En deux jours, trois personnes ont été tuées en Algérie lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. Environ 300 policiers ont également été blessés.
Doté d’importantes richesses naturelles (pétrole, gaz, uranium) et de réserves financières de 155 milliards de dollars (fin décembre 2010 selon la Banque centrale), auxquelles s’ajoutent les 65 milliards de dollars du Fonds de régulation, l’Etat algérien, miné par la corruption, ne parvient pas à résorber le chômage (autour de 10% officiellement, mais près de 30% selon les institutions financières internationales), ni à assurer un avenir meilleur à la jeunesse qui constitue plus de 65% des 35 millions d’habitants. La jeunesse se retrouve ainsi condamnée à fuir clandestinement à bord des barques de la mort vers l’Europe, ou à rejoindre les terroristes. Entre les deux choix, certains optent pour le suicide.
Depuis l’indépendance en 1962, les gouvernements algériens n’ont accordé que très peu d’importance à l’avenir de la population qui a triplé en l’absence des infrastructures nécessaires. Bien au contraire, le pays est tombé en ruine comme le confirment la vétusté des canalisations d’eau potable, le délabrement des routes (certains Algériens rappellent que les bâtiments construits depuis la décolonisation n’ont pas résisté aux tremblements de terre contrairement aux édifices hérités des Français !). Le ministre des Transports vient de reconnaître que 1.100 km de rails ont disparu depuis la décolonisation. Le pays manque drastiquement de logements et les chantiers programmés sont à l’arrêt en raison des pénuries de ciments, de fer à béton, ou tout simplement en raison des détournements des fonds destinés à ces constructions... Le seul point positif enregistré cette dernière décennie est le remboursement anticipé - ou la conversion en investissements - de la dette algérienne due au Club de Paris et au Club de Londres, ainsi qu’auprès de la Russie, permettant l’achat de nouvelles armes. Mais la « fierté algérienne légendaire » ne s’en satisfait pas, les armes ne luttant pas contre la faim.
Face à cette situation, la violence a éclaté cette semaine, et risque de se poursuivre. Les émeutiers dénoncent la vie chère et le manque de perspectives. A Alger, certaines voix s’élèvent pour dénoncer « un complot similaire à celui qui a favorisé les émeutes d’octobre 1988 et qui avait préparé le terrain à l’éviction de l’ancien président Chadli ».
Si les conflits feutrés qui opposent l’armée au président Bouteflika, notamment autour de sa volonté de se maintenir au pouvoir à vie, ou de promouvoir son frère Saïd pour lui succéder, donnent cependant un sens à la théorie du complot. Cependant, le risque est grand que les émeutes et les violences ne profitent davantage aux islamistes d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique qu’aux deux camps au pouvoir.
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