L’ANTI ISRAELISME ONUSIEN A LA LUMIERE DE WIKILEAKS
L'anti-israélisme onusien à la lumière de Wikileaks
Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach
Pour © 2010 lessakele et © 2010 aschkel.info
Ce 30 novembre 2010, l’Assemblée Générale de l’Onu a adopté (à une majorité écrasante), six projets de résolutions portant sur la question palestinienne. Cette date n'est bien évidemment pas le fruit du hasard. Depuis les résolutions onusiennes 32/40 B (du 2 décembre 1977), 34/65 D (du 12 décembre 1979), et 60/37 (du 1er décembre 2005), le « 29 novembre » n'est autre que la « journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien » qui marque l’anniversaire de la résolution 181, adoptée le 29 novembre 1947, plus connue sous le nom de « résolution sur le plan de partage de la Palestine en un « Etat juif » et un Etat arabe », (Jérusalem étant placée sous un régime international spécial). Bien que cette résolution onusienne 181 ait, en son temps, été refusée tant par les pays arabes du Moyen Orient que par les populations arabes de la Palestine mandataire, le « 29 novembre » est devenu, grâce à un formidable tour de « passe-passe », l’occasion de commémorer et d’imputer à Israël, ce qui est considéré comme « le drame » des palestiniens avec de multiples activités pour marquer cet évènement comme la publication de messages de solidarité, l’organisation de conférences, la diffusion de documents, d’ouvrages ou encore la projection de films…
Pour sa part, l’Organisation des Nations Unies s’est une nouvelle fois associée, ce 30 novembre 2010, à la « douleur palestinienne » en adoptant des résolutions identiques à celles déjà prises dans le passé, de nature à en perpétuer le symbole. Les deux premières résolutions confirment le soutien indéfectible de l’Onu à la cause palestinienne. Elles réaffirment les « droits inaliénables » du peuple palestinien ainsi que « la responsabilité permanente » de l'ONU dans le soutien au processus de paix au Moyen-Orient et à la solution à deux Etats, consistant en l'établissement de deux entités, l'une israélienne et l'autre palestinienne, coexistant pacifiquement. Par ailleurs, elle confirme le maintien de la Commission chargée de l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien et la division en charge des droits des palestiniens au sein du secrétariat de l'ONU. Bien évidemment, ces résolutions ne présentent aucun caractère de nouveauté puisque des résolutions similaires ont déjà été adoptées dans le passé (voir notamment Résolution 1515 du 19 novembre 2003).
Par ailleurs, les deux résolutions suivantes ne sont qu’une reprise des dizaines de résolutions de l’Onu qui condamnent, depuis des décennies, la politique de l’Etat hébreu et son emprise territoriale. Il en est notamment ainsi de la troisième résolution qui réaffirme « l'illégalité de l'occupation israélienne de la région controversée du plateau du Golan, situé le long de la frontière séparant Israël et la Syrie ». Une fois encore, rien de nouveau (sous le soleil) : cette résolution n’est qu’une reprise de la résolution 497 adoptée le 17 décembre 1981. De même, la quatrième résolution du 30 novembre 2010 annule et invalide une nouvelle fois les dispositions israéliennes prises au sujet de sa capitale « Jérusalem » (devenue capitale du peuple juif), en soulignant la nécessaire prise en compte « des préoccupations palestiniennes et israéliennes » dans le cadre d’une solution globale, juste et durable ». De telles dispositions ont déjà été adoptées à de multiples reprises telle la résolution 298 du 25 septembre 1971, résolution 252,… celle 267 du 3 juillet 1969 dans laquelle le Conseil de sécurité censure « toutes les mesures prises par Israëlpour modifier le statut de Jérusalem », la 298 ou la résolution 478 du 20 août 1980 qui considère la Loi fondamentale sur Jérusalem du 20 août 1980 comme une violation du Droit international, thème encore repris dans la résolution 1073 du 28 septembre 1996….
