[Islamisation] :
Bernard-Henri Lévy se perd dans les eaux souillées du politiquement correct !
Dans un éditorial daté du 23.12.10 paru dans Le Point, Bernard-Henri Lévy, à l’image de ceux qui ne côtoient que les ambiances chaudes et feutrées des cercles d’intellectuels en mal de reconnaissance de Saint Germain-des-Prés qui n’ont jamais, une seule fois de leur vie, éprouvé la peur au ventre du jeune professeur à l’idée de traverser certains couloirs de la cité des Quatre Mille à la Courneuve ou des habitants qui craignent de longer certaines rues d’Aubervilliers, a voulu, en cette veille de fêtes de Noël, faire un coup d’éclat. Histoire de faire parler de lui : depuis l’Affaire Sakineh qu’indépendamment de Bernard-Henri Lévy, le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni portaient avec panache à bout de bras, l’opinion publique n’entend plus parler de Bernard-Henri Lévy. De quoi faire bondir de son havre de paix mondain notre chevalier blanc de la bien-pensance. Que dis-je ? Le chantre du discours politiquement correct qui vous claironnera au visage jusqu’à vous en faire exploser les tympans – quelquefois que l’on soit top con pour ne pas comprendre du premier coup la philosophie de Bernard-Henri ! – qu’on "peut n’avoir avec le Coran aucune affinité particulière, et être pourtant sensible à la grandeur, la douceur et l’honneur de l’islam."
Comment se peut-il que l’on puisse "être sensible à la grandeur, la douceur et l’honneur de l’islam" si, au départ, on ne ressent "aucune affinité particulière" avec le Coran ? Sans doute ne serions-nous pas si nombreux que cela à être suffisamment intelligents pour saisir à la vitesse de la lumière toutes les subtilités du langage, comme nul ne l’ignore, très élaboré de cette caste que l’on appelle "l’élite parisienne".
En revanche, nous sommes assurément très nombreux à honnir viscéralement autant tous ces mondains et leurs mondanités qui traitent plus bas que terre cette France qui crève à petit feu sous le joug de cette autre France, cette dernière très minoritaire en nombre mais au pouvoir pourtant si écrasant pour imposer depuis trente ans le diktat de sa pensée méprisante à l’adresse de ce peuple de France qu’un Sollers qualifiait, en 1999, de "France moisie", la désignant comme la France qui n’aimait pas, paraît-il, "pêle-mêle les Allemands, les Anglais, les Juifs, les Arabes, les étrangers en général, l’art moderne, les intellectuels coupeurs de cheveux en quatre, les femmes trop indépendantes ou qui pensent, les ouvriers non encadrés, et finalement, la liberté sous toutes ses formes." A cette analyse, notre cher Bernard-Henri Lévy qui ne doute jamais de rien et surtout pas de lui, rétorquera dans une interview de Marianne, en février 1999 : « … Il appelle "France moisie" ce que j’appelais, il y a presque vingt ans, "idéologie française". Alors "gauche républicaine", dites-vous ? ….. Une prétendue gauche, une très vieille droite, ce sont l’avers et l’envers de la même médaille, ce sont les deux ailes de la même réalité : ce que j’appelais, encore une fois, l’"idéologie française". C’est un corps idéologique qui a une main droite et une main gauche ; c’est Maurras et Esprit ; c’est Mégret et Chevènement. »
On peut tout à la fois n’être pas un inconditionnel de Chevènement et détester Mégret et, dans le même temps, condamner ce genre de discours désespérément réducteur sur la France de 1999. Pourquoi ? Parce que ce sont les mêmes discours qui clouent au pilori la France de 2010, cette France qui, dans l’esprit de ceux qui la montrent du doigt, est désormais "ultra-moisie" puisqu’elle serait composée, à entendre Bernard-Henri Lévy, d’un "groupuscule néonazi … qui s’est allié, pour l’occasion, à un quarteron d’anciens trotskistes rassemblés sous la bannière du site Internet Riposte Laïque."
Pour que chacun comprenne bien la situation, je rappelle que je n’étais pas présente, pour raisons de santé, aux Assises de l’islamisation de l’Europe organisées le 18.12.10 à Paris. Ce qui ne m’a pas découragée d’écouter les discours de certains de ses intervenants, en direct, par vidéo interposée d’une part. D’autre part, je n’ai pas "le crâne rasé" du tout et pour clore le tout, je n’ai jamais appartenu à aucun mouvement d’extrême droite ou d’extrême gauche. Les extrêmes m’ont toujours donné envie de vomir, hier comme aujourd’hui.
