La directrice associée de Human Rights Watch, Caroll Brogert, était la semaine dernière en Israël, exhortant le gouvernement à agir rapidement pour mettre fin "aux souffrances des innocents". Mais cette fois, Gaza n'était pas en cause. Elle faisait référence au Zimbabwe, et au rôle clé qu'Israël peut jouer pour soutenir les droits de l'Homme contre les abus commis par l'armée dans les mines de diamants dans l'est du pays.
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En janvier, Israël a pris les rênes de la présidence tournante du Processus Kimberley (PK), un programme appuyé par les Nations unies dont l'objectif est d'empêcher le commerce des "diamants du sang". L'objectif consiste également à faire en sorte que les diamants vendus ne soient pas issus de violences ou de violations des droits de l'Homme.
Traditionnellement, ces "diamants du sang" ou "diamants de guerre" étaient vendus par des groupes rebelles pour financer leur lutte contre les gouvernements qu'ils cherchaient à renverser. Le PK, composé de 75 Etats-membres, de représentants de l'industrie du diamant et d'organisations de défense des droits de l'Homme, se réunit annuellement après avoir mené des missions d'observation. Son dernier sommet, qui s'est tenu en novembre en Namibie, a été l'occasion d'une "révolution" : pour la première fois, des sanctions ont été prises à l'encontre d'un Etat souverain.
Succès au Marange
Après une mission d'enquête au Zimbabwe l'été dernier, considérant que l'extraction de diamants dans ce pays ne satisfaisait pas les conditions minimales du PK, les membres ont décidé que les diamants des mines de Marange ne pourraient plus être commercialisés jusqu'à ce qu'un programme encadré par le PK assure une amélioration des conditions. "Commercialiser les diamants de Marange aujourd'hui revient à encourager la violence contre des populations civiles", affirme Eli Izhakoff, président du Conseil mondial du diamant.
Un rapport de Human Rights Watch publié en 2009, basé sur une centaine de témoignages, montrait que, sur ce site diamantaire découvert en 2006, la police et l'armée zimbabwéennes avaient recours à la violence pour accéder aux mines et en prendre le contrôle illégalement. Les personnes interviewés pour ce rapport révèlent que la police, censée réprimer la contrebande illégale, est en fait responsable de sérieux abus : meurtres, tortures, harcèlement. La prise de pouvoir par l'armée sur les champs de diamants de Marange en octobre 2008 est en fait une tentative militaire de les contrôler.
Les soldats imposent le travail forcé de centaines d'enfants, sous la menace de la torture, pour ceux accusés de ne pas extraire les diamants pour l'armée. L'argent récolté a servi au gouvernement à payer les salaires des policiers et des militaires, à enrichir les hauts responsables du parti du président Robert Mugabe, le ZANU-PF, et à constituer d'importantes entrées pour la Banque du Zimbabwe, qui a couvert des opérations militaires.
Un équilibre nécessaire
Le cas du Zimbabwe est donc en haut de l'agenda pour les membres du Processus. La difficulté vient du fait que la souveraineté nationale du pays ne doit pas être sous-estimée, et ne peut être contournée qu'avec un accord de 100 % des membres. Autrement, "la réputation et l'influence du processus pourraient être sérieusement endommagées", confie le représentant israélien et actuel président du PK, Boaz Hirsch. Il faut un "équilibre" pour maintenir tout le monde sur la même longueur d'ondes.
Avi Paz, président de la Bourse de Diamants d'Israël à Ramat Gan, récemment élu chef de la Fédération mondiale de Bourses de diamants, est un membre du PK. Il affirme que l'action du Processus est l'"une des meilleures choses pour l'industrie diamantaire".