Enfin, les deux dernières sont relatives à la solution de deux Etats et à la lutte contre ce qui est encore appelé « la colonisation israélienne en territoire palestinien ». Cette condamnation des colonies de peuplement est également récurrente telle la résolution 252 du 21 mai 1968, la résolution 446 qui considère que « les pratiques israéliennes consistant à établir des colonies de peuplement n’ont aucune validité en droit et font gravement obstacle à l’instauration d’une paix générale, juste et durable au Moyen-Orient », la résolution 452 qui « demande de cesser d’en établir », la 465 qui « demande aux autres Etats de ne fournir aucune assistance à Israël pour les colonies », la 607 qui « demande à Israël de ne pas expulser les palestiniens des territoires occupés », et la 608 qui déplore qu’Israël l’ait fait….
Le nouveau parti pris onusien contre Israël n’est en soi pas véritablement étonnant. Il a en revanche une portée toute différente à la lumière de la publication, le 28 novembre 2010, des câbles diplomatiques par Wikileaks. Celles-ci donnent un éclairage tout à fait intéressant sur la réalité des relations internationales comme la fourniture d’armes sophistiquées par la Syrie au Hezbollah (en dépit des protestations du gouvernement américain qui se révèle incapable de prendre des mesures de fermeté), l’absence de pressions américaines sur l’Egypte pour interrompre le trafic d’armements militaires à destination de la bande de Gaza, l’existence d’échanges commerciaux entre la Chine et l’Iran et la fourniture de produits et services susceptibles d’être utilisés dans la fabrication de missiles balistiques, ou encore la commercialisation indirecte par la France d’équipements sensibles à l’Iran… De même, et concernant l'Onu, on découvre qu'Israël a régulièrement fait montre de sa grande préoccupation relative à l’étroite collaboration entre certains fonctionnaires de l’Onu et …le Hamas ou le Hezbollah !
A la lumière des révélations de Wikileaks, on mesure à quel point l'Onu se discrédite en prenant des mesures partisanes anti israélienne tout en occultant la gravité des bouleversements qui menacent le monde. Les Nations Unies se sentent (à tort) une responsabilité dans le partage de la Palestine mandataire. Aussi, tente-t-elle d’en transférer le poids sur Israël par la condamnation systématique de sa politique d’implantation territoriale, la contestation de sa souveraineté sur sa capitale Jérusalem, la critique de ses aménagements du territoire en Cisjordanie. Ce faisant, et à la lumière des accointances de fonctionnaires onusien avec les organisations terroristes, l’Onu devient progressivement un organisme tout à fait partial, véritable instrument de la délégitimation d’Israël, moteur du terrorisme palestinien, de l’antisionisme et de l’antisémitisme dans le monde, tout à fait contraire à ses objectifs. Notons que le discrédit vaut également côté palestinien qui déplore que les condamnations d’Israël ne soient pas suivies de mesures coercitives particulières et qu’elles restent d’une parfaite inefficacité sur le plan du Droit international…
Il serait donc grandement utile pour l'Onu de prendre la mesure des véritables causes de déstabilisation du monde et de la modification des équilibres stratégiques. Elle gagnerait alors à s’alléger du poids de sa (fausse) culpabilité en admettant que la création d’Israël n’a rien à voir avec la décision de 1947 mais participe d’un processus beaucoup plus ancien. L'Onu s'est fourvoyée en 1947 en imposant aux entités naissantes, un partage territorial de type colonial. Elle doit en tirer les leçons et se cantonner à son domaine qui est celui de favoriser le principe du droit des peuples à disposer d’eux même. Or tel est le cas des deux entités palestiniennes l'une à Gaza et l'autre sur les territoires de Cisjordanie qui ne relèvent pas de la souveraineté israélienne). Toutes deux disposent d’un gouvernement, d’un cadre institutionnel, d’un territoire et de capitales (Gaza et Ramallah). Que l'Onu s'en réjouisse et qu'elle reste étrangère à toute définition de l'implantation territoriale.