Après la chute de Saddam en Irak, et de Ben Ali en Tunisie, Assad est dans le viseur des intellectuels syriens
samedi 15 janvier 2011 - 00h54, par Mediarabe.info
Alors que le président tunisien déchu, Ben Ali, cherche un aéroport et un pays pour l’héberger après sa chute, la chute des dictateurs les plus puissants doit faire réfléchir les dictateurs héréditaires. Voici un texte plein d’enseignements, publié en arabe par le site Middle East Transparent, et traduit par Chawki Freïha, signé avec courage d’un universitaire syrien qui brave la mort.
La misère, la corruption et la tyrannie sont les trois caractéristiques que se partagent tous les pays arabes. La misère est le lot de tous les peuples, alors que la corruption et la tyrannie qualifient tous les régimes. De ce fait, les pays et les régimes arabes ont ou auront le même sort. Les régimes collaborent et se protègent mutuellement pour continuer à saigner les peuples damnés.
Mais cette situation ne sera jamais éternelle. L’éternité n’est qu’un désir des dictateurs, amoureux du pouvoir. La répression qui étouffe les peuples et la misère dans laquelle ils sont contraints de pourrir ne sont pas éternelles. Bien au contraire, elles sont le carburant des révolutions. La violence des manifestations récentes, contemporaines ou à venir, n’est que la réaction des opprimés à l’injustice et à l’absence de liberté.
Il est normal et naturel que la révolution ait pris et réussi en Tunisie. Car les disparités entre les couches populaires, devenues insupportables, ont opposé les pauvres qui sont de plus en plus pauvres aux riches, de plus en plus riches et protégés par le régime. En affrontant les manifestants par les balles réelles ne peut venir que des ennemis du peuple. Cette réalité doit faire trembler plusieurs autres pays qui connaissent les mêmes facteurs, voire des éléments aggravant supplémentaires. Les sociétés dont des composantes appartiennent à des ethnies et des religions différentes n’attendent qu’une étincelle pour s’embraser et prendre leur revanche des régimes dont la seule action s’est résumée à recenser, durant des décennies, leurs opposants pour les exiler ou les décapiter. L’Irak, bien avant la Tunisie, a vécu cette expérience.
Les régimes arabes doivent ainsi craindre beaucoup plus leurs peuples et la colère populaire que les dangers extérieurs. Ainsi, certains régimes ont tenté de prendre les devants pour éviter la révolution [NDLR : comme la Jordanie et à moindre mesure l’Egypte], alors que d’autres régimes gardent le silence, observent dans l’inquiétude, afin de voir dans quel sens le vent révolutionnaire va tourner.
Mounir Shahhoud - universitaire syrien.
Cette contribution d’un universitaire syrien est significative à plus d’un égards. Elle démontre le degré de pression que subissent les Syriens et se projette dans un proche avenir pour prédire sa fin inévitable (la fin est une caractéristique inévitable de toutes les dictatures). Le régime de Damas accentue en effet la censure, ces dernières semaines. Il a interdit les télévisions étrangères, restreint la réception satellitaire, bloqué les sites internet... Les Services (Moukhabarate) accentuent la répression des Kurdes et renforcent la surveillances des Sunnites. Bachar Al-Assad poursuit les méthodes de son père qui a enfui 30.000 citoyens à Hama, dans les années 1980, et qui a détruit le Liban sur les Libanais et les Palestiniens, dont la chair et le sang ont fait l’objet d’un un commerce très lucratif...
A la lecture du texte de Mounir Shahhoud, Bachar Al-Assad, l’héritier, doit penser à préparer son exile. D’une part, pour ne pas finir dans un trou comme Saddam, ou décapité comme Ceausescu, ou comme Ben Ali, coincé dans un avion qu’aucun pays n’autorise à atterrir. © Nos informations, analyses et articles sont à la disposition des lecteurs. Pour toute utilisation, merci de toujours mentionner la source « MediArabe.info »
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