LA SEMAINE POLITIQUE EN ISRAEL DU 20 AU 24 FEVRIER 2011
Par 'Haim Ouizemann
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Chers Lecteurs,
Shalom, Bonjour, nous avons souhaité faire un résumé des événements majeurs de la politique israélienne pour la semaine qui vient de s'écouler.
Vous retrouvez chaque vendredi, le compte-rendu de la semaine. Certains éléments sont développés plus en détail dans le fil d'info du site.
Bonne lecture
Aschkel&Haim
20-02-2011
Apposition du veto des Etats-Unis à la proposition de la représentation palestinienne de condamner les implantations en Judée-Samarie et la présence juive dans la partie Est de Jérusalem lors du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Les 14 autres membres du Conseil de Sécurité dont la France, l'Angleterre et l'Allemagne soutiennent la condamnation. Cependant, malgré l'appui américain, Suzanne Rice, ambassadrice des États-Unis d'Amérique auprès des Nations unies, ne manque pas de déclarer: «Nous repoussons très clairement la légitimité des implantations». «Le seul moyen pour atteindre l'objectif commun réside dans les pourparlers directs entre les parties avec le soutien des Etats-Unis et de la communauté internationale». Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, exprimant sa satisfaction après l'apposition du veto américain, annonce: «Israël reste engagée dans le processus de paix régional avec tous ses voisins y compris les Palestiniens. Nous aspirons à une solution qui conjuguerait les légitimes aspirations palestiniennes avec le besoin d'Israël de sécurité et de reconnaissance».
La reconnaissance politique de l'organisation terroriste de l'OLP devient effective au sommet de Rabat (1974). L'OLP y est, en effet, reconnue comme «le seul et légitime représentant du peuple palestinien».
De plus, confortée par son succès auprès des pays d'Amérique du Sud, l'Autorité palestinienne, tentera très prochainement de se tourner vers le Conseil général des Nations-Unies, dans l'espoir d'y gagner l'appui européen déjà accordé de facto par le refus des états européens d'apposer leur veto à la proposition palestinienne. Rappelons que toute reconnaissance unilatérale d'un «Etat palestinien» par les puissances européennes aux Nations Unies serait en totale contradiction avec la Déclaration européenne de Venise (1980) qui, tout en reconnaissant «le droit à l'autodétermination des Palestiniens et l'illégalité des colonies juives» en Judée-Samarie, précise clairement «que les tensions croissantes qui affectent cette région constituent un danger sérieux et rendent plus nécessaire et plus urgente que jamais une solution globale du conflit israélo-arabe». La Résolution sur le processus de paix au Proche-Orient et l'échéance du 4 mai 1999 (05/1999) fondée sur la déclaration du sommet européen de Berlin (25 mars 1999) «invite les parties concernées à reprendre les négociations sur le statut définitif afin de parvenir rapidement à un accord en la matière et à s'abstenir d'actions ou déclarations unilatérales sur les questions figurant à l'ordre du jour de ces négociations (les frontières, l'eau, les colonies, les réfugiés, le statut définitif des Palestiniens et Jérusalem)».
Quant à Jérusalem, «Mike» Huckabee, ex-gouverneur républicain de l'Arkansas et probable candidat aux prochaines élections présidentielles américaines, alors en visite dernièrement en Israël a exprimé sa position: «il n'y pas de place pour un Etat palestinien dans la patrie du peuple juif… je serais le premier à reconnaitre Jérusalem comme la Capitale historique et naturelle de l'Etat d'Israël» (Israël Ha-Yom 4-02-2011). Cette intention de «Mike» Huckabee se fonde sur la «Loi de l'ambassade à Jérusalem» (The Jerusalem Embassy Act) votée en 1995 par le Congrès américain (347 pour- 37 contre): «il faut reconnaître Jérusalem comme la Capitale d'Israël, l'ambassade des Etats-Unis sera transférée à Jérusalem au plus tard le 31 mai 1999». Le Sénat américain soutint la loi: 93 pour- 5 contre. Tous les Présidents des Etats-Unis qui se sont succédé ont reporté l'application de la loi y compris Barak Hussein Obama.
La Commission ministérielle en charge de la législation (*1) est chargée d'étudier la proposition de loi du député Yaakov Katz (dirigeant du parti Y'houd Léoumi) qui, appuyée par 26 députés (*2) de la coalition, a pour principal objectif d'étendre la souveraineté israélienne sur la Judée-Samarie où vivent plus de 350 000 Juifs. Cette loi fut présentée, il y a 4 ans, par Benny Elon du parti Moledet.
Yaakov Katz explique: «après la libération de terres d'Erets Israël, la loi israélienne doit s'appliquer sur l'espace vital des 300 000 Juifs habitant les quartiers de Jérusalem libérés après la Guerre des Six Jours… il est temps d'adopter cette proposition de loi à laquelle tous les dirigeants du Likoud, aujourd'hui devenus ministres, donnèrent leur accord il y a de cela un an».
