Comment disqualifier une juste cause? Ou comment rendre Israël responsable de tous les maux de la terre? 2/3
par Yéochoua SULTAN
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>Transparence - La Gauche a t-elle quelque chose à se reprocher ? 1/3 Par Yéochoua SULTAN
La réponse est simple: on prend un criminel et on lui fait dire qu'il comprend ou soutient cette cause. Un second choix est possible: c'est quand on ne dispose pas de véritable criminel. Dans ce cas, on s'arrange pour diaboliser un quidam, on le rend détestable et effrayant, puis on le fait parler.
Autre variante: c'est un peu la réciproque de la première: un individu défend déjà des idées ou une cause que l'on veut détestables. On soulignera ses dires d'un contexte qui annulera toute légitimité aux thèses ou personnes défendues.
Cette méthode, dans ses différentes configurations, classées brièvement ci-dessus de la meilleure à la plus difficile à accréditer, est excellente pour tout propagandiste qui ne risque pas de ne rien trouver à répondre à des arguments sensés. Si l'interlocuteur est déjà diabolique, ou diabolisé, on dira, en prenant le monde à témoin: «Ecoutez bien les arguments de l'inhumanité, ces mêmes propos que tout homme qui mérite le titre d'homme ne saurait défendre.»
S'il ne l'est pas encore, on lui opposera les formules creuses qui s'adaptent à toute réalité précisément parce qu'elles ne répondent à aucune: «Comment peut-on dire une chose pareille! Vous n'avez pas honte! Non mais vous vous rendez compte de ce que vous dites!»
Prenons deux exemples: l'un concerne une partie de la population d'Israël, l'autre sa totalité. Le premier, en bref, est l'attribution de l'assassinat du Premier ministre Isaac Rabin à un dénommé Ygal Amir.
Largement interviewé, ce dernier a tranquillement exposé tous les arguments de la campagne électorale du Likoud, formation politique déjà dirigée voici une quinzaine d'années par Netanyahou. Par superposition, Netanyahou a été traité d'assassin, et ses accusateurs ont repris le fameux reproche d'Elie le prophète au roi Achab: «Tu as assassiné, et tu as aussi hérité!» (I Rois XXI, 19), sans lui déclamer cependant la totalité du verset, mais en en sous-entendant peut-être la suite: «de la même façon que les chiens on léché le sang de Nébayot, ils lècheront aussi le tien».
Toujours est-il que Netanyahou a été réduit au silence, passant de favori avec près de 80% des intentions de vote à minoritaire. Heureusement pour lui, le camp adverse lui a tendu la perche, quand il pensait encore gagner les élections, même de justesse, et qu'il affirma avec véhémence: «Même si nous gagnons d'une seule voix, la démocratie nous accordera la totalité du pouvoir.» Des rabbins ont été arrêtés, vouloir vivre sur la terre ancestrale du peuple juif était devenu un crime.
Des manifestants ont été emprisonnés arbitrairement. Un jeune homme, qui avait préalablement vécu en France, a adressé un message personnel à sa famille, ayant reconnu une équipe de télévision alors qu'il était emporté, se défendant qu'il n'avait rien fait et qu'il était victime d'un abus de pouvoir.
Le second exemple, c'est l'affaire "norvégeo"-norvégienne, où, selon ce qui a été publié dans les médias, l'atroce "fait divers" d'un forcené qui aurait tué à lui tout seul près de cent personnes.
Difficile a priori d'établir un rapprochement avec Israël, qui se trouve à des milliers de kilomètres de là, et où personne ne connaissait l'assassin, à moins qu'une crainte irrationnelle et mystique ne se soit emparée des commentateurs norvégiens, qui sentent peut-être que le mal semé par leur pays en Israël avec les horribles accords d'Oslo commence à se retourner contre eux.
Ce qui est curieux également, c'est que le tueur n'a pas été présenté comme un déséquilibré, alors que dans des cas semblables, aux Etats-Unis par exemple, quand un jeune prend une arme et tire sur ses camarades de lycée, sans jamais arriver à un nombre si impressionnant de victimes, il est aussitôt considéré comme tel. Or, quand le forcené norvégien établit un raisonnement qui en ferait un pro-israélien, Israël est aussitôt diabolisé, puisqu'il entre dans le langage du crime.
Dans cette dernière affaire norvégienne, aussi néfaste que sa grande sœur d'Oslo, c'est encore ce même Etat descendant des Vikings qui cherche à déstabiliser la paix des Juifs en leur pays. Pourtant, leur manœuvre peut être déjouée simplement: ou bien il s'agit d'un déséquilibré, et son cas ne devient qu'une manifestation pathologique dangereuse et encore inconnue du syndrome de Jérusalem qui mélange terre et peuple d'Israël, dans ce cas il n'y a pas lieu d'y attacher trop d'importance – à moins de tenir le peuple juif pour responsable de la folie dans le monde, ce qui n'a pas encre été exploité – ou bien il s'agit d'un assassin qui a agi froidement et qui, s'il raisonne sciemment, déteste foncièrement les Juifs mais comprend que la meilleure façon de leur nuire est de prétendre qu'il les aime.
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