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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 04:25





 
 No 113 03 mars 2010, Editorial

hamodia.

La thématique « aryenne » propagée par les Allemands entre 1890 et 1941 – cinquante ans – est devenue partie intégrante de la pensée politique iranienne.

 
Un Moyen-Orient « libre de sionistes » : c’est le but que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s’est fixé le 24 février, à l’issue de sa visite officielle en Syrie, au cours d’une conférence de presse tenue conjointement avec le président syrien Bashar al-Assad.
Cette expression semble calquée sur l’euphémisme qu’employaient les nazis pour décrire les effets de Shoah, sinon la Shoah elle-même : dans leur vocabulaire, un pays où la communauté juive avait été assassinée, d’une façon ou d’une autre, était réputé « libre de Juifs » - Judenfrei. Il y a lieu de penser que le parallèle n’est pas fortuit, mais délibéré. Ahmadinejad a en effet souvent employé, dans le passé, des thèmes et des formules rhétoriques empruntées à l’idéologie néo-nazie.
L’interview qu’il a accordée le 10 avril 2009 au magazine allemand Der Spiegel constitue à cet égard un morceau de bravoure. En quelques mots soigneusement choisis, anodins en apparence mais en fait explosifs (ce qui suppose l’assistance de conseillers allemands, ou ayant vécu suffisamment longtemps en Allemagne pour être au fait des débats officiels ou officieux, avoués ou inavoués, qui ont cours dans ce pays), et avec une touche d’humour méphistophélique rappelant celui de « feu le chancelier Hitler », il engage le peuple allemand à secouer les exigences morales qui lui ont été imposées après la Seconde Guerre mondiale, notamment vis à vis des Juifs, et à mener une « politique de puissance » spécifiquement dirigée contre les États-Unis.
Voici ses propos, cités verbatim. Les journalistes du Spiegel lui faisant observer que le refus de reconnaître l’existence d’Israël pèse comme une hypothèque sur les relations irano allemandes, le président iranien répond : « Croyez-vous que le peuple allemand soutienne le sionisme ? (…) Si un référendum pouvait être organisé sur cette question, vous découvririez que le peuple allemand hait le régime sioniste ». Les journalistes rétorquent qu’ils ne sont pas de son avis et lui demandent, dans la foulée, s’il a bien reçu un DVD sur l’Holocauste qu’ils lui ont envoyé dans le passé. Ahmadinejad : « Mon opinion est que la controverse sur l’Holocauste ne concerne pas les Allemands. C’est un problème beaucoup plus profond ». Puis, sans transition, il ajoute : « Soit dit en passant, merci beaucoup d’être venus m’interviewer. Vous êtes Allemands, et nous avons une très haute opinion des Allemands. » Les journalistes du Spiegel lui demandent s’il a un message à transmettre au gouvernement de Berlin. Ahmadinejad : « J’ai envoyé voici trois ans une lettre à Angela Merkel où… j’appelais l’Allemagne à faire preuve de plus d’indépendance ». Dans un autre passage de l’interview, il demandera s’il est « juste » que « les États-Unis possèdent 5 400 têtes nucléaires et l’Allemagne aucune ».
Le politologue allemand Matthias Küntzel a retracé l’histoire de l’antisémitisme iranien moderne dans un article publié dans la dernière livraison du Israel Journal of Foreign Affairs, publié par le Conseil israélien pour les relations internationales. Cette question a également été étudiée de façon approfondie par le chercheur franco-américain Laurent Murawiec, prématurément disparu en 2009, dans son opus magnum, paru aux Presses universitaires de Cambridge : The Mind of Jihad (« L’Esprit du Jihad »).
Premier point : l’Iran (ou la Perse, pour reprendre ce qui fut son appellation jusqu’en 1935), comme tous les pays non européens et plus particulièrement comme tous les pays musulmans, a vécu la suprématie occidentale, aux XIXe et XXe siècle, comme une « humiliation » effroyable. Au début du XIXe siècle, il croyait être une très grande puissance. À la fin de ce siècle, il n’était plus qu’un État semi colonial, que s’étaient plus ou moins partagé les Russes au nord, et les Anglais au sud.
Deuxième point : la seule consolation, pour les Iraniens, c’est qu’ils appartenaient, au moins par la langue, au monde dit « indo-européen » ou « indo-germanique », dont se réclamaient également les Européens, maîtres du monde. Politiquement et géopolitiquement, ils n’étaient rien. « Racialement », ils étaient tout.
Troisièmement point : le pays européen qui accordait le plus d’importance aux théories raciales, l’Allemagne, ne colonisait aucun pays musulman, et soutenait au contraire, à partir de 1890, les plus puissants d’entre eux, l’Empire ottoman et la Perse. Bien entendu, cette situation résultait de hasards historiques (Bismarck, le fondateur de l’Allemagne moderne, ne croyait pas aux colonies) ou de calculs stratégiques (la Turquie et la Perse, menacés par la Russie et l’Angleterre, ne pouvaient que se tourner vers l’Allemagne). Mais les Musulmans l’interprétaient fantasmatiquement comme l’expression d’une amitié profonde, qui ne pouvait résulter, elle-même, que de la « conversion » à l’islam, tenue secrète mais indubitable, de l’empereur Guillaume II et d’une partie des élites allemandes…
Quatrième point : sous le IIIe Reich, les Allemands ont déployé des efforts considérables pour transformer le capital de sympathie dont ils disposaient en Iran en un ralliement géopolitique. Le premier shah Pahlavi, Reza Shah, a peu à peu cédé à cette opération de séduction. En 1941, sa neutralité dans le second conflit mondial se transformait peu à peu en un soutien actif à l’Allemagne. Ce qui a conduit l’URSS et la Grande-Bretagne à occuper l’Iran, et à contraindre Reza à abdiquer en faveur de son fils Mohamed Reza, le second et dernier souverain Pahlavi.
Cinquième point, la thématique propagée par les Allemands entre 1890 et 1941 - cinquante ans - est devenue partie intégrante de la pensée politique iranienne à partir de la fin des années 1940 - plus de soixante ans -, sous une forme nationaliste « laïque » ou islamique. C’est ce substrat idéologique, bien plus que la théologie musulmane, même chiite, qui nourrit l’antisémitisme du régime khomeiniste et plus particulièrement de la dictature actuelle d’Ahmadinejad. C’est lui, par ailleurs, qui fédère autour de l’Iran les antisémites et néonazis européens, quel que soit leur degré de coming out.
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