L’Iranisation des groupes terroristes subalternes à Gaza, point de jonction avec Al Qaeda
par Marc Brzustowski
Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info
Général Qassem Souleimani, Commandant en chef des Brigades Al Qods
Avec Ashkelon en ligne de mire, mais aussi Ashdod, Kyriat Malachi et d’autres, Beersheva semble l’une des principales cibles sur laquelle redoublent les coups des terroristes de Gaza. Les salves de Grad ont fait des dizaines de blessés, un jeune homme est mort, alors que sa jeune épouse endeuillée est sur le point d’accoucher dans une salle proche de la chambre où il a fermé les yeux pour la dernière fois.
Le symbole est fort, puisqu’il s’agit de l’une des cités nouvelles fondées par le pionnier Ben Gurion, familier de Sde Boker, à quelques kilomètres dans le désert.
Le message envoyé par les supplétifs de l’Iran est sans ambiguïté, à quelques encablures de « la déclaration unilatérale » de leur complice Abbas, si fier de sa réconciliation avec Haniyeh : « il n’y aura jamais de paix, ni de cohabitation possible, tant que le Sionisme subsistera ». Le Fatah, en posture dominée sur l’échiquier palestinien, est automatiquement en voie de vassalisation.
La réponse de Tsahal doit être à la mesure de la guerre d’annihilation lancée par les aides de camp du Hamas. A cette heure, les frappes de la force aérienne ont été retenues, durant la nuit de samedi à dimanche, permettant aux terroristes de garder l’initiative lancée à Eilat depuis jeudi. La situation se complique d’un imbroglio diplomatique « téléphoné » avec l’Egypte, après la mort de 5 policiers égyptiens : l’enquête n’a pas encore abouti que les manifestations antisionistes s’organisaient en pied d’Ambassade israélienne au Caire. Ces hommes sont-ils morts au cours d’un raid aérien israélien mal cadré ? A cause de la précipitation des décideurs de Jérusalem, dépassés par la « houtzpah » des jihadistes, frappant là où on ne s’y attend pas ? Ou parce qu’un terroriste de retour de son forfait, se serait fait explosé au milieu de ce groupe d’hommes ? Comment se fait-il que des terroristes aient été aperçus, revêtant l’uniforme des armées du Caire et ont-ils bénéficié de complicités lors de leur incursion, par un tunnel sous un poste-frontière ?
L’Egypte a manqué à sa parole signée par Sadate en 1979 en l’échange de garanties de paix entre les deux puissances. Par conséquent, elle est bien prompte à exiger des « excuses » sous la pression de sa rue. La première conséquence du « Printemps arabe », c’est l’Iranisation ou « l’Hezbollahisation » (selon Avi Dichter) de tout le Sud d’Israël. En un mot, l’Egypte ne s’appartient plus, depuis qu’elle a autorisé, entre autres, des navires iraniens à frayer dans le Canal de Suez et que les enragés d’Al Qaeda descendent en bandes organisées faire la loi à El Arish. Ou encore, que des réunions en vue du lancement de la IIIè Intifada, avec le Hezbollah et le Hamas, invités privilégiés des Frères Musulmans, peuvent se dérouler dans les locaux de la presse égyptienne. S’il y a des comptes à exiger rapidement, il s’agit plutôt d’une clarification sur ce laisser-aller total, du Caire jusque dans le Sinaï. A force de jouer de démagogie contre Israël, elle se prépare à une inféodation à la libanaise. Les Ambassadeurs d’Israël au Caire, mais surtout à Washington, chez le « protecteur des révolutions », et dans les capitales européennes, doivent être très clairs sur ce point, à l’intention de leurs homologues. La première réaction de la Junte se traduira sans doute par l’envoi de troupes supplémentaires vers le nord, sans qu’on sache s’il s’agit d’éléments de coopération anti-terroriste, ou de forces mâtinées d'hostilité…
Sur le plan sécuritaire, on sait depuis longtemps que le Hamas utilise des prête-noms et crée des filières secondaires censées s’infiltrer en Israël pour y frapper au nom d’un groupe inconnu, pour brouiller les pistes. Dès juillet, on a fait référence à des instructeurs iraniens, au nombre de 6, au moins, entrés par les tunnels depuis le Soudan. Ils sont venus forger l’élite des nouvelles « Brigades al Qods » (le nom même des forces spéciales des Pasdarans d’Iran), à partir d’éléments triés sur le volet des « Brigades Ez-al-Din al Qassam". On a pu être surpris par la discipline et le matériel employé, lors de la razzia d’al Qaeda sur El Arish. Il ne s’agit pas de Desesperados, mais d’unités structurées. La question reste : par qui ? (lCl)
Déjà en 2006, le kidnapping de Guilad Shalit avait été minutieusement orchestré, impliquant le creusement d’un tunnel sous les pieds mêmes d’une unité blindée israélienne, sans que celle-ci ne se doute de rien durant des semaines. Déjà attribuée, essentiellement, « aux Comités Populaires de la Résistance » du gang Darmush, ce crime contre toute loi internationale profite à toutes les parties, à commencer par Ismaïl Haniyeh et son bras armé terroriste : Ahmed Jabari. Tout indique qu’en cas de frappe israélienne contre le Commandant en chef militaire du Hamas, l’ordre est donné de tuer Guilad.
