CHATIMENT CELESTE OU RESPONSABILITE HUMAINE ? Raphaël DRAI
Lorsque se produisent des catastrophes d’une ampleur comparable à l’incendie qui vient de consumer une partie des forêts du Carmel, l’urgence est d’éteindre le sinistre et non pas d’en déclencher un autre. De ce point de vue, certaines interprétations religieuses ou pseudo -théologiques concernant les causes de ce méga- incendie ont provoqué, à n’en pas douter chez plusieurs, plus qu’un malaise. Pour savoir quelle a été la cause réelle de la mise à feu, le moindre est d’attendre les conclusions de l’enquête actuellement diligentée et de faire confiance aux investigateurs de la police israélienne. Pourquoi, alors, s’être précipité dans le commentaire apocalyptique, avoir imputé l’incendie au non-respect du chabbat, avant d’en appeler à la téchouva individuelle et collective ?! La téchouva n’a pas ce sens-là. Parmi les victimes et en tous cas, parmi les personnes sinistrées, nul doute que beaucoup avaient ajusté leurs téphilines le matin et récité le chema avant de se coucher. Pourquoi mettre le nom de D.ieu à toutes les sauces de manière tellement compulsive ? Les auteurs de ces sermons manqueraient-ils d’arguments sollicitant la seule intelligence des personnes qu’ils visent ? Imaginons ce que deviendrait cette sorte d’argumentation si , en la renversant terme à terme, on allait jusqu’à proclamer que cet incendie a été providentiel puisqu’il fait affluer vers Israël l’aide internationale, sans parler des secouristes turcs, jordaniens et même palestiniens . En réalité, les leçons d’une si grave catastrophe doivent être tirées sur un tout autre plan. D’abord, s’agissant de la cohérence requise de l’action publique. C’est une belle et noble tache que de reboiser la terre d’Israël, mais ce serait, cette fois, une marque d’inintelligence que de ne pas prévoir en même temps la protection de ces belles forêts contre d’inévitables accidents incendiaires. Par suite, les décisions gouvernementales prises en ce sens ne doivent pas être différées à cause de la concurrence des ministères et des lenteurs des bureaucraties. Enfin, lorsque la catastrophe s’est produite, malgré toutes les précautions prises, le plus important n’est pas de polémiquer et d’en rejeter la responsabilité sur autrui. Le plus important reste la reconstitution des forêts incendiées et la reconstruction des maisons brûlées. Espérons que cet ordre de priorité soit très vite entériné par les uns et par les autres. Après et après seulement, viendra la bénédiction divine.
Raphaël DRAI