Les Synthèses d'A.Rubin
11.08.2010
ERDOGAN l'islamiste "modéré" et les chiffres arabes
Par Alain Rubin
pour aschkel.info et lessakele
Il y a quelques mois le gouvernement syrien invitait « l’islamiste modéré » Erdogan,- modéré comme une carpe peut être bavarde et bruyante-, bref, les autorités syriennes invitaient le chef du gouvernement turc à précisément faire preuve de modération parce que, dans une diatribe contre Israël, il l’avait accusé d’avoir commis plus de dégâts et fait plus de victimes parmi la population de Gaza que n’en a fait l’action de Khartoum, ses forces armées et les Jenjawid, contre les populations négro africaines du Darfour.
La préparation professionnelle, et au grand jour, en Turquie même, de l’opération des islamistes, non modérés ceux-là, de l’IHH- qui promet de recommencer l’opération menée avec le navire Marmara, avec pour objectif de parvenir à ses fins (briser tout contrôle pour alimenter en armes à longues portées le Hamas)- pose à nouveau la question de la politique guerrière du gouvernement turc.
Cette question est d’autant plus préoccupante qu’on a pu assister, il y a quelques jours, à un discours de Cameron, le chef du gouvernement britannique ; diatribe véhémente, dénonçant ceux de ses collègues européens qui osent encore faire obstacle à l’entrée de la belle noble et vertueuse Turquie dans l’union européenne.
Ce type de discours du premier britannique peut laisser supposer que la direction du parti gouvernemental anglais approuve la stratégie de pousse- au crime de l’homme d’Ankara, qui fait tout pour mettre à la poubelle de l’histoire les réalisations politiques démocratiques du kémalisme, afin de passer de « l’islamisme dit modéré » à l’islamisme tyrannique satisfait de sa tyrannie tel qu’il s’impose en Iran depuis trente ans aux moyens des prisons, des potences avec exécutions publiques, des lapidations1*, des bombardements massifs au Kurdistan d’Iran, de la fraude et du putsch électoral.
1* Au fait, vous l’avez entendu, l’islamiste modéré, demander vie sauve pour la malheureuse iranienne, condamnée à la lapidation parce qu’elle a été déclarée coupable d’adultère ?
Vous avez lu son communiqué de protestation indignée contre l’exécution d’une femme enceinte, une veuve accusée d’adultère, lapidée puis achevée de trois balles dans la tête, dont le cadavre a été jeté sur un chemin, pour bien montrer qui commande en Afghanistan, et dans quel but ?
Comme on dit en France : qui ne dit mot consent.
Or le sieur Erdogan n’a encore rien dit. Un homme de sa stature, un pacifique islamiste modéré, si l’on en croit son supporter britannique, ne devait-il pas, ne doit-il pas, avoir à cœur de mettre en pratique sa « modération » ?
Ne doit-il pas, sans tarder, intervenir pour sauver une femme iranienne vouée à la mort, vouée à l’exécution par des moyens sauvages, parce qu’elle a aimé, en dehors des clous ?
L’islamisme modéré et les Chiffres arabes…
Curieusement, le président syrien vient de rappeler à plus de modération son confrère turc, le premier ministre, « islamiste modéré », Erdogan.
Ce dernier s’est en effet enflammé contre Israël ces derniers jours. Israël aurait, à l’en croire, commis à Gaza il y a quelques mois plus de crimes et de massacres que le gouvernement de putschistes dirigé par El Béchir, traduit comme on sait devant le tribunal pénal international (TPI). Le premier ministre turc précisant son propos, en évoquant, comme élément de comparaison, le nombre des victimes des massacres perpétrés au Darfour.
Si, comme c’est bien connu, les Arabes ont fait connaître en Europe les chiffres inventés en Inde, au point que l’on ne parle pas de chiffres indiens mais de chiffres « arabes », dans la polémique lancée par le premier ministre turc, on peut se demander si l’islamisme modéré ne lui pas est pas monté à la tête ou, si comme certains parfums à l’équilibre trop subtil et fragile, son « islamisme modéré » n’a pas tourné à l’aigre jusqu’à le laisser comme saoul et vociférant des absurdités...
En effet, le sieur Erdogan accuse les forces armées d’Israël d’avoir fait plus de victimes au cours de sa riposte aux 8000 tirs de roquettes du Hamas sur Sderot et les kibboutz limitrophes à Gaza que n’en ont fait les années d’attaques des cavaliers Jenjawid et de l’aviation soudanaise sur les villages du Darfour. Curieux décompte vous ne croyez pas ?
Il y a trois ans, le Darfour, c’était au minimum 400 km2 de village réduits en cendres. C’était 400 km2 rendus à l’état d’autant d’Oradour sur Glane qu’il y a eu d’incursions des hommes d’armes du chef du petit djihad*1 soudanais. C’était et c’est cela, le premier ministre El Béchir. Et à Gaza ?
- Le Hamas a compté au total 1400 victimes de son dernier affrontement avec Israël (ses hommes en guerre contre « l’ennemi sioniste avec lequel aucun accord n’interviendra jamais » -dernière déclaration du Hamas- avec les civils gazaouites coincés entre les snipers Hamas et les militaires israéliens ripostant aux actions du Hamas).
- Les ONG et les représentants de l’ONU avaient décomptés, il y a trois ans, entre trois et quatre cent milles victimes civiles au Darfour, sans compter les centaines de milliers d’expulsées « qui ne seront pas autorisées à revenir » (déclaration d’El Béchir il y a quelques mois, lors de la visite du chef de l’autorité palestinienne).
Ainsi, pour Erdogan, notre chef de gouvernement islamiste modéré, 1400 (si le chiffre est exact, puisqu’en effet, des médecins palestiniens feront savoir que le Hamas leur demandait de déclarer plus de victimes qu’il n’y en avait réellement, et qu’il exigeait aussi qu’ils présentent les combattants Hamas tués ou blessés comme étant des victimes civiles), 1400 donc, serait une grandeur et un chiffre supérieurs à 400000...
Mais peut-être que notre modéré d’Istanbul ne fait pas ici de l’arithmétique mais des mathématiques très supérieures, des mathématiques islamistes modérées et évoluées, dans lesquelles le nombre 1 serait supérieur au nombre 211 (211 étant le rapport entre le nombre de victimes au Darfour et à Gaza) ?
Je laisse la question ouverte.
A chacun d’y répondre, en se demandant si l’arithmétique simple et classique, que nous apprenions tous à l’école primaire communale et laïque, ne doit pas être remplacée par les nouvelles mathématiques *2, celles toutes droit sorties des madrasas de « l’islamisme modéré » ayant formaté les capacités de raisonnement et de calcul du premier ministre turc.
Alain Rubin
*1 le grand djihad représente un « effort moral sur soi », dans la voie de la mise en œuvre des exigences de l’islam. Ce serait un effort purement moral et personnel.
Le petit djihad, est, à l’inverse, un effort externe. Il est le prétexte et le but de la guerre pour élargir le domaine de la gouvernance des hommes par les lois de l’islam incarnées dans la charia.
Les populations du soudan sont, depuis presque quarante ans, l’objet d’un petit djihad particulièrement meurtrier, mené par une succession d’équipes gouvernementales toutes plus putschistes les unes que les autres.
*2 si l’on posait la question à nos cerveaux phosphorant dans certaines rédactions et partis politiques (« le Monde », l’Humanité, le PCF, NPA, les « gauches » du PS, le POI…), je ne crois pas être prophète en disant que nous risquerions probablement d’obtenir une réponse qui serait un oui enthousiaste et militant.
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