Quant aux Comités populaires, ils enragent, sur le plan politique, de la relative "passivité" d'Haniyeh, face à Israël. C'est dans ce but d'une radicalisation qu'ils ont scellé des liens avec des éléments enragés, dans la mouvance d'Al Qaeda. Ils hébergent des "réfugiés" d'Afghanistan ou de Libye, qui rongent leur frein et ne demandent qu'à repartir en Jihad.
L’opération terroriste multiple d’Eilat est dans ce droit fil d’une sophistication et du mixage de différentes techniques, en usage séparé, jusqu’à présent : kidnapping sous couverture d’uniformes volés dans les armureries durant la révolution, engins explosifs improvisés sur le bord des routes, RPG et missiles anti-tanks contre des véhicules civils, opérations en plusieurs endroits, repli grâce à des complicités, la corruption allant bon train dans l’armée d’Egypte (usage du Bakchich ou sympathie idéologique). C'est le scénario-type du déclenchement de la Seconde Guerre du Liban, en 2006. De même, les frappes combinées en plusieurs coups successifs sur la même cible (contre la Yeshiva d’Ashdod, vendredi, par exemple), relèvent toutes du perfectionnement des tactiques.
Cet « effet de bascule » vers le Sud permet à l’Iran et au Hezbollah d’utiliser des groupes apparemment mineurs, comme ces Comités populaires, pour mettre en danger l’équilibre fragile du « traité de paix » avec l’Egypte et semer le chaos en Israël même. Par là, ils rappellent à tous qu’ils peuvent parfaitement se passer d’Assad, demain, si le besoin s’en fait sentir. L’effet domino est en marche, actuellement, alors que Tripoli paraît encerclé, en Libye. C’est donc l’heure choisie pour le déclenchement d’une guerre totale dont Israël, bien trop attentiste, durant toute la période antérieure, est la cible privilégiée.
La légèreté de l’Administration américaine, appuyant le désordre au Caire contre l’un de ses plus fidèles alliés, Moubarak, tourne à un véritable jeu de la « roulette russe » pour les habitants des concentrations urbaines du sud et bientôt, du centre d’Israël.
Les messages contradictoires ou la retenue de la nuit dernière, de la part de Jérusalem, laissent envisager que plusieurs plans sont à l’étude, mais que les décisions cruciales tardent à venir. Netanyahou ne peut, en aucun cas, laisser l’initiative à ces groupes iranisés, engagés dans une guerre de destruction massive. La planification des représailles devra être à la mesure des améliorations tactiques mentionnées : l’arsenal du Hamas a été doublé, grâce aux tunnels, il faut s’attendre à rencontrer des cellules commandos aguerries, le long de la frontière, formées à l’usage d’uniformes de l’armée adverse et à semer la confusion par air ou par terre… On ne sait pas encore si une opération « Plomb Durci II » fait partie des options. Ce qui est certain, est que le gouvernement précédent a fait preuve de manque de sérieux, en sous-estimant les leçons que le Hamas, ses prête-noms et commanditaires à Téhéran tireraient de leur défaite facile, mais en demi-teinte, de janvier 2009.
Il en va sensiblement de même pour la suivante coalition, dans la "décontraction relative" assortie de menaces purement verbales, de la part d'Ehud Barak, au cours du réarmement prodigieux du Hezbollah, depuis Damas. Au Sud, le premier attentat d'avril au lance-missile anti-tank contre un bus scolaire n'était qu'un premier avertissement : y a t-il jamais eu la moindre représaille? On n'a plus entendu parler que de "pacte d'unité" garanti par... l'Egypte sans dessus-dessous. A lever le coude, lorsque le terrorisme frappe durement, Israël laisse sa doctrine fondamentale partir à vau-l'eau.
C’est le démantèlement du Hamas, de ses centres de commandement et de ses bases arrières dans le Sinaï qui est à l’ordre du jour. Avec un risque fort d'internationalisation, via le Caire, au fil du temps et du délitement par phases des traités.