HAZAK ISRAEL, LA TERRE APPARTIENT A CELUI QUI S’Y ETABLIT
Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach
Pour © 2010 lessakele et © 2010 aschkel.info
Ce 9 novembre 2010, le quotidien Haaretz a communiqué sur les nouveaux plans de constructions décidés par le gouvernement israélien. Il en est notamment ainsi d'un nouveau quartier dans l’implantation d’Ariel qui comprendra 800 logements sur une zone incluse dans l’ancien plan d’extension de la ville, à proximité de la ville palestinienne de Selfit. Pour l’heure, l'exécution de ce projet est subordonnée à l’approbation du Comité de la planification et de l’habitat de la municipalité d'Ariel, mais rien ne devrait s’opposer à un démarrage rapide des travaux. En effet, et selon le quotidien, il « n'a pas besoin de l'approbation du ministère de l'armée en ce qu’il sera construit sur des terres dépendant de propriétés privées juives ».
D'autres informations concernent les opérations à Jérusalem Est : les autorités israéliennes ont distribué (le même jour), des ordres de démolition de maisons palestiniennes construites sans permis (des autorités israéliennes), dans les quartiers de « Boustan », « Ain Al Lawza » et « Oued d’Ayasol », sur le territoire de la ville de Selwan. Ces démolitions sont notamment destinées à la mise en place d’espaces verts dans la partie jouxtant le parc archéologique (actuellement en cours d’aménagement) dénommé « le Jardin du Roi » (en référence aux jardins du Roi Salomon où se trouvait la capitale Jérusalem fondée par le Roi David, il y a trois mille ans).
Ce qui a toutefois déclenché le plus grand concert de protestations (ce 9 novembre 2010), c’est le projet de construction de 1300 logements à Har Homa et à Hamot, autres quartiers de Jérusalem Est, sortis de terre en 1997, alors que Benjamin Netanyahou était Premier Ministre. Le Président palestinien Mahmoud Abbas a immédiatement demandé (le 10 novembre 2010), une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour débattre de la poursuite de la « colonisation juive » en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. De Même, la France a déploré l’autorisation de construire ces logements, estimant qu’elle était contraire au Droit international et aux dispositions de la feuille de route du Quartet de 2003, et qu’elle constituait un obstacle à la paix et à la solution à deux Etats. Elle a donc, avec l’Union européenne, le Quartet, les Etats-Unis, et la communauté internationale, plaidé pour la prolongation du moratoire et demandé instamment aux autorités israéliennes de revenir sur cette décision.
Il est vrai que depuis 2004, la municipalité de Jérusalem a adopté un nouveau schéma directeur (remplaçant celui de 1959), sur la base de projections démographiques sociales et économiques, destinées à consolider la souveraineté israélienne sur la ville Sainte. Dans ce cadre, de nouveaux quartiers ont été aménagés sur les collines désertiques qui entourent Jérusalem, parfois à proximité de villes sous contrôle de l’Autorité Palestinienne comme Bethléem. Par ailleurs, et pour parfaire l'unification de la capitale, il a été décidé de construire un tramway à l’est de la ville (dont le marché a été attribué au consortium français City Pass, regroupant Alstom et Connex) qui reliera, en avril 2011, les implantations de Pisgat Ze’ev et Maale Adumim au Mont Herzl situé à Jérusalem-Ouest.
Les critiques (fusant de toute part) n’ont toutefois pas ébranlé le Premier Ministre israélien qui n’entend pas tergiverser sur les orientations futures concernant la capitale éternelle du peuple juif. Aussi, a-t-il fait preuve d’une très grande fermeté dès avant sa réunion avec Hilary Clinton à New York prévue ce 11 novembre 2010, en insistant sur le fait « qu’il n’existe aucune connexion entre le processus de paix et la politique de planification et de construction à Jérusalem qui n'a pas changé depuis 40 ans ». Plus précisément, il a confirmé que « Jérusalem n'est pas une colonie, Jérusalem est la capitale de l'Etat d'Israël » et que le moratoire sur les implantations en Cisjordanie ne concernait pas Jérusalem-Est.
Bien évidemment, concernant ce dernier point, le Premier Ministre israélien a parfaitement conscience des prochaines pressions qui vont s’exercer sur l’Etat hébreu afin de stopper les constructions dans les territoires disputés. Aussi, anticipe-t-il l'application de la doctrine traditionnelle israélienne en vertu de laquelle, « dès que les fondations ont été posées, les constructions doivent être terminées ».
Ainsi, au cours de ces trois dernières semaines, ce ne sont pas moins de 600 nouveaux logements qui sont sortis de terre en Cisjordanie, dans une trentaine d’implantations. On peut citer Kedoumim (à six kilomètres à l’ouest de Naplouse), où 70 logements sont en chantier, ou encore Karmeitsur, au nord d’Hébron, où 56 logements ont été commencés, voire également à Nerya, à l’ouest de Ramallah, où la construction de 27 nouvelles maisons a démarré… Dans la vallée du Jourdain, des israéliens originaires de l’implantation de Maskiot ont édifié des clôtures sur des terres désertiques appelées « Ein El Hilwe » (sur une partie desquelles sont installées des communautés bédouines) afin d’y établir une nouvelle implantation (Tsahal vient de mettre le territoire sous son contrôle et sa protection). Notons enfin que l'installation juive en Cisjordanie s’opère également par la pose d'habitations provisoires comme dans l'implantation de Shavot Rachel, au sud-est de Jénine, où 9 mobil-hommes viennent d'être positionnés...
Cette politique n’est en fin de compte, qu’une application du principe datant du fond des âges selon lequel « la terre appartient à celui qui s'y établit ». C’est en effet sur ce principe que se sont toujours constitués les Etats, soit physiquement lorsque qu'un Etat souverain plantait son drapeau sur une terre désertique, soit militairement lorsqu’il s’y établissait en imposant ses cultures et ses valeurs, soit par la violence pour défaire les civilisations en place (les invasions barbares). Notons également que les conquêtes territoriales s’opèrent de façon religieuse, soit pour mettre localement en place un système de foi lorsqu’il n’en existe pas, soit pour combattre celui qui existe. (Au passage c’est encore ce mode de conquête qui devrait être employé dans les pays qui renient leurs principes culturels et cultuels historiques au nom du « sacro principe » de laïcité. La construction dans les pays laïcs, de mosquées, la systématisation du port du voile dans l’espace public, la mise en place de chaines de restaurant exclusivement Hallal, voire tout récemment des restaurants universitaires hallal, devraient donner des idées et certainement susciter des comportements violents chez ceux qui aspirent à une généralisation de la charia dans le monde…)
Pour sa part, l’Etat d’Israël peut (et doit) continuer à s’établir sur les terres sans souveraineté de Cisjordanie et y étendre la « néchama juive » eu égard au contexte actuel tout à fait favorable. Le mandat du Président Abbas n’a pas été reconduit (faute d’élection), ce qui lui ôte toute qualité pour représenter les Palestiniens. De son côté, le Hamas (dont le courant de pensée tend à devenir majoritaire), appelle toujours à la destruction d’Israël et s’interdit tout partage de la Palestine historique qui emporterait reconnaissance de facto de l’Etat hébreu. Enfin, la communauté internationale n’est pas non plus en bonne position pour imposer un partage territorial non accepté par les juifs et les palestiniens, sauf à se voir une nouvelle fois reprocher une ingérence de type colonial dans les affaires locales, comme ce fut le cas le 29 novembre 1947, lorsqu’elle a décidé de partager la Palestine. Dès lors, Hazak Israël, rien ne s’oppose véritablement à la consolidation de son emprise territoriale.
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