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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 10:23

 

 

 

« L’Exil au Maghreb ; La condition juive sous l’Islam 1148-1912 », de Paul B. Fenton et David G.Littman

Entretiens par Marc Brzustowski

Pour © 2010 lessakele  © 2010 aschkel.info© 2010 Le Météor

 

 

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Magazine le Météor de Décembre

page 22-24-25

 

 

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*"Puissante est la Vérité, et elle triomphera !"

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*Magnum Veritas Est, et Praevalabit ! ». Maxime reprise en exergue par David G.Littman.

 

Cette journée avec Bat Ye Or, Paul Fenton et David Littman s’est déroulée sous le sceau de cet adage qu’aime à rappeler David Littman : « Celui qui ne connaît pas son passé est appelé à le revivre ». Ce lien invisible relie ces 2 ouvrages, comme un souffle…

« L’Exil au Maghreb ; La condition juive sous l’Islam 1148-1912 », de Paul B. Fenton et David G.Littman (P. Universitaires Paris-Sorbonne., 2010)  est la première recension majeure authentifiée par des sources irréfutables sur la situation des Juifs sous le joug islamique durant 8 siècles, en Algérie et au Maroc.


Hors de toute polémique, il s’agit de poser les faits sur la table. Paul Fenton est directeur adjoint du Département d’études arabes et hébraïques de la Sorbonne. David Littman a entrepris des recherches dans les archives de l’Alliance israélite universelle, du Quai D’Orsay et du Foreign Office. Il est entré de plain-pied dans l’histoire des Juifs du Maroc, en 1961, au péril de sa liberté, par l’évacuation clandestine de 530 enfants juifs. Il était agent bénévole du Mossad, architecte de l’« opération Mural ». Il est porte-parole de plusieurs ONG en bute à l’ostracisme de l’ONU.

David.G.Littman : « -on parle des pogroms de Kichinev, Odessa…, les Juifs connaissent ça. Ils ne connaissent pas du tout les massacres de Fez en 1907, 1912, le massacre des Juifs en Perse, en Egypte, à Rhodes, après l’affaire de Damas (1840). Les Musulmans ont repris les idées de meurtre rituel… ». Et de refaire le parcours de la rumeur, depuis les Grecs antiques d’Alexandrie contre… les premiers Chrétiens, en passant par Norwich en 1046, jusqu’à « l’affaire de Damas » …

Il s’agit d’une description sobre, dépouillée, tragique, assortie de la richesse des illustrations et témoignages : alors que le Judaïsme maghrébin jouait un grand rôle jusqu’au XIè, le règne des Almohades, au XIIè siècle, a anéanti les communautés urbaines. Les Juifs de Fez sont massacrés jusqu’au dernier en 1465. A cette époque, les Chrétiens disparaissent totalement de cette région, alors qu’ils subsistent en Lybie, Syrie, Egypte, Irak... Ils y laissent les îlots juifs seuls face à l’Islam : c’est ce qui fait de cette étude un joyau anthropologique incomparable. Les minorités juives se réfugient toujours plus loin vers le Sahara, se cachent dans le Touat. Les réfugiés d’Espagne et du Portugal s’installent en 1393 et 1492, dans les villes portuaires de la Méditerranée (Oran, Mostaganem, Alger, Tlemcen…). Ils donnent un second souffle à ces communautés décimées. Les questions s’enchaînent  sur ces conditions de  survie, autour de l’évaluation du statut de « dhimmi » comme ayant le moindre sens de « protection » :

Paul.B.Fenton : C’est un terme mal choisi qui donne lieu à des incompréhensions. Ce n’est pas être « protégé de l’extérieur, d’invasions »,  c’est être protégé des Musulmans eux-mêmes ! Contre les attaques de leurs concitoyens. Dans l’expansion islamique, celui qui refusait la conversion était mis à mort. Or, un Juif, un Chrétien, qui acceptait le joug de la soumission avait droit à une garantie contre sa mise à mort. C’est au gré des circonstances historiques. Au moment de l’arrivée des Juifs d’Espagne, au début, les autorités ont fait bon accueil aux Juifs, parce qu’ils ont vu l’utilité pour l’Etat. Mais, pour les théologiens, cet avènement des Juifs, parfois à des positions d’éminence, constituait une rupture du pacte de la dhimmitude. Il fallait réagir. Le Sultan Watasside est considéré par Terturlien comme un Juste des Nations, pourr l’accueil réservé aux Juifs. Mais, en même temps, en 1505, al-Maghili réagit de façon très violente, avec une haine viscérale des Juifs. Qui va enclencher une nouvelle tradition en Afrique du Nord, de la haine qui durera jusqu’au 20è siècle. Il anéantit les Juifs du Touat. L’histoire de l’Afrique du Nord est ponctuée par des évènements qui vont provoquer des vagues d’antisémitisme dont les Juifs subissent le contrecoup. Les éléments arabes étaient souvent hostiles aux Berbères et vis-versa, il y a eu des soulèvements et les Juifs ont subi autant en milieu berbère qu’arabe. Le milieu arabe était surtout urbain, alors que le milieu berbère était rural. Les communautés y sont plus réduites, mais ça va jusqu’à l’esclavage par rapport au maître berbère. Il semble que les Turcs les ont dépassés en cruauté,  ils sont plus rustres que les Arabes et d’autant plus que ceux qui arrivent en Algérie sont des Janissaires, des « sauvages ».

