14.02.2010
Pensées particulières pour le fils de mon ami

C'est l'une des plus grandes offensives de l'Otan depuis 2001. Crédits photo : AP
Quelque 15.000 soldats étrangers et afghans sont mobilisés pour déloger les talibans de la province du Helmand, première productrice d'opium au monde. La résistance serait «minime».
Les forces internationales et afghanes cherchent à couper les talibans de leurs ressources. Dans la nuit de vendredi à samedi, 2.500 soldats de la fragile armée afghane, épaulés par quelque 12.500 hommes de l'Otan - des Américains, Britanniques, Danois et Estoniens principalement, mais aussi plusieurs dizaines de Français -, ont lancé l'opération Mushtarak («ensemble», en dari). Au moins vingt talibans ont été tués, et onze autre capturés. Cinq soldats étrangers, dont trois Américains, ont également péri samedi, dans des circonstances encore inconnues. Et un soldat britannique a trouvé la mort samedi dans une explosion.
Cette offensive majeure dans le sud de l'Afghanistan, préparée de longue date, vise à déloger les talibans de la province du Helmand, district agricole fertile et véritable grenier de l'opium, devenu un des bastions des insurgés islamistes. Dans un communiqué, la Force Internationale d'Assistance à la Sécurité (Isaf) de l'Otan évoque une «action militaire déterminante de nettoyage».
L'opération est la plus massive menée par les forces internationales depuis l'annonce de l'envoi pour 2010 de 30.000 soldats américains en renfort par le président Barack Obama en décembre. Et l'une des plus importants depuis le début de la guerre fin 2001, selon des responsables militaires. Les insurgés, de leur côté, ont raillé une opération «médiatisée» qui se concentre sur la ville de Marjah, «très petite zone» malgré ses 125.000 habitants.
Spectaculaire, l'offensive ne doit pas forcément mener à de longs combats en face à face. Lors d'une opération de test menée l'été dernier sur les districts de Garmser et Nawa, la plupart des insurgés avaient fui plutôt que d'affronter des Marines puissamment armés. Cette fois, les insurgés ont prévenu qu'ils auraient recours à leur tactique habituelle de harcèlement, au moyen d'embuscades et d'engins explosifs artisanaux cachés sur les routes. La résistance serait ainsi «minime», a indiqué samedi matin un porte-parole de l'armée américaine.
«Cette bataille doit montrer aux talibans et aux autres groupes anti-gouvernementaux la force du gouvernement, leur montrer qu'il n'y a pas d'endroit où ils peuvent se reposer, afin qu'au bout de compte, ils en viennent à vouloir la réconciliation», explique le politologue afghan Ahmad Saedi. En clair, il s'agit de prendre position dans des endroits-clés et d'y rester. Le général Stanley McChrystal, nouveau commandant des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan, a mis au point ce principe de contre-insurrection, qui préconise de faire suivre rapidement les succès militaires par de l'aide au développement, afin de gagner «les cœurs et les esprits».
L'opération Mushtarak doit aussi confirmer que les règles du jeu ont changé. En juillet, Barack Obama avait déclaré que la protection des populations avait désormais la priorité sur l'élimination des talibans. Selon une nouvelle stratégie, les forces afghanes et internationales ont en effet renoncé à l'effet de surprise. Depuis deux semaines, des avertissements répétés de l'Otan à la population de la zone de Marjah prévenaient de l'imminence du déploiement, et recommandaient aux habitants de rester chez eux. Les Etats-Unis prévoient de débuter en juillet 2011 leur retrait militaire d'Afghanistan.
Samedi, les responsables militaires de l'Otan se sont dits «très satisfaits» de la manière dont s'est déroulé le début de l'opération, selon un porte-parole de l'armée britannique à Londres. «L'objectif principal a été atteint», à savoir prendre le contrôle des grands centres de population et des principales installations, comme les postes de police, a-t-il ajouté. Il y a eu des «combats sporadiques», mais les talibans semblent «désorientés et désorganisés», et «n'ont pas été capables d'opposer une réaction cohérente», a conclu le porte-parole.
Source : Le Figaro et lion-ardent.