> Le point sur la Tunisie dans la confusion - suite ......(actualisation permanente)
dimanche 16 janvier 2011 - 16h52, par Chawki Freïha - Beyrouth
Si la Libye et l’Algérie redoutent un effet domino direct, après la chute du régime de Ben Ali, d’autres pays plus éloignés, comme l’Egypte, la Jordanie, la Syrie, le Yémen et le Maroc notamment, craignent une propagation de la contagion à travers les médias satellitaires et internet. Pour se protéger, ces régimes risquent d’alimenter le chaos en Tunisie pour que ce pays ne serve pas d’exemple de réussite.
Les dictatures arabes redoutent que le vent de liberté qui a renversé Ben Ali en Tunisie ne se transforme en une tempête qui la balayera dans un avenir proche. L’onde de choc transmise et accélérée par les médias, les télévisions satellitaires et les réseaux sociaux sur internet ne laisse pas insensibles les citoyens de ces pays, damnés par la dictature depuis des décennies.
Si les aspirations à la liberté et à la démocratie, dans ces pays, sont proportionnelles aux privations et aux souffrances endurées, la détermination des dictateurs à continuer à régner sans partage et leur envie à poursuivre le pillage de leur propre pays sont, elles aussi, inébranlables.
De ce fait, les dictateurs, qui ne sont pas à un crime près, peuvent s’accorder entre eux pour accélérer la déstabilisation de la Tunisie et la plonger dans le chaos. La Libye, l’Algérie, l’Egypte et les autres pays, dirigés par des dictateurs héréditaires, pourront se servir du chaos tunisien comme un contre-feu qui les protègerait. Ils présenteront alors la Tunisie de l’après-Ben Ali comme un exemple malheureux de ce qui attendrait les Libyens, les Algériens, les Egyptiens et les autres si ceux-là chercheraient un jour à se libérer des Kadhafi, Bouteflika, Moubarak et les autres.
Pour l’instant, c’est l’une des explications du chaos qui se répand en Tunisie, où des étrangers armés ont déjà été arrêtés. Si les miliciens que Ben Ali a mis en place avant sa chute constituent le principal facteur de déstabilisation, ils pourront vite se transformer en mercenaires et servir, dans les prochains jours, les intérêts des dictatures voisines pour enfoncer la Tunisie dans l’abîme. Le choix qui se présenterait aux nombreux amoureux de la liberté, qu’ils soient Libyens, Egyptiens, Algériens ou d’autres nationalités, se limitera alors entre la sécurité, façon Ben Ali, et le chaos qui l’aura remplacé. Les seuls bénéficiaires de cette situation seront les dictateurs. Reste à savoir si les Tunisiens sont prêts à servir de cobayes, dans ce nouveau laboratoire qu’est devenue la Tunisie, aux services des dictatures ?
Chawki Freïha
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