SHOAH : MÉDECIN, PÉDIATRE, ÉCRIVAIN, LE NOM DE JANUSZ KORZACK, RESTERA GRAVÉ DANS LES MÉMOIRES COMME UN HÉROS QUI S'EST SACRIFIÉ POUR LES ORPHELINS.
Par Astrid Ribois
Rubrique: Shoah
Publié le 2 mai 2011
Médecin, pédiatre, écrivain, le nom de Janusz Korzack (photo), restera gravé dans les mémoires comme un héros qui s’est sacrifié pour les orphelins dont il s’occupait lors de la seconde guerre mondiale. Portrait d’un homme, dont le courage a fait de lui un héros des enfants polonais.
En dehors de la Pologne, Janusz Korczak, né le 22 juillet 1878, est surtout connu pour son dernier acte véritablement héroïque : incarcéré dans le Ghetto de Varsovie avec près de deux cents enfants de l’orphelinat qu’il dirigeait, il a décidé de refuser d’être sauver par des amis polonais pour accompagner les orphelins vers Treblinka où une mort certaine les attendait.
Il y avait toutefois beaucoup à admirer dans la vie de ce héros avant cette fin tragique. Janusz Korczak, de son vrai nom Henryk Goldszmit, était un médecin et un auteur, dont les écrits sont basés sur une observation attentive. Ces nombreuses œuvres, dédiées à la pédagogie, dont l’emblématique ’’Le roi Mathias, sont toutes aussi empathiques que perspicaces.
En 1912, après avoir servi dans la guerre russo-japonaise en tant que docteur militaire, il établit un orphelinat pour les enfants juifs de Varsovie qu’il organise comme une démocratie microcosmique : ‘’La république des enfants’‘. Les enfants avaient leur propre parlement, leurs propres journaux et un tribunal, dans lequel ils débattaient des transgressions contre les règles de l’école et des sanctions appropriés, ces dernières étant souvent levées du fait de la compassion des enfants. Ainsi, Janusz Korczak a administré une éducation par une justice naturelle et une psychologie éthique.
Ses convictions sur l’éducation étaient guidées moins par la théorie que par un humanisme sans borne. Il croyait en la dignité pleine et entière des enfants – ‘’le plus vieux prolétariat du monde’’ – et leur besoin d’amour et de respect. Encore aujourd’hui, ses livres pour enfants sont toujours lus en Pologne.
Il est notamment le précurseur de l’application des droits de l’enfant – le droit à l’expression, à la parole, la participation, le droit d’association – établis de manière officielle par la Convention des Nations-Unies pour les droits de l’enfant en 1989.
En 1934 et 1936, Janusz Korczak s’est rendu en Palestine. Influencé alors par les mouvements des Kibboutz, il était convaincu que tous les Juifs devaient émigrer en sur cette terre.
En 1939, lorsque le pays a été envahi par l’Allemagne et l’Union soviétique, il s’est porté volontaire pour servir comme officier dans l’armée. Sa requête n’a cependant pas été écoutée, en raison de son âge déjà avancé, 61 ans. Son orphelinat a par la suite été transféré dans le Ghetto de Varsovie. Là, il n’a cessé de tentait de nourrir les enfants dont il avait la charge mais aussi de continuer à nourrir leur esprit. Il refusait notamment de porter l’étoile jaune que les nazis avaient désacralisée. A plusieurs reprises, ses amis polonais lui ont proposé de s’échapper du Ghetto. Il a toutefois toujours refusé, préférant ne pas abandonner les orphelins.
Pour préparer ses protégés à la mort qui les attendait, il avait joué une pièce de Rabindranath Tagore, à la fois poignante et déchirante, sur la mort d’un enfant. Son courage et sa compassion à toute épreuve se sont manifestés jusque dans ses derniers instants. En août 1942, il a décidé d’accompagner volontairement les deux cents enfants de l’orphelinat, déportés vers les chambres à gaz du camp de Treblinka.
Un monument pour commémorer son courage sans faille a été érigé au cimetière juif de Varsovie ainsi qu’à Yad Vashem. Sur ce dernier, Janusz Korczal est représenté avec douze enfants symbolisant les douze tribus d’Israël.
Source: Astrid Ribois / Guysen.com