Tout sur la forfaiture
Franz Goldstone au pays de Richard Kafka, là où le mensonge prend force de loi internationale
par Marc Brzustowski
Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info
Le simple bon sens, qu’on appellera éthique de probité, se perdrait, dans les méandres du refus obstiné de changer la moindre virgule aux conclusions du Rapport Goldstone, que l’intéressé lui-même reconnaît erronées.
N’importe qui, doté d’un minimum de conscience, a fortiori s’il s’agit de présumée « Justice internationale », se dirait là que, dans la mesure où l’auteur lui-même admet des « erreurs », la révision, par principe, du document s’impose d’elle-même. Et non sous la pression de l’inculpé à tort, l’Etat d’Israël, mais précisément au nom des principes qu’on prétend défendre et promouvoir. Ensuite vient la question de la procédure à suivre pour qu’il en aille ainsi. Que la « Communauté Internationale » se sorte la tête haute, de ce fourvoiement avec les pires dictatures de la planète et leur soutien, a priori, à tout ce qui porte nom de pratique terroriste. Y compris au sommet de ces instances (Jihad juridique).
D’abord sur la nature de ces « erreurs » ; ensuite sur l’imposture de ce processus labyrinthique et procédurier conçu pour que la victime « d’erreur judiciaire » ne soit jamais blanchie de « crimes de guerre » et contre « l’humanité ». Mais, en réalité, il s'agit bien du même biais de départ : ce sont les postulats qui guident l’action de condamnation avant enquête, donc de préjugé avéré, contraire à tout jugement et à tout état de droit, qui induisent, par définition, en erreur(s).
Que dit Richard Goldstone ? Que « s’il avait su ce qu’il sait maintenant, le document Goldstone aurait été différent » :
- d’une part, sachant ce qu’il sait, il ne devrait donc qu’œuvrer à rétablir la vérité sur la base de ce qu’il dit savoir. Tout Juge qu’il est, il continue, par ailleurs, d’affirmer -plutôt, on continue de lui faire affirmer, au "nom de l'intérêt général..."- qu’il ne doit rien changer à la chose, sinon « jugée », du moins, investiguée.
- D’autre part, il avoue surtout que la valeur d’enquête de son rapport perd toute signification, puisqu’une fois vérifiés, ses conclusions et indices s’effondrent d’eux-mêmes.
La vraie question, pour autant que la quête de vérité puisse avoir un quelconque rapport avec le sujet, est de savoir sur quels attendus le Juge endosse son rôle au cours de cette mission. Et à partir de quel moment il redevient « indépendant » pour se démarquer du rôle et de la mission conférés. Qu’a-t-il voulu savoir ?
L’ordre de mission confiée par le Conseil des Droits de l’Homme, avec des régimes si peu scrupuleux en la matière, à sa tête, était pourtant clair. La résolution est déposée par Cuba, l'Egypte et le Pakistan. La composition, également, de la commission d’enquête. On l’a dit et répété, les membres de cette commission ont été choisis par le Conseil sur le simple fait qu’ils avaient, soit par le passé (Christian Tomuschat, conseiller juridique d’Arafat), soit au moment de l’opération « Oferet Yetsuka » (Christine Chinkin, Hina Jilani, Desmond Travers, Francesca Marotta (lCl), déjà tenu des propos hostiles ou condamnateurs contre Israël, avant tout établissement du moindre fait sur le terrain.
Les premières déclarations du Conseil des droits de l’homme de l‘ONU émettent (Emet, en hébreu) déjà un jugement : Israël est, sans doute, coupable de « crimes de guerre », voire de « crimes contre l’humanité », votre mission, si vous l’acceptez, consistera à le démontrer.
En d’autres termes, conscient de la commande, le Juge Goldstone pouvait accepter ou refuser ses termes. Il en a, d’ailleurs, réfuté certains : la première intransigeance n'était fondée que sur la culpabilité d'Israël, aucune enquête n'étant demandée concernant le Hamas. Goldstone s'y oppose et on lui doit, mais si, l'introduction pour la forme d'une suspicion sur le groupe terroriste. Elle disparaîtra peu à peu dans le cadre du rapport. Il a ainsi pu donner le change de poursuivre sa carrière d’être « d’exception » au jugement d’autant plus réputé « impartial » qu’il est Juif et se déclare « sioniste » : il peut donc, en toute quiétude, aujourd’hui, déclarer qu’il a conscience de s’être fait « manipuler », il n’empêche qu’il a parfaitement joué le jeu de dupes qu’il lui était requis de mener à bien.
