Par l'excellent Jacques Sayag
Pour aschkel.info et lessakele
JCall : Ils sont venus, ils sont tous là...
Vous connaissez la chanson. Non, pas le temps des cerises, mais celui des moulins à vent, celui qui voit refleurir la nostalgie des bavardages de salons. Il y a, dans cette joyeuse ribambelle de pétitionnaires, un grand nombre de signatures sur lesquelles il sert à peu de choses de s’appesantir trop longuement.
On aura peu de mal à reconnaître, au hasard de l’alphabet, les noms de ceux qui ne ratent jamais une bonne occasion de swinguer sur l’air qu’on leur joue. Ils se font simplement valoir comme ils peuvent en faisant mine d’avoir de la suite dans les idées, alors que d’idées, ils n’en ont point. Ou, du moins, croient-ils que ce serait dans la mode dont ils ont été, jusque là, exclus, qu’ils vont retrouver le panache qu’ils sont seuls, depuis toujours, à se reconnaître.
Cela porte un nom : l’opportunisme. Sauf si l’on a meilleure définition de l’activité hautement téméraire de ceux qui se prennent pour des ténors de la pensée parce qu’ils hurlent avec les loups.
L’aréopage ne manque pas de gracieuses figures. Tel un Patrick Klugman, par exemple, qui doit en vouloir à la terre entière de ne pas citer ad libitum sa fameuse “belle phrase (PK dixit) : je suis un sioniste pro-palestinien”...le voilà certainement ravi, à présent, de se pavaner en compagnie de pro-palestiniens pas sionistes du tout.
Tels ces “responsables media”, comme ils se titrent eux-mêmes, qui ont fait de Judaïques FM une radio pro-israélienne sous conditions suspensives.
Ou enfin tel ou telle philosophe qui imagine, depuis plus de trente ans, qu’il n’est pas inutile, d’un point de vue purement esthétique probablement, de passer à la postérité sur le dos de l’âne bâté d’une ex-avant-garde.
Ils font ce qu’ils peuvent pour que le monde sache qu’ils pouvaient. Les voilà bouffis de satisfaction : le monde sait enfin qu’ils ont un sens très aigu de la....solidarité promotionnelle !
Je ne les soupçonne, et ne les accuse donc encore moins, de traîtrise ou de reniement. Ni de naïveté, cela va de soi. Je les trouve simplement pitoyables ; pitoyables de croire, derrière les Ray Ban de leur humanisme de pacotille, que c’est au Café de Flore que la “raison” prend ses quartiers alors que ce serait à Tel-Aviv ou Jerusalem qu’elle souffrirait d’une irrémissible maladie non seulement chronique mais aussi anachronique, selon eux.
Leur ardeur à vouloir le bonheur et la paix pour le Peuple d’Israël eût été bien mieux explicité dans un appel, lancé de toute la force de leur génie, demandant l’exclusion des instances internationales d’un pays comme l’Iran que son Président prépare en camp retranché des pires crimes.
Mais non, ces gens n’ont rien à prouver. Ils savent que l’on sait qu’ils ne rechignent jamais à déguster le bon falafel de juillet parmi le bon peuple en promenade sur Dizengoff. Certains y retournent même plusieurs fois l’an à la rencontre d’amis ou de proches dont la plupart serait même d’accord, paraît-il, avec leur “Appel à la raison”.
Oui, mais il y a un mais. Ces proches amis n’auraient jamais eu l’idée d’écrire ce texte ni de lui donner ce titre. Peut-être auraient-ils commencé ainsi : “ohé ! ohé ! nous sommes de ce côté du pont..” et auraient attendu la réponse.
Longtemps ? Allez savoir...
Quoi qu’il en soit, ces fulgurants crépusculaires, avec en tête de leur peloton un Elie Barnavi qui fait figure de DJ d’Agitprop, trouveront au moins grâce aux yeux de tous les Regis Debray de la planète qui n’en demandaient pas tant pour se garaudiser, tranquillement et à peine en sourdine.
Souvenez-vous, Roger Garaudy...qui, avec une perverse maestria, est passé du communisme à l’antisionisme eczémateux, avant d’atterrir dans le négationnisme commercial.
Ce que JCall ne voit pas (ne sait pas? ne comprend pas ?) c’est qu’il vient de faire la courte-échelle à une forme plus présentable d’un nouveau négationnisme. Quoi qu’il en dise.
Jacques Sayag