En omettant d'évaluer les actions du Hamas, le rapport du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU vient précisément renforcer les extrémismes.
"Je pense qu'aucune autre armée au monde n'a jamais autant veillé à limiter le nombre de victimes civiles que Tsahal au moment de la guerre à Gaza", a déclaré le colonel Richard Kemp, ancien commandant des forces armées britanniques en Afghanistan, lors d'un entretien avec la BBC.
Kemp est ensuite apparu devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, le mois dernier : "La population civile de Gaza était prévenue à l'avance des zones sur le point d'être frappées... Plusieurs opérations qui auraient permis à l'armée israélienne d'évincer une partie des capacités militaires du Hamas ont été abandonnées, précisément pour protéger les civils. Et, pendant le conflit, Tsahal a autorisé l'entrée de très grosses quantités d'aide humanitaire dans la bande de Gaza (...).
Les pertes civiles sont à reprocher au Hamas. Et, plus précisément, à sa manière de combattre. Le Hamas a délibérément sacrifié ses propres civils..." La description est juste. Pourtant, la vérité est facilement revisitée. Et lorsque la justice est pervertie, le mensonge prend le dessus. Exemple : le Conseil des droits de l'Homme et son rapport Goldstone.
Une commission créée dans le péché donne naissance à l'aberration
Israël est victime du terrorisme depuis sa création. Et, peu à peu, les actions sont devenues de plus en plus sinistres. Du "simple" meurtre de femmes et d'enfants il s'est mué en détournement d'avions, assassinat d'otages et attentats suicides.
Cependant, depuis les huit dernières années, une nouvelle forme de terreur est apparue : le tir de roquettes depuis la bande de Gaza en direction de zones d'habitation civile. Jusqu'à présent, quelque 12 000 roquettes ont été lancées, terrorisant des centaines de milliers d'Israéliens et causant des dommages notables à l'économie nationale.
Or, aucune de ces actions n'a été condamnée par le Conseil des droits de l'Homme.
Rien de très étonnant, son obstination à stigmatiser l'Etat hébreu est bien connue. Depuis sa création en 2006, cinq de ses onze sessions spéciales ont été consacrées à des sujets impliquant Israël. Pourtant, la dernière enquête menée à Gaza dépasse toutes les attentes. A l'aide d'un vocabulaire particulièrement biaisé, la mission onusienne devait "évaluer toutes les violations des droits de l'Homme et du droit international humanitaire par le régime d'occupation, Israël, au détriment du peuple palestinien... notamment dans la bande de Gaza occupée..." Israël était ainsi déclaré coupable, avant même que l'enquête ne commence.
La composition de la mission
La nature préjudiciable de la mission a conduit plusieurs personnalités respectables, dont l'ancienne haut-commissaire aux droits de l'Homme Mary Robinson, à refuser de diriger la commission d'enquête de l'ONU. Le juge Richard Goldstone a accepté, lui, avec joie.
D'autres membres de la commission incluaient la Pakistanaise Hina Jilani - le Pakistan ne partage aucune relation diplomatique avec Israël - et la professeure Christine Chinkin - l'un des auteurs d'une lettre publiée le 11 janvier 2009 dans le New York Times et intitulée "Le bombardement israélien de Gaza n'est pas de l'autodéfense mais un crime de guerre". Un détail qui n'allait en aucun cas influencer le rapport de la commission, selon Goldstone. Une commission d'enquête "d'établissement des faits", précise-t-il par ailleurs, et non pas judiciaire.
Autrement dit : Goldstone justifiait la nomination d'une collègue dont les propos allaient précisément à l'encontre du principe d'impartialité et de justice équitable.
Un tel raisonnement, indigne, même d'un étudiant en première année de droit, fait d'autant plus planer le doute sur les compétences du juge sud-africain. D'autant plus que sa prétention à conduire une enquête d'établissement des faits est contredite par le rapport lui-même, dont les conclusions sont précisément judiciaires et alimentées par des analyses du droit international.
Conclusion : pas un mot de ce rapport n'est valide. Et, par conséquent, il ne peut en aucun cas constituer la base d'une quelconque décision ou action.
L'approche générale
Le Conseil veille tout particulièrement à minimiser les crimes du Hamas. Le groupe islamique, tout comme d'autres entités terroristes, est défini par les termes "groupes armés palestiniens". Dans certains cas, la mission a refusé d'examiner les actions du Hamas.
Exemple : l'explosion de l'hôpital Shifa à Gaza. Malgré un certain nombre de preuves selon lesquelles une base de commandement du groupe était implantée dans l'hôpital, le Conseil "n'a pas souhaité se pencher sur l'affaire de l'hôpital Shifa et n'est pas en mesure d'amener de quelconques conclusions sur sa destruction" (p. 466). Toute preuve de mauvaise conduite du Hamas est ainsi ignorée ou "réinterprétée".