Or, Israël a refusé de participer à sa propre condamnation a priori, donc détecté la manipulation et a poursuivi ses propres enquêtes de façon indépendante. Or, ce sont, en grande partie, ces propres conclusions israéliennes, décentes du point de vue du droit, qui conduisent aujourd’hui le Juge à parler de conclusions erronées ou abusives.
De deux choses l’une : ou le Juge a mené sa propre enquête, ou il a d’abord rédigé un rapport sur la foi de témoignages invérifiés et invérifiables, en tirant les conclusions auxquelles on voulait bien l’amener. Ou il n’en a pas réellement mené et s’est contenté d’aligner des « on-dit ». Ce qui revient au même. En ce cas, il n’est pas « Juge », mais épandeur de rumeurs grosses comme le Palais de l'ONU.
Concernant Israël, il est, jusqu’à un certain point, faux de prétendre que c’est la pression et uniquement elle [argutie du Quai d'Orsay et du Foreign Office, hier, justifiant leur vote en faveur du Rapport et contre Israël, quoi qu'il en coûte et quoi qu'il en soit des "éléments nouveaux" : inamendable] qui l’a poussé à réaliser ses propres vérifications et, le cas échéant à sanctionner les récalcitrants, tout en refusant d’endosser collectivement leurs fautes isolées.
Depuis bien avant l’opération jusqu’à aujourd’hui, de hauts-gradés israéliens, dont le nouveau chef du Shin Bet, Yoram Cohen ( lCl), insistent sur le degré de préparation, les précautions humanitaires prises, la haute qualité de la coordination entre services de renseignement et armée et sur la réduction à l’impuissance qui en a très vite résulté, sur le terrain, pour la partie adverse, à savoir le Hamas. De cette machine bien huilée, des erreurs d’interprétation, des brouillages techniques, ont découlé, contre les intentions préalables, comme c’est malheureusement toujours le cas, en conflit armé. Parmi ces victimes, des Palestiniens, certainement, mais, se souvient-on, également des tirs « croisés » ou « amis » entre tanks et soldats en première ligne, qui constituèrent parmi les rares déplorés manquants, du côté israélien.
Aussi bien sur le plan technique qu’éthique, Tsahal a tenté de faire « de son mieux ». Il est parfaitement dans son intérêt, en termes de professionnalisme, avant même de songer à préserver quelque image internationale que ce soit, que cette armée suive au plus près de telles prescriptions. Même si et quand bien même certains ordres ont été sur-interprétés dans le feu de l’action, ont fait des « victimes collatérales » ou débouché sur des « bavures ». Une armée, un peuple s’élèvent à corriger leurs erreurs.
Goldstone, sur un plan personnel, en fait, bien qu’un peu tard, de même, mais, en tant que représentant international, renâcle, voire refuse (à voir) de réparer quoi que ce fut. Les Nations-Unies valident donc le principe de faire reposer leur jugement sur ce qui devient, dès lors que le Juge reconnaît ses erreurs, un pur mensonge, un montage ou une « forgerie », comme disent les anglo-saxons. Ce n'est plus une "erreur", c'est une faute (G.Clémenceau).
Il y a de multiples mobiles à ce "crime es-vérité", ce déni, que le passage au scanner de décennies d’existence du « Machin » ne suffirait pas à les répertorier toutes pour s’en libérer : depuis « le Sionisme est un racisme », en 1975, sous l’ancien Nazi Kurt Waldheim, à, plus près de nous, la Conférence de Durban de 2001.
Mais les motivations très actuelles ne manquent pas : à propos d’un autre montage, l’Autorité Palestinienne s’achemine, avec la réussite ou non de sa tentative de raccordement aux wagons du Hamas, vers la déclaration unilatérale de son Indépendance, « sur les frontières de 1949, avec Jérusalem pour Capitale ». Pour ce faire, il s’agit d’avancer dans les tractations visant à rétablir la respectabilité du groupe terroriste, négateur de l’état juif. Il n’est donc pas question de laisser entendre que, seule, la milice d’Haniyeh et Meshaal ait pu commettre délibérément des « crimes de guerre » ou exposer sa population en bouclier humain face à Tsahal. Le statut universel de ces terroristes doit demeurer celui de « victimes » qui répliquent avec les moyens du bord à une « agression ». Même lorsqu’ils la déclenchent.