Les quartiers libérés de Jérusalem sont ceux de Jérusalem-Est: la Vieille Ville, le Mont des Oliviers, le Mont Scopus (libéré en 1948- la souveraineté d'Israël y est donc, sur le plan international, reconnue), Siloé, Wadi Joz (Vallée du Cédron), Jabel Mukaber, une partie d'Abu Dis, Atarot. Ramot, Guilo, Neve Yaakov, Armon Ha-natsiv, Pisgat Zeev, Har 'Homa (ou plus précisément Homat Chmouel).
(*1) Toute proposition de loi privée (loi proposée par un ou plusieurs députés) se doit d'être préalablement et obligatoirement déposée sur le Bureau de la Commission ministérielle en charge de la législation. Celle-ci peut soit l'accepter, soit la rejeter.
(*2) Ne sont autorisés à apposer leur signature à toute proposition de loi que les députés n'occupant aucune fonction ministérielle ou les vice-ministres.
21-02-2011
Proposition de loi: 7 députés du Likoud sur l'initiative du dirigeant de la coalition parlementaire Zeev Elkin ont apposé leur signature sur la proposition de loi stipulant que toute concession portant sur les territoires de Judée-Samarie devra être ratifiée à la Knesset par 61 parlementaires. 2 députés du Shas, 2 de Kadima et 1 du Y'houd Leoumi ont rejoint cette initiative.
Le système parlementaire israélien connaît 3 modes de votes:
a- vote à la simple majorité (ex: «loi Bashara». Pour: 36 députés; contre: 11).
b- vote à la majorité relative (ex: La loi fondamentale: Liberté d'entreprise. 61 voix sont requises pour modifier cette loi)
c- vote à la majorité absolue (ex: 90 voix sont nécessaires pour destituer le Président de l'Etat)
- Enquête parlementaire sur l'origine des fonds des associations de gauche: Benyamin Netanyahou, sous la pression des ministres Benny Begin, Dan Meridor, Michaël Eytan et le Président de la Knesset opposés fermement à toute commission d'enquête, requiert la liberté de vote sur la question de l'instauration de la Commission d'enquête parlementaire chargée d'examiner la provenance et la légalité des fonds des associations de gauche. Ce revirement de Benyamin Netanyahou vient contredire l'avis précédent de son propre parti, le Likoud. L'argumentation de Benyamin Netanyahou se fonde sur le fait que «l'établissement d'une commission d'enquête parlementaire d'une part n'aura aucune force et d'autre part renforcera la campagne de délégitimisation contre Israël». Selon le Premier ministre, «la voie royale est de faire progresser la loi "obligation de rendre compte des fonds en provenance d'agents extérieurs"» .Le député Dany Danon en réponse à B. Netanyahou: «Mon intention est, lors du vote en séance plénière, de voir qui parmi les députés du Likoud soutient indirectement la vente de terres à des agents hostiles et le financement par des pays étrangers d'organisations israéliennes post-sionistes de gauche».
La proposition de loi «Obligation de rendre compte des fonds en provenance d'agents extérieurs» passe en séance plénière (2e et 3e lecture). La nouvelle loi oblige désormais les associations à révéler l'identité du donneur, le montant, les buts du soutien financier et les obligations orales et écrites directes ou indirectes des dites associations à l'égard des pays étrangers. Le député et dirigeant de la coalition à la Knesset, Zeev Elkin, précise que «la loi n'a pas pour intention de toucher à la liberté d'expression et ne prend nullement compte du contenu. Tout ce que nous demandons, c'est la transparence quant aux sources de financement dont l'origine étrangère sert à la diffusion d'idées». Le député, Michaël Eytan, à la suite de la publication du rapport de l'association NGO MONITOR, a pris l'initiative de cette proposition de loi qui a été aujourd'hui définitivement votée.
NGO MONITOR est une organisation non gouvernementale (siège: Jérusalem) fondée à la suite de la «Conférence mondiale contre le Racisme» en 2001. Ses objectifs: informer sur le Sionisme et révéler l'activité d'organisations non-gouvernementales qui, sous couvert de défense des Droits de l'homme et des Palestiniens, tentent non sans mal de délégitimer Israël à travers le monde. NGO MONITOR a été fondé par Gerald M. Steinberg, politologue expert en Relations internationales et professeur à l'Université Bar-Ilan qui en est également le directeur. Il est d'avis que «les gouvernements démocratiques doivent agir de manière transparente dans leur rapport aux autres démocraties… Finalement la Communauté européenne et l'Europe doivent être transparentes car elles manipulent la démocratie israélienne».
22-02-2011
Visite du Président de l'Etat d'Israël en Espagne, Shimon Peres.
Discours au Congrès des députés d'Espagne: «l'expulsion des Juifs d'Espagne créa une coupure entre nos deux peuples, coupure qui dura quatre cent ans. Aujourd'hui, l'Espagne est une société libre, modérée, égalitaire et ouverte».
