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9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 17:47

 

 

 

De l’Afrique comme point de « choc des civilisations » inédit

 

L’Indépendance chrétienne du Sud-Soudan, le massacre des coptes en Egypte et l’extension d’al Qaeda au Sahel…


 

editorial-1-copie-1.jpg 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info


 

Sud-Soudan 

 

 

Peu d’écho semble donné à ce qui pourrait bien constituer une grande victoire sur l'un des génocides les plus lancinants du tournant du XXIè siècle, ce 9 janvier : l’indépendance probable, mais fragile, du Sud-Soudan chrétien, peut-être assortie de celle de la province d’Abyié, à l’égard de Khartoum, où règne en maître, Omar El-Béchir. Soutenu par l’Organisation de la Conférence islamique, le dictateur soudanais échappe, jusqu’à preuve du contraire, à tout mandat d’arrêt international visant à le traîner devant le Tribunal de la Haye. Se conformer à ce référendum, soutenu par l’ONU est une façon de monnayer sa survie politique, quoi qu’il y soit viscéralement opposé, à l’instar de quelques voisins dont il a le renfort : l’Egypte de Moubarak et la Lybie de Mouammar Khadafi. Pour des raisons différentes, ces deux régimes y voient un risque de perte de leur mainmise sur le couloir africain, à partir des rives du Nil et le risque d’éveil, tant des Chrétiens d’Afrique que de l’Ethiopie.


 

 

 

Hier, le journal officiel russe RIA Novosti laissait s’exprimer El-Béchir, concédant que si Israël et le Sud-Soudan souhaitaient établir des relations diplomatiques, cela relèverait de leurs « affaires intérieures » à l’issue de ce référendum. Une triangulaire prend forme, où la Russie marque, de plus en plus, son intérêt pour les découvertes pétrolières et gazières au large d’Israël et les débouchés en Mer Rouge qu’offrirait le projet de gazoduc gréco-israélien transitant par Ashkelon, puis Eilat. La sécurisation de la Mer Rouge est donc à l'ordre du jour.

 

 

 

Plus au nord, tant la Turquie que le Liban se sont vus renvoyés dans les cordes, après leurs pressions sur Chypre, puis l’ONU, espérant bénéficier de la manne. L’Egypte veut également examiner en quoi ces explorations pourraient réduire son influence dans la région. Toujours est-il que la zone toute entière du Levant jusqu’à la Corne de l’Afrique subit une redistribution des cartes, où d’anciens adversaires idéologiques, comme la Russie et Israël, discutent et s’entendent jusqu’à un certain point, générant l’inquiétude, parmi les régimes arabes ou turcs, jusqu’alors en pointe sur le contrôle des énergies fossiles.

 

S’il faut bien voir la marque d’al Qaeda, probablement manipulé par la Syrie et l’Iran dans le massacre des Coptes à Alexandrie, comme leurs cousins chaldéo-syriaques à Bagdad, l’Egypte est aussi sujette à ces soubresauts par crainte d’une autonomie et l'absence de liberté de ses propres minorités. Dès lors, les autorités ont longtemps laissé faire ces persécutions jusqu’à ce qu’elles atteignent un paroxysme. L’origine locale d’une partie des réseaux terroristes, en lien avec les trafics d’armes et d’êtres humains venus du Soudan, via le Sinaï est l’un des avatars de l’ordre instable régnant sur les rives du Nil et du Canal de Suez.

 

 

 

Etablissant des comptoirs au Sud-Soudan avec la future république du Président Silva Kiir Mayardit, jouissant de liens privilégiés avec l’Ethiopie du Premier Ministre éthiopien Meles Zenawi, Israël, entretient, depuis fort longtemps des relations cordiales avec plusieurs états africains, comme le Kenya, ou encore le Rwanda, également frappé en plein cœur par un génocide, mais qui est devenu, depuis, l’une des Silicon Valley les plus prometteuses du Continent.

