Par Shraga BLUM
Il a suffi qu’Israël découvre l’un des plus importants gisements de gaz – et peut-être de pétrole – au monde depuis des décennies, pour que ses pays voisins, qui ignoraient son existence, se mettent soudain à en revendiquer la propriété! On n’arrête pas l’insolence et le ridicule.
La lutte entamée par le Liban pour la possession de ce trésor inestimable est montée d’un cran mercredi, après que le porte-parole de l’ONU, Martin Nesirky, ait officiellement et catégoriquement repoussé la requête libanaise d’une intervention de l’ONU pour fixer la frontière des eaux territoriales entre les deux pays. Parallèlement, à Beyrouth, on est fortement en colère après que des hauts-fonctionnaires chypriotes aient annoncé que la compagnie « Noble Energy », associée aux recherches sur le champ gazifère « Leviathan », débutera bientôt ses forages.
La Turquie, la Syrie et le Liban ne cachent pas leur opposition à la nouvelle politique énergétique menée en collaboration entre Israël et Chypre, et accusent la Grèce, nouvel allié d’Israël, d’être derrière ces nouveaux développements… »pour les aider à voler les matières premières énergétiques appartenant à ces trois pays »!!!
Il semble que l’on assiste à peine au début d’une lutte sans pitié qui va se dérouler à propos des gisements de gaz et de pétrole dans l’Est de la Méditerranée, tant les enjeux économiques et géopolitiques sont importants. Avec d’un côté Israël, la Grèce et Chypre, et de l’autre, la Turquie, l’Egypte, la Syrie, le Liban, la République turque de Chypre et l’Autorité Palestinienne – qui se sent évidemment de la partie dès qu’il s’agit de contrer Israël.
Le ministre libanais des Affaires Etrangères, Al Shami, s’était adressé mardi à Ban Ki-Moon, Secrétaire général de l’ONU, afin « qu’il envoie des unités de la FINUL stationnées au sud-Liban pour faire stopper les opérations de forages d’entreprises israéliennes…dans les eaux territoriales libanaises »!! Dans sa lettre, Shami définissait le secteur comme se trouvant « dans les eaux territoriales qui sont à la limite du Liban et de la Palestine du nord » (sic). Mais avec une rapidité inhabituelle, Ban Ki-Moon a fait savoir « que le mandat de la FINUL selon la résolution 1701 lui confère la responsabilité des côtes libanaises mais pas de la fixation des frontières maritimes avec ses voisins ». Fin de non-recevoir.
Chypre a également réagi à la demande libanaise, en déclarant « qu’elle poursuivrait elle-aussi ses recherches de gaz et pétrole dans ces zones », et en rappelant « que la Compagnie ‘Noble Energy’ avait obtenu l’autorisation de Nicosie pour forer dans les eaux territoriales chypriotes qui touchent celle d’Israël et où se trouve le site ‘Leviathan’ ». Ces forages devraient s’effectuer entre octobre 2011 et 2013. Ceci indique qu’une coopération stratégique est en train de se dessiner entre Jérusalem et Nicosie, avec la bénédiction de la Grèce, nouvel allié stratégique d’Israël dans cette région du monde.
Cette coopération sera d’ailleurs de plus en plus forte, et les recherches de gisements supplémentaires de plus en plus concentrées, car Israéliens comme Chypriotes veulent créer des réalités irréversibles sur « le terrain » avant que ce conflit ne devienne plus aigu avec les pays qui sont en train de s’unir pour faire barrage à Israël. Ankara a déjà prévenu qu’il considère le pacte israélo-chypriote sur leurs frontières maritimes communes comme « nul est non avenu puisqu’il ne prend pas en compte les droits et les intérêts de la partie nord de Chypre », territoire occupé (réellement, lui) par les Turcs. Le Caire aussi, pays « allié d’Israël », a commencé « à étudier les limites territoriales fixées entre Israël et Chypre, pour voir si elles ne portent pas atteinte aux zones d’intérêts économiques égyptiennes en Mer Méditerranée ».
Rien ne change sous le soleil. La Bible racontait déjà comment la réussite économique de nos ancêtres fut une chose très difficile à avaler pour leurs voisins. Les Etats du Proche et Moyen-Orient, repus de pétrodollars depuis des décennies, et faisant chanter et danser le monde entier selon leurs caprices, ne supportent pas que le petit Etat d’Israël puisse lui aussi un jour avoir une petite part du gâteau.