La position israélienne, en revanche, a été considérée d'une tout autre manière. Visant à expliquer le choix de ses cibles, les autorités israéliennes ont transmis des photos de zones de lancement de roquettes, localisées à proximité d'immeubles résidentiels, d'écoles, de mosquées et d'hôpitaux. Cependant, la mission Goldstone n'a pas considéré ces preuves suffisantes.
Par ailleurs, comment les membres de la commission pouvaient-ils espérer évaluer de manière efficace les crimes du Hamas alors que le groupe islamique leur offrait lui-même une visite guidée des lieux ?
Enfin, mis à part son incapacité à évaluer les véritables actions menées par le mouvement terroriste, le Conseil a aussi choisi d'ignorer le rôle joué par l'Iran, à savoir : l'approvisionnement en armes et l'entraînement des partisans du Hamas. L'implication iranienne est-elle conforme au droit international ? Une telle question aurait notamment permis à la commission de mieux cerner l'urgence du fameux "blocus de Gaza".
Les recommandations
"La mission recommande aux groupes armés palestiniens de respecter le droit international humanitaire, notamment en renonçant aux attaques perpétrées contre la population civile israélienne" (p. 1770). Un plaidoyer aux extrémistes pour lesquels les actes terroristes contre des civils est la seule raison d'être. Les terroristes suicidaires et les meurtriers sont leurs héros. C'est comme si nous recommandions à la mafia de respecter la loi.
Naïveté ou simple détachement de la réalité ? Ne faudrait-il pas non plus prodiguer les mêmes conseils à Al-Qaïda ou aux Talibans ? Pourquoi seraient-ils privés des conseils avisés de Goldstone ?
Le rapport Goldstone est en bonne voie pour devenir la grande charte des terroristes. La communauté internationale ne peut pas rester indifférente devant un tel détournement du droit. Le droit international doit être interprété, appliqué et complété afin de pouvoir affronter des opérations terroristes orchestrées depuis des zones densément peuplées.Les conséquences
Ce rapport a de grandes chances de nuire à la paix, en général, et même d'augmenter le niveau de violence dans la région. Et pourtant l'opération Plomb durci avait permis de stopper les attaques de roquettes. Les terroristes pourront désormais se sentir totalement libres de poursuivre leurs actions.
En d'autres termes, ce rapport renforce l'extrémisme. Et, par-la même, freine les efforts de l'Autorité palestinienne - que les extrémistes cherchent à évincer. Des efforts qui visent précisément à faire la paix avec Israël.
Les trois failles de l'homme de pierre
Bien que le contenu du rapport nécessite une analyse beaucoup plus minutieuse, voici trois éléments sur lesquels il est indispensable de revenir
1 - Les pertes civiles
La mission a clairement ignoré la politique militaire israélienne consistant à protéger les populations civiles. Or, l'une des accusations les plus injustes portées par la commission Goldstone reproche à Tsahal d'avoir volontairement ciblé des innocents. Une erreur fondée sur le fait que l'armée israélienne est dotée de technologies particulièrement avancées et ses opérations sont soigneusement planifiées. Les Américains, les Anglais, l'OTAN, les Russes et même les Turcs possèdent eux aussi des armes très sophistiquées. Leurs opérations sont elles aussi très soigneusement préparées. Cela signifie-t-il que les civils qui ont été touchés l'ont forcément été de manière intentionnelle ?
2 - Les boucliers humains du Hamas
Chacun sait que le Hamas a pour habitude de s'abriter derrière les civils. La commission ne pouvait absolument pas l'ignorer. D'ailleurs, un membre du groupe islamiste l'admet lui-même
(p. 475) : "Le Hamas s'est abrité derrière des boucliers humains, constitués de femmes, d'enfants, de personnes âgées et de moudjahidin contre les bombardements sionistes." Pourtant, l'équipe Goldstone "n'a trouvé aucune preuve sur le fait que les combattants palestiniens se soient confondus avec la population civile, dans l'intention de se protéger des attaques" (p. 481).
3 - La destruction d'infrastructures palestiniennes
Enfin, les enquêteurs évoquent aussi la destruction d'infrastructures palestiniennes à Gaza. Plus particulièrement, ils mentionnent une usine de farine ainsi que des poulaillers qui "approvisionnaient 10 % du marché des œufs de Gaza" (p. 51). Les termes employés par les membres de la commission sont loin d'être tendres. Ils vont même jusqu'à conclure que la destruction de l'usine de farine a été orchestrée "dans le seul but de réduire l'approvisionnement alimentaire de la population civile", ce qui est susceptible de "constituer un crime de guerre" (p. 50).
Pourtant - aussi bien pendant l'opération qu'avant et après les affrontements - l'Etat hébreu a toujours veillé à ce que les produits de première nécessité soient régulièrement transférés dans l'enclave palestinienne. Le rapport Goldstone semble finalement reprendre mot pour mot la propagande du Hamas, selon laquelle l'armée israélienne visait à tout détruire sur son passage. Une pure invention.
La preuve : la centrale électrique est restée indemne. Si Tsahal avait vraiment voulu l'anéantissement de Gaza, elle aurait certainement commencé par là.
L'auteur est professeur de droit et ancien ministre israélien de la Justice.