 

 

L'armée rwandaise, un modèle pour l'Afrique (extrait : nanojvpress)

 

L’environnement reste, néanmoins, hautement problématique : la Somalie est une plaie chaotique béante, saignée par les Shababs, alliés du Hamas. Plus loin à l’Ouest, c’est tout le Sahel qui devient une zone d’extension d’al Qaeda au Maghreb, à partir de places fortes et mobiles dans les zones désertiques entre Mali, Niger, Mauritanie et pays du Maghreb. La présence française y est prise pour cible privilégiée, comme l’atteste encore la mort de deux ressortissants, le 8 janvier. Beaucoup de pays sont divisés par zone d’influence, d’abord ethnique, ensuite religieuse, où l’appartenance chrétienne ou musulmane joue un rôle fluctuant, comme au Nord du Nigéria. Souvent l’origine tribale est plus déterminante que le degré d’islamisation. Mais le radicalisme d’al Qaeda travaille en profondeur ce clivage, à travers ses réseaux de contrebande en traque d’otages à monnayer pour étendre sa guerre sainte, encore à l’état embryonnaire.


 

 

Jusqu’à présent, depuis surtout la guerre civile algérienne des années 1990, les pays nord-africains ont refoulé vers le sud désertique cette mouvance issue du GIA et du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Salut. Les régimes algériens et tunisiens exerçant leur pouvoir par des pratiques semi-maffieuses où la corruption est le maître-mot, sont aujourd’hui sous le coup d’insurrections de leurs sociétés civiles pour les mêmes motifs de confiscation de tout avenir par des élites claniques, issues des rangs de l’armée et des grandes familles. Il est difficile de présager si l’islamisme refluant profitera de ces désordres socio-économiques prérévolutionnaires, qui ont encore fait 20 morts en Tunisie dans les dernières 24h, pour y récréer ses réseaux. L’alternative de la démocratisation et de la redistribution des richesses y semble inaccessible, motivant des actes de désespoir qui conduisent à des suicides publics. Les gouvernements n’ont jamais su tirer parti de la richesse culturelle (exemple de la Kabylie) et énergétique de cette région, et l’Islam d’Etat ou le vernis de laïcité s’y sont vite retrouvés confrontés à leur double : l’Islamisme fanatique enseigné par les confréries résurgentes jusqu’en Egypte (les Frères Musulmans) ou le Salafisme de retour d’Afghanistan contre les Soviétiques.

 

 

 

En contrepoids, l’Union des Etats Africains reste une structure fragile d’ententes entre caciques locaux faisant reposer leur pouvoir sur leurs réseaux tribaux. Mais la démocratisation y est parfois plus avancée que dans le Maghreb. L’ensemble des compagnies minières des Grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Iran…) y sont présentes et rivalisent pour y maintenir des régimes qui leur soient favorables. On le voit également en Côte d’Ivoire, qui est un des pays-clés de Centrafrique, où, là encore, une partition entre nord et sud ne résoudrait que provisoirement les jeux d’influence.

 

 

En Méditerranée, le nouvel axe d’entente stratégique entre Grèce, Israël et intérêts bien compris de la Russie autour de la maîtrise des réseaux énergétiques, les ententes militaires avec la Bulgarie, la Roumanie, sont susceptibles de revitaliser une cohabitation pacifiée dans les Balkans, tout en gelant l’entrée de la Turquie dans l’Europe. De la même façon, les pays nouvellement démocratisés de la Corne de l’Afrique peuvent jouer le rôle de « cordon sécuritaire » contre l’extension de l‘Islamisme résurgent depuis la Somalie ou l’Erythrée. Un rééquilibrage économique à base de coopération peut contribuer à modérer l’influence régionale de l’Arabie Saoudite et de l’Iran, tout en ménageant l’accès aux marchés asiatiques pour le pétrole et le gaz russe, ayant alors intérêt à inventer une nouvelle « paix froide » entre la Turquie et Israël, comme c’est le cas entre Le Caire et Jérusalem, et avec les forces de l'OTAN.

 

La question des minorités - non plus « protégées » par les Occidentaux, mais acquérant leur reconnaissance et leur autonomie plus ou moins large, comme dans le cas des Kurdes d’Irak, protecteurs des Chaldéo-Syriaques persécutés à Bagdad, de Chypre s’émancipant du danger turc-, offre un nouveau challenge aux puissances présentes dans la région.

 

 

 

Le défi partagé réside dans l’opposition concertée du monde musulman, arabe, turc, perse ou égyptien à une telle voie de développement : il mettrait en péril la cohésion panislamiste qui caractérise ce système féodal issu de la conquête arabe du IXè au XIVè siècle et qui verrouille l’entrée des pays émergents dans le XXIè. C’est aussi l’héritage subversif du Sionisme que de tendre à l’autodétermination des peuples et nations réels, sous le vernis d’Islamisation, des régions où son influence est active. Un modèle de "décolonisation" dont la presse occidentale ne sait parler qu'en mal.


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