Quatre cent ans après l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492, les Cortès (les deux chambres législatives espagnoles: le Congrès des députés et le Sénat) sans pour autant donner la liberté de Culte autorisent la liberté de conscience (20 février 1855). En 1869, le Président du gouvernement de la première république espagnole, Emilio Castelar y Ripoll défend la complète liberté religieuse. En 1967, sur les recommandations de Vatican II, est votée la Loi de Liberté Religieuse. En 1968, la synagogue de Madrid, détruite en 1492, est réédifiée. En 1992, lors de la visite historique du Président de l'Etat d'Israël Haïm Herzog, le décret de l'Alhambra est définitivement aboli par le roi Carlos et la reine Sophie. 500 ans après l'expulsion s'ouvre une période de réconciliation historique. L'Espagne compte aujourd'hui 40 000 Juifs.
23-02-2011
Le parti Likoud repousse la proposition du député Yaakov Katz (Y'houd Leoumi) d'appliquer la souveraineté israélienne sur les territoires de Judée-Samarie et la Vallée du Jourdain. Les ministres de la coalition (Likoud, Israël Beitenou, Beit Yehoudi) se sont soit opposés à la proposition ou bien sont absentes lors du vote en séance plénière. Yaakov Katz: «A Shekhem (Naplouse), à Hébron et à Beit El, le lieu où vécurent les Patriarches et où la promesse divine fut donnée, il s'avère que la pleine souveraineté de l'Etat d'Israël n'est toujours pas appliquée».
Sondage commandé par La Chaîne 99 de la Knesset: 75% des Israéliens se refusent à renoncer à Hébron. 80% ne sont pas non plus disposés à renoncer à Beit Lehem. De plus, 59% des interrogés soutiennent l'initiative du ministre de l'Education, Guidon Saar, de permettre la visite du Tombeau des Patriarches aux élèves dans le cadre du programme éducatif «Montons à Hébron».
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou annonce que tous les futurs diplomates et ambassadeurs de l'Etat d'Israël, dans le cadre de leur formation, auront le devoir de visiter la Cité des Patriarches. Le vice-ministre des Affaires Etrangères, Danny Ayalon, déclare: «notre présence ici n'est pas due à la Shoah comme les Palestiniens tentent de le présenter». Le député arabe Ahmed Tibi (Ra'am-Ta'al): «il s'agit d'une tentative de réécrire l'histoire à travers la contrainte religieuse, une fois par les élèves et une fois par les ambassadeurs. Ces visites sont des visites en territoire occupé… les implantations constituent une violation de la loi internationale, c'est pourquoi il faut les annuler».
Colloque international à la Knesset: invitation de spécialistes en système de gestion de contenu (content management) de 20 parlements du monde (Angleterre, Allemagne, Espagne, Suède…) y compris des représentants du continent africain (Ouganda, Namibie…). 2 projets initiés par la Knesset sont à l'ordre du jour:
a- Projet de scanérisation et suivi des lois;
b- Projet «Parliament-E» (suivi synchronisé des protocoles parlementaires écrits et filmés).
La Knesset d'Israël, s'inspirant du modèle parlementaire occidental, fondé sur le principe commun de la transparence de l'information propre au régime démocratique, désire en faciliter l'accès grâce à son site internet et permettre au grand public de participer activement et librement à la vie parlementaire. Les spécialistes de la Knesset proposent un nouveau modèle de gestion et de contenu numériques. Comment traduire un site internet parlementaire Knesset en 22 langues, en simultané? Comment identifier avec rapidité sur le site du parlement britannique une loi votée en 1950? Autant de questions auxquelles la Knesset apportera des solutions aux spécialistes venus du monde entier. Ce colloque international dans le domaine de la gestion du contenu de l'information est cette année le plus important dans son genre à travers le monde. Le Président de la Knesset Réouven Rivlin déclare: «La Knesset progresse dans une ère nouvelle de grande transparence à l'égard du public et constitue un modèle pour les autres parlementaires dans le monde. Nous nous sommes fixé comme objectif prioritaire la transparence car elle touche à la racine du régime démocratique».
24-02-2011
Quatre députés du parti Kadima Yoël Hasson, Nachman Shai, Ourit Zoartz et Shlomo Moula, provoquent un tollé général au sein de la Knesset en raison de leur intention de participer au colloque annuel de J-Street. Le député a la tete de la coalition parlementaire, Zeev Elkin déclare: "Kadima prouve une fois encore qu'elle peut être comptée parmi la gauche radicale".
J Street regroupe plusieurs associations juives américaines antisionistes s'opposant à l'AIPAC. Nombreux sont les personnalités politiques à soutenir l'idéologie antisioniste de J Street: Abraham Bourg, Daniel ben-Simon, Dalia Rabin, Amir Peretz, Colette Avital, Niztan Horovitz…..En mars 2010, J Street se tient aux cotées du Président des Etats-Unis, Hussein Barak Obama qui condamna fermement la construction de 1600 unités de logements a Ramat Schlomo (Jérusalem Nord-Ouest, situé derrière la ligne verte). J Street récolte 40 000 signatures appelant a soutenir le vice- Président Joe Baiden. En Europe apparait sur le modèle de J Street, J Call. Son opposant "Raison Garder", mouvement sioniste dirigé par Raphaël Draï et Schmuel Trigano soutient Israël en rappelant la souveraineté d'Israël et son droit légitime à décider de sa propre histoire.
L'équipe d'Aschkel souhaite à toutes et à tous Shabbat Shalom.