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Yéochoua SULTAN, nous propose une réflexion en deux étapes sur la Société Européenne et l'Israelienne.
Bonne lecture!
Réflexion sur la Société Israelienne
Deuxieme partie
Première partie
Cette perception a été exportée vers Israël. Israël n'est pas un pays de colons européens surgi de nulle part, mais la restauration de l'ancienne souveraineté juive détruite par les Romains, les Chrétiens et les Sarazins. En revanche, il adopte et véhicule des valeurs qui ne lui sont pas intrinsèques. Il est différent de l'Arabie, régime totalitaire et inégalitaire, et c'est la raison pour laquelle on le prend pour un pays européen qui n'aurait pas sa place dans un océan de totalitarisme.
En Europe, beaucoup transposent cette culpabilité et la projette sur Israël, défendant la présence et la manière de diriger de tant de pays où règnent l'obscurantisme et la misère. Or, ces pays que bien des Européens défendent sont la réplique anachronique des régimes les plus sombres de leur propre Moyen-âge, avec une autre religion au niveau de la forme, mais qui prône toujours la mort des «infidèles» en pratiquant largement bastonnades, lapidations et pendaisons chez eux et en menaçant le monde extérieur.
Les Anciens avaient une autre idée de la démocratie. Il ne s'agit pas de l'approuver ou de la condamner, mais de ne pas oublier une autre façon de la concevoir. Les citoyens devaient être distingués des «métèques», qui pouvaient être supérieurs en nombre au peuple dominant (dominus) sans pouvoir en altérer ou en menacer les principes.
Or, en Israël, un million et demi de citoyens sont représentés par des partis arabes hostiles à l'Etat d'Israël dont ils critiquent avec virulence la légitimité. Moins d'un pour cent de cette catégorie de la population vote pour des partis de l'éventail traditionnel politique, avec les partis de droite ou de gauche.
Personne ne se fait d'idées quant à la direction que prendrait l'Etat Juif au cas où ces minorités deviendraient dominantes, au sujet du sort qui serait réservé aux Juifs. Une décision qui devait rendre inéligibles des partis qui se prononcent ouvertement pour la destruction d'Israël a été invalidée par la Cour suprême.
La tolérance d'Israël vis-à-vis de ses minorités hostiles reproduit le danger dont souffrent aujourd'hui les démocraties occidentales, qui, en ce qui les concerne, cachent les véritables chiffres relatifs à la proportion des populations qui en modifient le paysage culturel. Cette situation marche à sens unique.
Jamais il n'y a eu autant de Juifs dans les pays arabes. Avant l'exode massif des populations juives d'Afrique du Nord et d'Orient, on parlait au maximum, tous pays confondus, d'un million de Juifs. Le même phénomène frappe Israël et l'Occident, et de la même façon qu'il est préférable pour un Algérien de vivre en France, les Koweitiens, Jordaniens et autres préfèrent vivre en Israël ou sous l'autonomie, pourvu qu'elle ne soit pas trop autonome. Ils n'aiment pas être indépendants, ils préfèrent vivre sous une autre domination.
Pareillement, des centaines de familles arabes ont opté pour les quartiers juifs de Jérusalem depuis que s'impose cette prépondérance du régime terroriste dont ils dépendent derrière la barrière de sécurité. Au lieu de reconnaître la réalité de l'indépendance qu'ils abhorrent et qui est un cauchemar pour eux, ils se perdent en tergiversations, taxant leurs bienfaiteurs de colons et se sentant tous les droits pour les persécuter.
Là encore, le non-respect des pères est loin d'être négligeable. Que pense le politicien israélien moderne? Il se dit que, il fut un temps, ses lointains ascendants avaient à Jérusalem un Premier et second Temple, mais il renie l'aspiration au Troisième qui, toujours d'après ses pères dont il renie le lien qui les unit à lui, doit être définitif et garant de la paix universelle. Il considère par la même occasion la terre de toutes les générations d'Israël, que certains, en raison des vicissitudes de l'exil, n'ont pu que chérir de loin, comme une vulgaire marchandise négociable: «Allez hop! Les territoires contre la paix».
Il va donc de charybde en scylla, devant des ennemis toujours plus exigeants, une insécurité grandissante et une pression internationale sans précédent. Fermant les yeux sur la charte de l'Organisation de Libération de sa terre, il se rend véritablement aveugle, et impose un ordre nouveau complètement coupé de la réalité.
