Merci Gabriel,
LA FRANCE EST-ELLE DEVENUE LE BRAS ARME DE L’ONU ?
Par Gabriel Lévy
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11 avril 2011
On nous répète à satiété que la France ne fait pas la guerre, ni en Côte d’Ivoire, ni en Lybie, ni ailleurs ; qu’elle exécute les missions que l’ONU lui confie.
Ainsi, il ne lui suffisait plus d’être l’un des trois ou quatre premiers contributeurs financiers au fonctionnement de cette institution, elle lui fournit aussi notre armée.
Or, il n’y a rien de glorieux à se mettre au service d’une institution non démocratique, partisane, impuissante, mais toujours perverse.
Non démocratique :
· un pays, une voix, c’est ainsi que la voix du sultanat du Brunei vaut celle de la France,
· moins d’un tiers des pays qui y sont représentés disposent d’un régime démocratique,
· un organisme supranational à fondement religieux (Organisation de la Conférence Islamique) dispose du vote de 57 états sur 192,
· Mahmoud Ahmadinejad, ne s’y est pas trompé, quand, sous un tonnerre d’applaudissements, il a dit à l’occasion de la sortie des pays démocratiques : "Ceux qui ont quitté la salle ne constituent qu'une petite minorité et une petite minorité peut-elle imposer sa loi aux peuples du monde ?"
· la Commission des droits de l’homme de l’ONU a été dirigée par la Libye, et elle est en fait conduite par des états comme l’Iran, ou Cuba…. Elle ne sert qu’à promouvoir la haine entre des « Nations désunies » (1). Quant aux droits de la femme, leur persécution reste toujours violente…
Partisane :
· l’assemblée générale de l’ONU obéit à des votes automatiques lorsqu’il s’agit de condamner, à tous propos et hors de propos, deux états,
· elle prétend que le blasphème est un crime….
Impuissante :
· la résolution « pétrole contre nourriture » n’avait permis que des malversations, au demeurant faites au profit d’un ambassadeur de France ;
· les massacres au Darfour, au Congo, et dans tant d’autres pays n’ont jamais pris fin, les massacreurs ayant le champ libre malgré les inculpations inutiles du tribunal pénal international ;
· la force FINUL au Liban, dont la France a suscité la création (résolution 1702) et fourni le contingent de soldats le plus important, a couvert le réarmement prohibé du Hezbollah par la Syrie et l’Iran, et sa prise effective du pouvoir dans ce pays …
Nous avons bien compris la conséquence du « multilatéralisme » :désormais la politique étrangère de la France devra être au préalable soumise à l’approbation des institutions internationales, telles que l’ONU ou l’UE.
Et nous aurons en définitive à choisir entre la paralysie et des actions contestables. Car pourquoi la Libye et la Côte d’Ivoire, et pas le Yémen, la Syrie et l’Iran, des pays qui, n’entendant pas les « conseils » habituels de la France et du secrétaire de l’ONU prescrivant « d’agir avec modération », tuent allégrement leurs populations ?
Il est clair que nous faisons une guerre en Côte d’Ivoire, avec des moyens que la France se garde de qualifier, selon son expression coutumière, de « disproportionnés », celle qu’elle réserve aux pays qui défendent l’intégrité de leur territoire et la sécurité de leur population contre le terrorisme.
Cette guerre, comme toutes les guerres dites asymétriques, s’accompagne de victimes collatérales et de bavures. Ainsi « notre allié » ivoirien se livre-t-il aussi à des massacres que nous tentons de minimiser. Le spectre du Rwanda - M. Juppé était alors ministre des affaires étrangères - devrait nous inquiéter. Avons-nous fait à l’époque le bon choix et le faisons nous aujourd’hui ? Cette guerre a des causes à la fois tribales, ethniques et religieuses… mais, pour l’occident, « mieux vaut avoir tort avec Mahomet que raison avec Jésus » ?
1- « Les Nations Désunies. Comment l’ONU enterre les droits de l’homme ». Malka Marcovich (2008).