Le neodyme (neodymium) métal rare aux propriétés magnétiques uniques, est un élément indispensable à l’industrie high-tech mondiale. Aujourd’hui la Chine contrôle plus de 90% de sa production (une centaine de milliers de tonnes par an), notamment grâce à son site de Baotou en Mongolie intérieure.
Il existe d’autres gisements dans le monde, situés en majorité dans les pays du Commonwealth : Afrique du Sud, Australie, Canada et en Europe au Groenland. Seul problème : les puissances technologiques se réveillent un peu tard. Le temps nécessaire entre la découverte d’un site d’exploitation et sa complexe mise en production prend environ 10 ans (comme pour le développement d’un médicament).
Donc pour plusieurs années encore le monde entier dépend de la Chine qui utilise l’essentiel de sa production et joue la guerre des nerfs en serrant un robinet dont le débit est déja beaucoup trop faible. Les industries les plus visées par cette pénurie stratégique sont, manque de chance, celles qui misent sur la révolution verte comme les éoliennes ou les automobiles hybrides (il faut plusieurs kilos par véhicule), green IT… A noter au passage que la Chine est le plus gros producteur d’éoliennes au monde.
La situation actuelle évoque, mutatis mutandis, celle survenue il y a 30 ans en pleine guerre froide. Le néodyme n’était pas encore utilisé et c’est le cobalt qui faisait l’affaire. Les plus grosses quantités étaient produites en Afrique au Zaïre (actuelle RDC) sur la ligne de fracture entre l’Union Soviétique et l’Occident. Les soviétiques jouèrent la carte du cobalt en faisant lancer la rébellion sur le Shaba (Katanga) ce qui justifia l’intervention de la légion française à Kolwezi pour …libérer les otages. La menace d’une pénurie de cobalt fut telle qu’un consortium américano-japonais mit au point en urgence une nouvelle technologie de substitut. L’ère du néodyme débuta donc sur une tentative -ratée- de torpillage industriel par l’URSS.
Autres temps, autres moeurs ? Aujourd’hui le monde high-tech en stupeur, tremble en silence face à la Chine. 3 stratégies se mettent cependant en place, parfois simultanément : tout d’abord, l’ouverture de sites de productions alternatifs au Groenland, en Afrique du Sud, au Canada et en Australie sans résultats immédiats garantis. Ensuite une politique de rapprochement et d’intégration en joint-venture avec la Chine pour la production de voitures hybrides par exemple.
La dernière approche, encore à l’état de supputation, consiste en une rupture technologique avec l’émergence d’une solution alternative. Grâce notamment aux nanotechnologies qui jouent avec les propriétés de la matière. Le défi dépasse bien entendu celui du neodyme, puisque les 17 terres rares (REE, rare earth elements) – tenues aussi en grande partie par la Chine- contrôlent tout l’essor du high-tech en général et celui des technologies de défense en particulier.
L’affaire du Cobalt zaïrois a fait suffisamment de dégâts à l’époque pour inciter les puissances technologiques les plus visionnaires a trouver de nouvelles voies avec la plus grande détermination. Si la piste nano est retenue -on en voit pas d’autre- il est possible que l’on assiste à des alliances industrielles de contournement du neodyme. Parmi les leaders nanotech : les USA, le Japon, l’Allemagne pourraient créer la surprise via leurs multinationales ultra-puissantes et prendre Pekin de court. Effet boomerang garanti. On se souvient dans un autre domaine que c’est le boycott d’Israel par De Gaulle qui a lancé l’industrie de défense israélienne en réaction. Avec le succès que l’on sait.
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