et la Somalie qui semblent être des terres de Djihad plus accueillantes que l'Irak.

Yémen

Le Yémen est désormais une "zone grise". En effet, 44% de la population y a moins de 15 ans. Cette jeunesse déshéritée constitue un important vivier de combattants pour Al-Qaida dans la Péninsule arabique dirigée par Nasir al-Wuhayshi [3], un ancien secrétaire de Ben Laden.

Déjà, des actions ont eu lieu à l'intérieur du pays comme la tentative d'attentat à Sanaa dirigée, le 25 avril 2010, contre Tim Torlot, l'ambassadeur britannique. Le diplomate n'a dû son salut qu'à la qualité de sa voiture blindée qui a bien résisté à l'explosion de la charge portée par un kamikaze.

L'insurrection séparatiste du Sud, les désordres du Nord-Ouest ajoutés à la corruption de nombre d'hommes politiques et de fonctionnaires font du Yémen un pays qui est peu contrôlé par le régime du président Ali Abdullah Saleh. Déjà, il sert de base arrière pour des terroristes qui souhaitent agir à l'étranger comme cela a été le cas pour le Nigérian Omar Farouk Abdulmutallab. Ce dernier a été appréhendé le 25 décembre 2009 à Détroit après avoir vainement tenté de faire exploser le vol 253 de la Northwest Airlines en provenance d'Amsterdam. Un mystère demeure en ce qui concerne la tuerie de novembre 2009 survenue à Fort Hood au Texas. Le tueur, le majorpsychiatre de l'armée américaine, Nidal Malik Hassan, aurait correspondu par le net avec le prédicateur Anwar Al-Awlaki aujourd'hui réfugié au Yémen. Or, il semble qu'Omar Farouk Abdulmutallab, connaissait également ce prédicateur américain d'origine yéménite !

La menace navale d'Al-Qaida

Le Yémen qui a été le théâtre de deux attaques navales dans le passé ( USS Cole en 2000 et Limburg en 2002) pourrait connaître d'autres opérations du même type dans l'avenir. En effet, leMajlis al-Choura (conseil consultatif, l'organe dirigeant d'Al-Qaida) aurait donné pour instruction de s'en prendre aux détroits par où transite le commerce maritime international. A ce titre, même l'Extrême-Orient ne serait pas à l'abri. Le mouvement indonésien Jemmah Islamiyah (JI) dont le leader spirituel, Abou Bakar Bashir, a fait allégeance à Oussama Ben Laden, serait chargé de mener des attaques dans le fameux détroit de Malacca qui connaît un calme relatif depuis plusieurs années consécutives.

La Somalie devient une pièce maîtresse dans la stratégie d'Al-Qaida

C'est également vrai pour la Somalie où l'agglomération côtière d'Harardhere, un haut lieu de la piraterie conduite depuis ce pays, est tombée dans les mains de groupes islamiques radicaux début mai 2010. Les pirates somaliens qui n'ont pas opposé de résistance ont évacué les navires et les équipages pris en otage afin que les miliciens islamiques ne s'en emparent pas. Toutefois, les islamistes affirment vouloir interdire la piraterie en appliquant la charia.

Enfin et surtout, la direction d'Al-Qaida au Yémen aurait mené des reconnaissances dans certaines zones somaliennes pour voir s'il était possible d'y installer une base arrière sûre pour le mouvement. Le représentant d'Al-Qaida dans la région, le Comoro-Kenyan Fazul Abdullah Mohammed va certainement se voir confier un rôle plus important dans l'avenir à moins qu'il ne soit neutralisé auparavant...

 

 

*

 

 

Quoiqu'en disent certains observateurs optimistes, la nébuleuse Al-Qaida n'est pas morte mais en pleine mutation ! La direction centrale (le Majlis al-Choura ) semble toujours être implantée dans les zones tribales pakistanaises où elle recevrait l'appui des taliban locaux. En dehors de ses chefs historiques Oussama Ben Laden et Ayman al-Zawahiri, qui sont à priori toujours en vie, le Libyen Abou Hamza al-Libi, qui est le porte-parole du mouvement, semble avoir le vent en poupe. En cas de disparition de Ben Laden, il constitue un candidat à sa succession très sérieux.

Il est aussi possible que certains responsables soient confortablement installés dans les mégapoles du Pakistan qui sont incontrôlées par le pouvoir en place.

Des combattants d'Al-Qaida sont toujours présents en Irak, en Afghanistan et au Yémen où ils apportent leur soutien aux insurgés autochtones. Des renseignements non confirmés font état de l'infiltration en Inde d'une centaine d'activistes dépendant plus ou moins directement d'Al-Qaida. Leur but serait de s'en prendre aux intérêts occidentaux dans ce pays. Par ailleurs, les mouvements qui ont fait allégeance à Oussama Ben Laden restent particulièrement actifs en Somalie, au Maghreb, en Indonésie et aux Philippines.

Enfin, l'intense activité de propagande menée à partir de l'internet (qui ne peut être effectuée que dans des endroits où des facilités informatiques sont offertes comme dans les grandes villes pakistanaises) conduit des éléments isolés - appelés « loups solitaires » par les Américains - à passer à l'action comme dans le cas de Shahzad Faisal, à New York, le 2 mai 2010.



  • [1] Selon les renseignements américains, Al-Qaida avait inventé de toutes pièces l'existence d'Abou Omar al Bagdaddi afin de bénéficier de la présence d'un Irakien à la tête du mouvement de résistance Sunnite, dans le but de recruter de nouveaux activistes locaux qui appréciaient peu d'être commandés par un étranger. Le stratagème ayant été découvert, Hamid Dawoud Mohammed Kalil al-Zawi aurait endossé le rôle en 2008.
  • [2] Organisme qui regroupe plusieurs entités dont Al-Qaida en Irak ( Fir Bilad al Rafidain , Al-Qaida en Mésopotamie ou au pays des deux rivières) n'est qu'une des composantes.
  • [3] Il aurait pour adjoints deux anciens prisonniers de Guantanamo, Saïd al-Sheri et Mohammad al-Harki, ainsi qu'un ancien compagnon d'évasion de la prison de Sana  (2006), Qasim al-Raymi.
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