D’autre part, le vent de révolutions arabes en cours a déjà permis la reconnaissance de cette dérivée des Frères Musulmans par le nouveau régime égyptien, où l’on parle de rouvrir le passage de Rafah et, ainsi de faire sauter le verrou du blocus, jusqu’alors partagé avec Israël. Action de défiance qui coïnciderait à s'y méprendre aux tentatives des navires, en mai prochain, sur le modèle mitigé-terroriste du Mavi Marmara, l'an passé. Mohammed El Baradeï incite même l’armée égyptienne à entrer en action contre Tsahal, en cas d’intervention à Gaza. Autant dire que la « légitimité » d’une telle entrée en guerre de la puissance anciennement pacifiée du sud ne repose que sur la foi de « massacres », « ethnocide » commis par Tsahal. Donc, entièrement sur le justificatif Goldstone, joker et idiot utile du Jihadisme anti-Juif.
En ce sens de la justification populaire permanente de la guerre contre Israël jusqu’à éradication, sur la base du détournement de cette colère arabe qui vise plutôt ses dictateurs que « l’entité sioniste », peu présente dans les discours et revendications, une « troisième Intifada » a été lancée sur Internet. Elle doit culminer le 15 mai, jour déclaré de la « Nakba », la « catastrophe » que constitue pour le monde arabo-musulman, l’Indépendance d’Israël (14 mai 1948). « L’erreur » ici, répétée ad nauseam est qu’il n’est toujours pas question d’avancer vers l’avenir d’un « Etat palestinien », mais de ne considérer cette probabilité que sur le registre du profond regret et ressentiment que l’état hébreu soit né une seconde fois et qu’il n’ait toujours pas disparu, voire qu’il ne disparaîtra jamais ; et, par conséquent, qu’il serait temps d’apprendre à coexister avec la réalité.
Cette « 3è Intifada » tient donc le langage du Hamas, tout en le présentant sous forme de « manifestations pacifiques, solidaires » à travers le monde. Et, contrairement aux révoltes arabes, elle ne prend nullement pour cible ses dirigeants, Haniyeh ni même Abbas, mais se sert de cette contestation pour crier sa haine de l’existence d’Israël. Ce faisant, elle maintient que la cause de ce fameux Etat, voulu par l’ONU, le Quartette, l’Europe et les Etats-Unis, ne tient vraiment que par haine de l’autre, donc recherche, non de la paix mais de la guerre. Qu’elle soit symbolique, juridique, diplomatique, médiatique, si tels sont les recours, peu importe. La « réconciliation » si elle a le lieu, se fera sur le dos de « l’ennemi ontologique ». Que les instances internationales se paient de mots ou de faux rapports-bidon n’est pas non plus le sujet. L’essentiel est que chacun y croit très fort.
Dernier point enfin, le rapport Goldstone, pour autant qu’il existe toujours en tant que fiction nécessaire à faire tenir l’ensemble, se conjugue très bien avec la nouvelle doctrine mise en application en Lybie, au nom du Conseil de Sécurité, pour intervenir là où il y a soupçon de « crimes de guerre » ou de « crimes contre l’humanité ». C’est ainsi que, bien que cette campagne piétine, voire recule en laissant les mains libres à Kadhafi, elle pourrait être utile à faire appliquer, ailleurs, un « droit international », éventuellement biaisé depuis la source, mais reconnu par appétit du gain et du dogme, à force de délégitimation d’Israël. On sait, du reste, que la doctrine de « responsabilité de protection » a été échafaudée sous les conseils ô combien avisés d’Hanan Ashrawi (lCl ), protectrice des droits du Hamas, ou encore de G. Soros, administrateur de banques et de fiascos économiques autant que de « l’International Crisi Group », où siègent des gens aussi recommandables que Mary Robinson (Durban), Mohammed el-Baradeï (protection des droits nucléaires de l’Iran et allié des Frères Musulmans), ou encore Robert Malley (lCl) (négociateur auprès du Hamas, conseiller d’Enderlin).
Tant qu’une réforme de fond de la composition, des critères d’éligibilité et de la représentativité, au sein de l’ONU n’interviendra pas (c'est-à-dire, probablement : jamais), les procès kafkaïens se poursuivront sur une base inique. L’essentiel et seul argument que détient Israël est d’être légalement en mesure de démontrer son bien-fondé et son bon droit, face à cette parodie de « Loi internationale », qui est en train de faire la démonstration de sa profonde dérive vers le totalitarisme.
Ici, Israël joue parfaitement son rôle immuable : celui de grain de sable à faire dérailler le "Machin" et de tenir tête, fermement aux "Nations" en regardant la vérité droit dans les yeux.