En conséquence, Bernard-Henri Lévy ferait mieux de se renseigner rigoureusement avant d’assimiler tous les participants présents aux Assises contre l’islamisation ou ceux qui les ont suivies à distance à des "extrémistes" infréquentables, avant de se lancer dans un réquisitoire plus proche de la diffamation digne d’un recours au pénal que de l’argumentation sérieuse qu’implique un débat contradictoire à la hauteur d’une république digne de ce nom.
J’encourage, au demeurant, Bernard-Henri Lévy à écouter l’excellente intervention d’Anne Zelensky qui résumait quarante des luttes non pas trotskistes mais féministes. Sur ce point, je m’interroge d’ailleurs encore aujourd’hui de savoir pourquoi Bernard-Henri Lévy n’a-t-il pas pris la peine, dans son éditorial du 23.12.10, de se référer aux discours des féministes, certes peu nombreuses mais pour autant bien présentes, qui sont intervenues à la tribune des Assises contre l’islamisation de l’Europe, ce 18.12.10. Bernard-Henri Lévy ne prétendait-il pas appartenir à la catégorie de ceux qui défendent les droits des femmes en France, en Europe et …. et oui, tant qu’à faire, autant être conquérant à l’envi, dans le monde ?
Car au fond, Monsieur Lévy, quel était pour vous l’intérêt de rappeler d’emblée dans l’introduction de votre éditorial du 13.12.10, que vous annonciez, depuis quelques semaines, que "Marine Le Pen … était plus redoutable encore que son père" ? Il n’est pas nécessaire, Bernard-Henri Lévy, d’être agrégé de philosophie pour l’avoir compris et écrit sans avoir eu, pour cela, besoin de recourir à vos si précieuses analyses. Nous sommes, en effet, bien plus nombreux qu’il n’y paraît à être légitimement préoccupés par la progression du Front National dans notre pays et personne n’a besoin d’avoir pour directeur de conscience Bernard-Henri Lévy en la matière, ni Bonapartine ni le Blog Lessakele ni aucun de tous ceux qui ne sont nullement dupes des manœuvres de déstabilisation menées par le Front National auprès de millions de Français.
Le mensuel israélien Météor a, par ailleurs, publié en septembre 2010 une synthèse du très long article que j’avais écrit, précédemment paru sur le Journal Riposte Laïque le 09.08.10 et dans les deux cas intitulé "Toute la classe politique concourt à la progression préoccupante du Front National". Récemment encore, dans une interview proposée par Gérard Brazon et publiée sur son blog le 21.12.10, puis reprise par le Blog Lessakele, je m’exprimais en ces termes au sujet de Marine Le Pen :
"Par ailleurs, quand je dis que l’implantation durable et en voie d’expansion affirmée des discours de Marine Le Pen est, à mon avis, inquiétante pour l’avenir de notre nation, je tiens à préciser que, contrairement aux discours tous plus lénifiants les uns que les autres que chacun de nous peut lire ou entendre ici ou là, je ne considère pas que Madame Le Pen soit politiquement dangereuse parce qu’elle est "la fille de" Jean-Marie Le Pen. Je ne porte, en aucun cas, un jugement de valeur sur sa personne. Non, ce que je veux précisément dire, c’est que la démarche politique et les discours de Madame Le Pen représentent un danger pour la France, non pas parce qu’elle est la fille de Jean-Marie Le Pen mais parce qu’elle est, en réalité, beaucoup plus intelligente que son père. Ce qui est très différent. Je me situe donc uniquement sur le terrain de l’appréciation à caractère politique et en aucun cas sur celui qui consiste à la considérer comme "la fille de son père".
De mon strict point de vue, Marine Le Pen est, en effet et de toute évidence, une fine stratège politique, là ou son père ne cessait de se vautrer dans une succession de dérapages verbaux tous plus inadmissibles les uns que les autres. Et quand Marine Le Pen commet un dérapage, en réalité, l’on voit bien qu’il a été suffisamment prémédité et pensé pour mobiliser et ridiculiser au moins un week-end entier toute la classe politique française et presque l’intégralité des médias français. Mais plus sournois encore et donc plus inquiétant, personne ne souligne jamais combien Marine Le Pen excelle dans l’art de la manipulation des opinions publiques et c’est en cela que son ascension politique doit être surveillée de près !"
Ce qui est, du reste, condamnable dans la posture intellectuelle de Bernard-Henri Lévy, c’est qu’il ne se positionne que dans la stigmatisation permanente de cette France, sans doute moisie à ses yeux, qui était là, assise ou debout, faute de places assises disponibles, tant ces Assises contre l’islamisation de l’Europe ont attiré de monde à l’Espace Charenton ce 18.12.10.
