Une analyse vu du coté libanais
Barzani demande l'autodétermination du Kurdistan irakien
La demande de Barzani à l’autodétermination du Kurdistan irakien est troublante dans son timing. Non pas que les Kurdes ont le droit à obtenir un état, état d’ailleurs qui aurait dû être créé lors de la signature du traité de Sèvres, le 10 aout 1920 mais cette demande est à souligner, alors que de facto, l’Irak est partitioné depuis l’invasion américaine de 2003 entre populations sunnites arabes, chiites et sunnites kurdes -pour ne pas rappeler le triste sort des chrétiens d’Irak, massacrés par les islamistes de tout bord-.
Cependant, le timing de cette demande est assez intéressante à examiner. Une dépêche de Wikileaks, insistait sur les bons rapports entre Israéliens et kurdes. On sait d’ailleurs depuis fort longtemps que des agents du Mossad intervenaient régulièrement dans le Nord de l’Irak, déjà du temps de Saddam Hussein.
Ces déclarations visant instituer un Kurdistan pourraient venir avant tout à l’instigation des autorités israéliennes et pourraient viser à créer un état « tampon » entre d’un coté la Turquie ou le retour en force d’une certaine idée d’influence ottomane, la Turquie qui a opéré un retour d’influence magistrale dans le monde arabe à l’occasion de l’opération militaire israélienne visant un convoi de bateaux humanitaires à destination de la bande occupée de Gaza, et après ses espoirs à maintes fois déçus -fort heureusement- d’une intégration européenne, la Syrie, l’Iran qui verrait alors à ses portes à nouvel ennemi pro-israélien et l’Irak qui ne constituerait alors plus aucun danger puis qu’inexistant.
On avait évoqué dans certaines sphères diplomatiques, la reconstitution du Pacte de Bagdadcette fois-ci sans les américains dont les troupes quitteront prochainement l’Irak et sans la menace de l’Union Soviétique aujourd’hui défunte. Il s’agit tout simplement de la création d’un 3ème bloc régional, face au bloc russo-européen qui se développe actuellement, à la Chine. Bloc en compétition avec la zone d’influence sunnite co-dirigé par l’Arabie Saoudite et l’Egypte, plus ou moins proche et alliés de circonstances d’Israël, rapprochés en fait par l’antagonisme sunnite face au chiisme représenté actuellement par l’Iran. Téhéran l’a d’ailleurs bien compris en se rapprochant d’Ankara notamment lors des négociations sur la question nucléaire.
Face à la constitution de ce nouveau bloc, Kurdes qui ont toujours rêvé d’une indépendance dans leur zone séparée par les frontières turques, iraniennes, irakiennes et syriennes mais qui n’ont joui en réalité que d’une certaine autonomie en Irak du temps de Saddam Hussein, se sont alliés avec le Mossad, trop content de retrouver ici « une mouche du coche » pouvant nuire à ses ennemis qui comme par hasard sont les mêmes qui se sont divisés le Kurdistan, ont donc trouvé dans Barzani le cheval de Troie parfait, les relations entre Barzani et les services secrets israéliens étant assez anciennes, on peut notamment citer l’aide israélienne dans la création du PDK dès la fin des années 50.
Espérons toutefois que les kurdes comprennent qu’ils rentrent dans un jeu qui les dépasse amplement, la Turquie qui n’a déjà pas hésité par le passé à intervenir directement en Irak, ne se laissera pas faire. Les kurdes pourraient alors connaitre le même sort que les chrétiens du Liban, abandonnés par leurs anciens alliés israéliens dès 1982, vendus et occupés par la Syrie.
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