DL : il y a, parmi les Janissaires, beaucoup de Chrétiens convertis, d’Europe du Sud ottoman (Balkans, Grèce). Ceux qui avaient été pris, les familles devaient donner des enfants régulièrement pour entrer dans l’armée, on les convertissait automatiquement à l’Islam et ils pouvaient arriver à des postes importants.

PF : C’est une constante dans l’Islam, ça fait partie à la fois des sources scripturaires, les Hadiths, depuis Médine, puisque la confrontation avec les Juifs imprègne les pages du Coran. Puis ce sera élaboré par les juristes, au VIIIème siècle avec Omar II, et développé de génération en génération.

 

Un  tournant important : « L’affaire de Damas » (détour hors-Maghreb) en 1840 constitue un moment de « syncrétisme » ou de capitalisation de « l’antisémitisme » d’origine chrétienne, puisque le Quai d’Orsay y ajoute son sel, avec l’antijudaïsme musulman.

 

P. Fenton : Un des aspects actuels de notre travail est qu’on est face à un problème où l’antisionisme est le faux-nez de l’antisémitisme : pour certains : « nous sommes tous des Sémites ». Donc l’antisionisme ne serait pas « antisémite ». Mais notre livre, par ricochet, montre, dans les faits, qu’il y a une longue tradition de l’antisémitisme [traduction impropre de « Juden Haas »] dans l’Islam, et que c’est l’antisémitisme qui a fécondé l’antisionisme et non l’inverse. Le 2è aspect de l’actualité de ce livre, c’est un passé  réactualisé, étant donné que l’aile militante de l’Islam aujourd’hui, ce sont des Salafistes, des gens qui préconisent un retour au passé, tous ces vieux clichés, attitudes, risquent d’être réactivés.

 

Nous évoquons le sort des Juifs convertis à l’Islam, souvent plus « royalistes que le roi », mais qui se plaignent au Sultan de l’interdiction de commercer sur le marché, parce que les Musulmans redoutent le savoir-faire par atavisme de ces descendants. Ou le refus d’épouser des descendantes de « convertis », dont certains conservent des pratiques clandestines, d’autres, une érudition particulière dans le traitement des textes juridiques de l’Islam. Le statut des « privilégiés » juifs, « amis du Sultan » est  précaire, suspendu au-dessus de l’abîme. Lorsque la classe dominante ne peut payer ses troupes, elle offre le « pillage du mellah » à ses soudards. Parmi les masses analphabètes, chacun conserve les services de « son Juif ». De là naîtront des amitiés asymétriques, toujours relatives au savoir-faire (commercial, administratif, linguistique…) que ne maîtrise pas le Musulman de la rue. Malgré les interventions d’hommes illustre, comme Moses Montefiore, les mauvais traitements ne cessent pas , mais redoublent au moment de la pacification de l’Algérie. Les masses se vengent de l’acquisition, par les Juifs, de l’égalité statutaire avec le colonisateur. Cette dépendance est perceptible par le témoignage vécu de David Littman, dans les années 60 : le Roi refuse de laisser partir « ses Juifs », ou seulement plus tard, contre argent sonnant et trébuchant…

Quelle « radioscopie » tirer de cet enseignement redoutable ? Le livre ne fera pas l’économie du déni des tenants de la thèse de « l’âge d’Or d’Al-Andalous »… « jusqu’à la colonisation ». Mais les faits sont têtus. Les auteurs ne doutent pas qu’il leur faudra d’abord convaincre les intellectuels arabisants, avant un nécessaire examen de conscience. Celui-ci a bien eu lieu en Allemagne, en Europe. Elle est une condition sine qua non et la véritable chance, qui n’a pas encore été saisie, de la Paix. David Littman, depuis son poste d’observation à l’ONU, reprend les propos radicalement antisémites du Ministre de la Défense syrien, Mustafa Tlass, adepte du « protocole des Sages de Sion ». De toute évidence, la maturité morale en passe par la modernité démocratique dans l’éducation et la culture…  Elle n’est pas pour demain, pour la plupart de ces régimes.

 


 

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