Il y a aujourd’hui cinq millions de Français qui votent pour le Front National. Et sur ce point, quoi qu’en pense Bernard-Henri Lévy, il n’est pas le seul, en France, à qui ce constat ne plaît pas du tout. Mais voyez-vous, la différence entre Bernard-Henri Lévy et les républicains de ce pays qui ne sont, bien souvent, ni d’extrême gauche ni d’extrême droite, contrairement aux raccourcis de la pensée unique qui sont les siens, nous écoutons cette France négligemment dite "d’en bas" qui vit parfois dans une très grande détresse psychologique et matérielle, nous expliquer pourquoi elle ne se reconnaît plus dans les partis politiques traditionnels de droite et de gauche. Ne la jugez pas hâtivement, cette France là, Monsieur Lévy car, à force de s’éloigner de tout, elle va finir par prendre le pouvoir en votant massivement pour le Front National – c’est la crainte qui devrait nous réunir et pas nous diviser avec Monsieur Lévy -, et ce jour-là, ce sont ces mêmes républicains de gauche, du centre ou de droite, qui ne manqueront pas d’être là pour vous reprocher de ne pas avoir été attentif quand il en était encore temps aux causes des maux que nous décrivent ceux des participants, qu’on les apprécie ou pas, présents aux Assises du 18.12.10.
Mais sans doute plus grave encore sont les confusions délibérées et le mélange des genres auxquels vous sous livrez qui, disons-le, ne sont pas dignes d’un intellectuel de votre rang, Bernard-Henri Lévy.
Ainsi, je relève, une fois de plus, cette anomalie dans votre raisonnement, à l’image du reste de celle que l’on retrouve aujourd’hui chez nombre de féministes, d’intellectuels, de politiques, et qui consiste à dénoncer chez les autres les constats néanmoins identiques que vous aviez préalablement observés. C’est là tout simplement une insulte à vos propres engagements passés et à venir, Monsieur Lévy. A tire d’exemple, vous oubliez, en effet, que vous n’avez pas le monopole du combat mené en faveur des droits des femmes, de l’égalité hommes-femmes, pas plus que celui de la condamnation de tous les fascismes. Vous n’aviez que vingt ans quand Anne Zelensky était déjà engagée, bien avant vous, dans le passionnant mais douloureux combat féministe, notamment quand il a fallu affronter la vindicte d’une France, il faut bien le reconnaître, à l’époque majoritairement opposée à la reconnaissance du droit à un avortement libre et gratuit alors que des milliers de femmes conservaient des séquelles indélébiles d’avortement pratiqués dans des conditions dignes des régimes les plus totalitaires, voire en mouraient.
Vous n’aviez que vingt-deux ans, Monsieur Lévy, quand les militantes féministes, Anne Zelensky en tête, ont été empêchées de déposer leur gerbe, place de l’Etoile, pour dire "Il y a plus inconnu que le Soldat inconnu : c’est la femme." Elles n’ont pas attendu après vous, toutes ces femmes, Monsieur Lévy, pour défendre les causes dont vous semblez aujourd’hui vous accaparer l’exclusivité !
Elles n’ont pas non plus attendu après vous, les héritières de Simone de Beauvoir, Monsieur Lévy, pour décerner, en 2008, le premier prix Beauvoir à Ayaan Hirsi Ali et Taslima Nasreen. Ces femmes condamnent l’islam et pas exclusivement l’islam radical, autant et dans des termes proches, parfois mêmes identiques, que ne l’ont fait, le 18.12.10, plusieurs intervenants montés à la tribune de l’Espace Charenton.
Pourquoi donc ne vous entend-t-on pas, Monsieur Lévy, nuancer votre propos en reconnaissant et en assumant publiquement les dérives d’une religion que vous aviez-vous-même notées en votre temps ? Par ailleurs, où étiez -vous, Monsieur Lévy, quand le Parti socialiste a refusé de voter la loi interdisant le port de la burqa dans l’espace public ?
Vous avez parfaitement le droit de ne pas partager les opinions du Bloc Identitaire ou des trotskistes, ce qui est également mon cas. A l’inverse, vous commettez une lourde erreur d’appréciation en refusant d’entendre les maux, non pas des mille personnes et plus venues à Paris ce 18.12.10, mais en réalité des millions de personnes qui expriment, en 2010, un mal être, un mal de vivre, une peur de vivre en France, sans vous interroger en votre âme et conscience en des termes qui pourraient être ceux-ci : « Pourquoi les opinions de millions de Français se radicalisent de la sorte au pays des Lumières ? De quoi souffre la France ? » Se poser la question, c’est déjà commencer à y répondre. Réfléchissez-y.
Bonapartine.