Liliane Messika
© Primo, 03-05-2010
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Orwellien : l’Iran élu à la Commission pour la condition féminine de l’ONU
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Le 29 avril 2010, afin de pourvoir des « sièges vacants dans ses organes subsidiaires »le Conseil économique et social de l’ONU a élu « par acclamation » l’Iran à la Commission du statut des femmes (CSW) pour un mandat de quatre ans, à compter de 2011.
Dis, Papa, c’est quoi la CSW ? Tais-toi et ponds !
La Commission du statut des femmes, explique l’ONU, c’est le « principal organisme mondial d’élaboration des politiques » en matière des droits et des revendications des femmes et il est « dédié exclusivement à l’égalité entre les sexes et à la promotion des droits de la femme. »
Elle se compose de 54 pays membres, élus pour 4 ans et répartis sur des bases géographiques : 13 en Afrique, 11 en Asie, 9 en Amérique latine et aux Caraïbes, 8 en Europe de l’Ouest et 4 en Europe de l’Est. Lire
A l’applaudimètre de la semaine dernière, l’Iran a donc partagé sa victoire avec des petits camarades de toutes ces régions : la République démocratique du Congo, le Libéria, le Zimbabwe, la Thaïlande, l’Estonie, la Géorgie, la Jamaïque, la Belgique, les Pays-Bas et l’Espagne.
Les droits des femmes là où on ne respecte pas les droits de l’homme ?
Des esprits chagrins feront peut-être remarquer que la République démocratique du Congo, le Libéria et le Zimbabwe ne sont pas exactement des modèles de respect des droits de l’homme.
Certes, mais il s’agit des droits des FEMMES !
Et là, on leur répondra qu’au Congo, on assassine indifféremment les hommes et les femmes, qu’au Liberia, on leur coupe les bras et les mains avec le même enthousiasme et qu’au Zimbabwe, les étrangères sont expulsées et assassinées exactement comme les étrangers.
Un groupe de militantes iraniennes avait bien tenté d’interpeler la « communauté internationale » au motif que « Les lois discriminatoires de l’Iran démontrent que la République islamique ne croit pas en l’égalité entre les hommes et les femmes. (…) Ces dernières années, le gouvernement iranien n’a pas seulement refusé d’entériner la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination envers les femmes (CEDAW), mais s’y est activement opposé. L’Iran a enchâssé la discrimination contre les femmes dans ses lois, aussi bien que dans ses établissements politiques et culturels. »
Elles n’ont manifestement pas été entendues.
Si, si, l’Iran pratique l’égalité des sexes !
Si l’Etat iranien commet quelques menus écarts, comme la lapidation des femmes, le fouet pour les « immodestes », la torture, le viol et l’assassinat des prisonnières politiques (entre autres),il n’en respecte pas moins l’égalité des sexes dans un domaine fondamental : celui des exécutions capitales.
Les « moharebeh », les ennemis de Dieu, sont condamnés à mort avec le même zèle, indépendamment de leur âge et de leur sexe. Ainsi ZeynebJalalian, 27 ans, a-t-elle été condamnée à la peine capitale en janvier 2009.
Procès exemplaire
Son procès aurait pu servir de modèle à nos tribunaux encombrés : il s’est terminé en quelques minutes à peine, aucun avocat n’ayant à faire perdre du temps à la justice. Après ses 8 mois de détention préventive à l’isolement, Zeyneb a été envoyée directement dans le couloir de la mort.
Bien entendu, l’Iran est un Etat de droit, sinon on n’imaginerait pas qu’il soit élu dans une commission de l’ONU.
Il possède donc une Cour Suprême à laquelle s’est adressée la jeune Kurde. Dura lex, sed lex : l’instance suprême a confirmé la sentence le 26 novembre 2009.
Les couloirs de la mort iraniens sont un brin encombrés.
Zeyneb Jalaliany sera en compagnie de Hossein Khezriet Ja’far Kazemi, d’Amir Reza Arefi, de Mohammad Amin Valian, d’Abdolreza Ghanbari, de Mme Motahareh (Simin) Bahrami avec son mari Mohsen Daneshpour Moghaddameet leur fils, Ahmad Daneshpour, de Hadi Gha’emi et de Mme Rayhaneh Haj Ebrahim.
Ben quoi, trois femmes dans les couloirs de la mort, si c’est pas de l’égalité des sexes…
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