Israël alerte sur le sort des armes de destruction massive en Syrie
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Voici un papier paru dans Le Figaro du week-end, en pied de l'article (ci-dessous) sur le Hezbolllah qui rapatrie ses armes de Syrie.
Il y a quelques semaines, Aviv Kochavi (en photo ci-dessus), le patron du plus puissant service de renseignements israélien (Aman, militaire, ndlr), a effectué une discrète visite au siège de l’ONU à New York. Objectif : alerter les principaux pays occidentaux du danger d’un renversement du régime syrien.
« Les Israéliens sont inquiets de l’avenir de l’arsenal des armes de destruction massives syriens, raconte un de ses interlocuteurs. Ils ont très peur que tout cela tombe entre n’importe quelles mains ou entre celles du Hezbollah ou de la direction politique du Hamas qu’ils hébergent. Ils nous ont passé le message suivant : faites attention, arrêtez la campagne diplomatique contre la Syrie parce qu’après une chute de Bashar el-Assad, c’est nous qui allons recevoir sur la tête cet arsenal ».
Ces dernières années, Damas s’est lancé dans la production d’armes chimiques en faible quantité, mais a surtout développé un programme balistique et nucléaire. En 2007, des appareils israéliens étaient allés bombarder le réacteur nucléaire que Damas avait construit dans le plus grand secret grâce à la Corée du nord. Bashar el-Assad n’avait pas réagi.
Depuis le printemps 2010, les craintes israéliennes se portent sur des activités balistiques auxquelles Damas se livrent en coopération avec l’Iran pour la fabrication de missiles M-600. D’une portée d'environ 250 kms, ces missiles sont dérivés des missiles iraniens Fateh-110, issus eux-mêmes de la technologie nord-coréenne.
Dans une note secrète, en date d’il y a un an environ, la DGSE estimait que les Syriens en étaient au stade des essais en vol. Qu’en est-il aujourd’hui ? Les Etats-Unis en auraient repéré une trentaine en train de passer au Liban l’an dernier. Les Israéliens sont d’autant plus inquiets que la nature du combustible solide qui alimente le M-600 le rend difficilement détectable avant la sortie de son silo de lancement.
Certaines sources israéliennes estiment que l’Iran a accepté de financer la chaîne de montage des M-600 à condition que la moitié de la production soit transférée à ses protégés chiites libanais du Hezbollah. Une chose est sûre : après la guerre de 2006, le Hezbollah et la Syrie ont approfondi leur partenariat. "L’armée syrienne a intégré les techniques de guérilla employées par le Hezbollah et cela a facilité une plus grande implication des membres et des structures de la milice chiite en Syrie", peut-on lire dans un autre télégramme diplomatique américain, divulgué récemment par Wikileaks.
« Sous pression, Assad pourrait jouer des vases communicants pour mettre en sécurité les bijoux de famille », ironise un diplomate aux Nations unies à New York. « On a déjà une instabilité à notre frontière sud avec la nouvelle Egypte, constate un responsable israélien. Nous sommes inquiets que des radicaux profitent du vide du pouvoir pour s’infiltrer en Tunisie et en Libye. Nous ne voulons pas qu’il en soit de même avec la Syrie ».
Au-delà des risques de voir l’arsenal syrien tomber entre de mauvaises mains, la recherche du stato quo s’explique aussi par un réflexe ordinaire, que nous expose un spécialiste français du renseignement : « Les Israéliens connaissent très bien ce qui se passe en Syrie. Leurs services alimentent leurs homologues occidentaux. Ils ont d'excellentes sources humaines qui leur ont permit d’assassiner Mougnieh (l'ancien responsable militaire du Hezbollah, en 2008 à Damas, ndlr) et d’excellentes images satellitaires qui leur avaient permis de suivre al-Kibar. Aujourd'hui, Israël préfère garder un ennemi qu’il connaît bien en l'espionnant, plutôt que d’avoir à reconstruire tout un réseau de sources et tomber dans l’inconnu. Il n’y a rien de pire pour des grandes oreilles ».
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