Quelques signes semblent indiquer que l’Administration américaine a compris « qu’elle était allé trop loin » dans son attitude ouvertement hostile au gouvernement Netanyahou et qu’elle avait décidé de rectifier le tir.
Parmi les initiatives symptomatiques, la rencontre du 13 mai, entre des membres « bien choisis » du « staff » de la Maison-Blanche – parmi eux Rahm Emmanuel, Directeur de la Maison Blanche, Denis Ross, Conseiller du Président sur le Dossier iranien et Dan Shapiro, Directeur du « Desk Proche- Orient » – et une quinzaine de Rabbin de différents courants du Judaïsme. Lors de la discussion, les délégués de la Maison-Blanche ont clairement fait part à leurs interlocuteurs « que l’Administration US avait l’intention d’effectuer un virage politique et d’aborder un nouveau départ dans ses relations avec Israël ». De manière inhabituelle dans le jargon diplomatique, Rahm Emmanuel a avoué « que l’Administration américaine avait ‘foutu en l’air’ le message de soutien à Israël, (« …screwed up the messagin… »), et qu’il faudrait bien plus d’un mois pour réparer ce qui a été détruit en 14 mois ».
Parallèlement, le Président Barack Obama aurait demandé à son émissaire spécial, George Mitchell, qui arrive au Proche-Orient la semaine prochaine, « de ne pas exercer de pressions sur Israël au-delà des concessions que l’Etat hébreu a déjà proposé de faire ». Cela signifierait peut-être aussi que les Etats-Unis en sont revenus de proposer voire imposer un plan de « paix » au mois de septembre, comme il en était question.
Si certains voient dans ce changement de cap une décision de tactique politique en vue des élections sénatoriales du mois de novembre, qui risquent de coûter très cher au Parti Démocrate, d’autres estiment qu’il s’agit au contraire d’un calcul plus stratégique du à un changement de fond: l’Administration américaine actuelle, après un peu plus d’une année de pouvoir, se rend soudain compte qu’Israël est son allié stratégique le plus sûr dans tout le Moyen-Orient, et qu’il serait nuisible pour les Américains de détériorer ses relations avec Israël à ce point.
Si cette thèse se confirme, comme l’atteste un haut responsable américain, il s’agira sans doute d’une victoire pour la ligne politique suivie par Binyamin Netanyahou, avec Elie Ishaï et Avigdor Lieberman, qui ont été prêts à aller jusqu’à une crise diplomatique avec Washington, et une défaite pour Ehoud Barak et également Tsipi Livni, qui proposaient « qu’Israël mette un plan de paix sur la table le plus rapidement possible, assorti d’un maximum de concessions israéliennes, sous peine de voire s’effondrer les relations entre Jérusalem et Washington ».