Il se retourne contre les siens, ceux qui sont restés fidèles à leurs pères et chérissent le sable et les pierres de la sépulture des patriarches et du pays de leur héritage, les accusant de tous les échecs et de tous les maux. S'il se montrait plus modeste, plus pragmatique, il dirait: «Cette terre, avant de m'appartenir, appartient à mes pères, et je n'ai pas le droit d'en disposer pour la remettre à mes ennemis et empêcher mes frères de s'y établir».
En respectant ainsi ses ancêtres et sa descendance, concernée par leur héritage, il s'attirerait le respect des autres nations. Et il ne faut pas s'étonner si, lorsqu'il se renie lui-même, les autres le renient. Au lieu de cela, il adopte et développe les mêmes complexes de culpabilité qui nuisent à son modèle occidental, devenant compréhensif envers les crimes perpétrés contre les siens.
Pourtant, les sages de son peuple sont formels, et ce n'est pas pour rien que le Talmud a retenu le principe suivant: «Si les premières générations étaient semblables à des anges, nous sommes comme des hommes. Si elles étaient des hommes, nous sommes des ânes etc. » (Traité Shabbat, 112b).
Le tort des dirigeants dont le sionisme, sans un profond engagement aux bases bibliques et prophétiques, ne peut à la longue que donner la forme de post-sionisme que seule une prise de conscience et un retour aux sources, à défaut de la haine isolatrice des pays voisins et des E-U, peut réfréner, c'est d'avoir tourné le dos à leur propre culture tout en ayant voulu en préserver la base existentielle, la terre d'Israël, but de la révélation sinaïtique, sans l'essentiel de la relation avec le Créateur.
Leur carte d'identité, ou ce qu'il convient de répondre à leurs détracteurs, doit être complétée: «Cette terre, avant d'être mienne, appartenait et appartient toujours à mes pères, et elle leur a été remise par D. qui n'a jamais cessé d'y maintenant son acte de propriété. »
Car les ennemis le sentent bien, ce don de la terre d'Israël et de la Torah est au-dessus du temps, et il concerne toutes les générations qui défilent et se mettent en mouvement le long de son axe, mais qui sont profondément simultanées, les instants se superposant les uns aux autres pour donner une réalité indéfectible. Et ils sentent ce retour en l'observant de l'extérieur plus facilement qu'une bonne partie de ceux qui le vivent de l'intérieur, comme en témoigne le texte des Psaumes (126): «Quand l'Eternel ramena les captifs de Sion… "D. a réalisé de grandes œuvres pour ce peuple" (parole des autres nations)… "D. a réalisé de grandes œuvres pour nous" (Parole d'Israël) ». En suivant le déroulement du texte, il semble que les nations du monde se rendent compte du rapatriement des exilés avant les exilés eux-mêmes, qui considèrent la naissance d'Israël comme l'œuvre des mains d'humains sans aucune intervention d'en-haut
Et ceux qui rejettent le sens du judaïsme et de son message géopolitique universel, ne se contentent pas de dénigrer des pratiques individuelles rituelles comme la cacherout ou le shabbat. Ils renient par ce biais ce texte qui qualifie Israël d'un peuple clairvoyant et instruit (Deutéronome IV, 6): «Observez-les et pratiquez-les! Ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, car lorsqu'ils auront connaissance de toutes ces lois, ils se diront: "Elle ne peut être que sage et intelligente, cette grande nation"». (Traduction dirigée par le GR Zadok Kahn).
Israël doit se ressaisir, et cesser de se prendre pour un pays comme les autres, les pays éclairés et libres, certes, et refaire sienne la dimension de son retour. Alors seulement, il agira à son tour de façon bénéfique envers les peuples qui ont admis le respect du droit et de la vie d'autrui, et qui n'auront, par répercussion, plus honte de défendre des valeurs qu'ils ont mis des siècles à élaborer au prix d'immenses sacrifices.
La vocation d'Israël, qui, selon la tradition, doit être un phare pour les nations, n'est pas uniquement un phare qui a suscité les valeurs adoptées par l'éthique morale et sociale de l'Occident, et qui serait désormais éteint, mais le phare fer de lance du dévoilement de la vérité d'un monde qui ne s'est pas créé tout seul comme par enchantement. Le respect des pères fondateurs n'est autre que le respect des fondations et des fondements de la civilisation qui, privée de ses garants, pourrait vite ne plus être seulement bousculée mais basculer dans le néant. Et en attendant, on piétine.