Pour aschkel.info et lessakele
Jour de deuil pour la presse
A 8 :29 lundi 26 avril 2010, le nouvelobs.com annonce que des témoins ont vu l’armée israélienne abattre un membre du Hamas dans une opération contre une maison de Cisjordanie.
Décodage : sans la présence de témoins, ces criminels de l’armée auraient disparu ni vu ni connu et personne n’aurait rien su. Le nouvelobs dit qu’ils l’ont « abattu », parce qu’on abat le bétail, le mot choisi avec soin, évoque la cruauté des bouchers sanguinaires de l’armée – sans prononcer ces mots. Et finalement, ce pauvre membre du Hamas se retrouve la victime innocente d’une opération contre une maison.
Le JDD.fr de son coté, indique à 9 :50 : Un activiste du Hamas recherché par Israël a été tué lundi lors d’un raid mené par l’armée israélienne. Ali Soueti était soupçonné d’avoir perpétré plusieurs attentats anti-israéliens
(Dictionnaire. Activiste : une personne qui refuse de se soumettre à l’autorité. Autrement dit, les bourreaux israéliens abattent un palestinien qui refusait de se soumettre à l’autorité. Puis le JDD explique que l’homme n’était que soupçonné. Autrement dit, les israéliens tuent de sang froid un homme sans le présenter à la justice, un homme « soupçonné » d’avoir perpétré des attentats, mais qui aurait pu être acquitté s’il avait été jugé.
Le parisien.fr, à 8 :50 titrait : Un responsable du Hamas tué par l’armée israélienne en Cisjordanie
Décodage : un « responsable », c’est comme dans votre entreprise. L’état voyou israélien se permet d’envoyer ses monstres tuer un responsable. Toute la seconde moitié de l’article est offerte au Hamas pour qu’il exprime sa juste colère. Le journaliste, avec beaucoup de conscience professionnelle (sic), cite le Hamas (beurk) : c’est un crime dégoûtant, l’assassinat d’un martyr, une escalade contre la résistance palestinienne. Il justifie ainsi que « seule la résistance est susceptible de repousser l’ennemi et de l’éradiquer de la terre de Palestine ». Tour de magie, l’éradication des juifs devient soudainement tellement naturelle, tellement juste.
Mais le pompon revient au journal israélien Haaretz, journal partisan, voire à la limite de l’antisionisme dans bien des cas, et qui alimente chaque jour les médias antisémites du monde entier. D’un titre vengeur, Haaretz surpasse de très loin la presse française qui pourrait prendre des leçons de propagande à Tel Aviv.
“Hamas : Israël entend nettoyer la résistance palestinienne.” titre Haaretz.
Dans le corps de l’article, seul le Hamas s’exprime, raconte son histoire, sa version.
Je suis sûr que vous vous demandez à quoi ressemble l’autre version des faits.
La voici.
Ali Ismail Ahmed Sawiti de son vrai nom, est né en 1968 et vit à Beit’Awwa. C’est un criminel recherché pour meurtre depuis 2004. Il est l’auteur de cinq attaques armées et une à l’explosif entre 1999 et 2004 pour le compte de l’organisation terroriste Hamas.
Le 3 Octobre, 2000 : il tire sur une voiture et ses passagers sur une route près de Shekef, à l’Ouest d’Hébron. La voiture accélère, il n’y a pas de victime.
Le 13 Novembre 2003 : Il ouvre le feu sur une voiture et ses passagers à un carrefour, par chance personne n’est blessé.
18 décembre 2003 : même scénario, il ouvre le feu sur une voiture et ses passagers au même carrefour, près d’Idhna. Encore une fois, il n’y a aucune victime.
25 avril 2004 : toujours au même carrefour, Ali Sawiti et plusieurs terroristes ouvrent le feu sur des voitures. Trois gardes frontières sont blessés. L’un d’entre eux, Yaniv Mashiah y laissera la vie.
Tôt dans la matinée du lundi 26 avril 2010, les forces du Shin Beth et des gardes frontières découvrent la maison du fugitif recherché depuis 2002 et l’encerclent. Depuis l’intérieur de la maison, des coups de feu sont tirés sur l’armée. Les soldats donnent l’ordre à Sawiti de sortir de la maison. Quatre fois. Sans succès. Alors ils envoient un bulldozer qui graduellement commence à détruire un premier mur. A ce moment, l’armée israélienne arrête le bulldozer et donne à Sawiti une nouvelle chance de se rendre. Personne ne répondant, le bulldozer reprend la destruction de la maison, et on retrouvera finalement le terroriste mort, sous les décombres.
L’armée a ensuite informé la famille de Yaniv de la mort de l’assassin de leur fils.
Reuven, le père de Yaniv, a indiqué à la presse que c’est le commandant des gardes frontières en personne qui lui a apporté la nouvelle.
Ca n’enlève pas la souffrance, a-t-il expliqué. Cette mort ne va pas me ramener mon fils, mais de savoir qu’il n’est plus en vie, et donc qu’il ne tuera pas d’autres juifs, est pour moi un peu de réconfort.
Il ajouta que la date symbolique – exactement six ans our pour jour après le meurtre de son fils – avait un sens particulier.
Le frère de Yaniv qui était en Hongrie dans le cadre de ses études, a appelé son père dès qu’il a entendu la nouvelle. « Je suis heureux, lui a-t-il dit, heureux parce que ce criminel ne fumera plus de cigarettes, ne boira plus de café, ne profitera plus de la vie »
Loin de moi l’idée de donner une leçon de journalisme à ces messieurs de la presse, car ce n’est pas de journalisme qu’ils font profession, mais de propagande.
Un journaliste devrait présenter les deux versions de faits aussi brûlants. Il devrait donner la parole aux représentant de chaque camp, avec d’autant plus de minutie que le conflit arabo israélien est hautement sensible, et laisser ensuite le lecteur faire son propre jugement.
Dans sa présentation des faits, il devrait utiliser un vocabulaire neutre, et non pas manipulatoire. Hamas est une organisation terroriste, il n’est pas acceptable que le mot terroriste, lorsqu’il s’applique à un palestinien, disparaisse de la langue française pour être remplacé par des mots qui veulent dire tout autre chose.
Les dirigeants israéliens, la population israélienne, la plupart des Juifs du monde ont raison sur un point que l’histoire nous a apprise : pour notre survie, on ne peut compter que sur nous mêmes, et les aboiements de la meute ne doivent jamais nous en faire douter.
Hélas, quelques juifs, un peu partout dans le monde et même en Israël, faibles et mal dans leur peau, complexés et culpabilisés, se sont mis à douter.
Après tout, si le monde entier nous critique se sont ils dit, c’est que nous avons peut être tord.
C’est ainsi qu’Haaretz raisonne (enfin, si on peut appeler ça un raisonnement).
Henri Laborit a démontré que la peur n’accouche pas du raisonnement mais de l’inhibition.