DEBKAfile Reportage spécial 10 août 2011, 8:44 PM (GMT+02:00)
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Les tanks syriens en action près de la frontière turque.
Moins de 24 h après que le Ministre des Affaires étrangères turques Ahmet Davutoglu soit venu livrer à Bachar Al Assad à Damas, un « dernier avertissement », pour qu’il stoppe le massacre ou il en paierait les conséquences, Assad a démontré froidement qu’il n’est pas le moins du monde effrayé par la perspective d’une intervention militaire ou dissuadé par la mise en garde qu’il risque le même sort que Mouammar Kadhafi –c’est-à-dire une attaque de l’OTAN. Le jour suivant le départ de son hôte, mercredi 10 août, il a lancé plusieurs assauts militaires contre trois villes de la région de la frontière turque.
Des tanks, des véhicules blindés et des unités de l’infanterie motorisée ont pénétré dans Taftanaz et Sermin, dans la province d’Idlib, à moins de 30 kms de la frontière, alors que les troupes entraient dans Binnish, une ville carrément à cheval sur la frontière.
Cette manœuvre fut aussi la réplique d’Assad à la diffusion du rapport de l’Administration Obama de la nuit de mardi, que dans les heures à venir, Washington appellerait, pour la première fois, à la démission d’Assad, de la même façon que l’ordre de marche que les Etats-Unis ont donné au Président Hosni Moubarak et au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Cette stratégie (américaine) est jusqu’à present dans le rouge, alors qu’un seul est tombé (Moubarak) et que deux (Kadhafi et le Président yéménite Abdullah Ali Saleh) doivent encore quitter leurs fonctions. Assad espère rejoindre le second groupe, même si tous devaient en sortir après une répression sauvage. Il n’a pas seulement balayé d’un revers de main l’exigence de Davutoglu au nom de la Turquie, membre de l’OTAN, de mettre un terme à ses opérations militaires contre les civils, il les a étendues, mercredi, de la façon la plus provocante qui soit. Le cinquième mois de conflit entre l’armée syrienne et les rebelles est entré, désormais, dans sa semaine la plus sanglante, qui fait rage sur trois fronts : dans le nord, depuis mercredi, sur la frontière turque à l’Est, où les tanks syriens et les forces de l’artillerie frappent contre les villes de Deir al-Zour et d’Abu Kamal, près de la frontière irakienne, et contre deux centres de l’insurrection, dans les banlieues de Damas de Duma et Kharasta.
Assad a été conforté, selon les sources militaires et du renseignement de Debkafile, par la faiblesse apparente qu’il a relevée chez le Ministre des Affaires étrangères turques, quand ils se sont entretenus mardi. Le dictateur syrien n’a retenu que l’impression que le Premier Ministre turc Tayyip Erdogan hésite encore sur la décision d’ordonner à son armée de franchir la frontière syrienne et, donc, de frapper tant que le fer est chaud. En concentrant des unités aussi près de la frontière turque, assad a aussi gagné un avantage au cas où Erdogan décidait de l’envahir.
Assad a découvert un autre signe de faiblesse quand Erdogan s’est permis de rapporter que son Ministre des affaires étrangères avait obtenu la promesse de Damas de procéder à des réformes politiques et a cru pouvoir prendre pour lui que les tanks se retiraient d’Hama. Il n’a été fait aucune mention du nombre de civils tués auparavant ni des exécutions publiques sur leprincipal square de la ville. Le Premier Ministre turc semble avoir oublié que toutes les dernières promesses de réformes émanant d’Assad se sont avérées creuses.
Selon nos sources, le Président a reçu de nouvelles garanties iraniennes, mardi dans la nuit, d’apport d’un bouclier de missiles dans l’éventualité d’une attaque par la Turquie ou les forces de l’OTAN. Cela équivaut à la promesse que les missiles iraniens prendraient les bases aériennes du Moyen-Orient pour cibles d’où les avions d’attaque devraient s’envoler et que l’Iran enverrait ses troupes à la rescousse de l’armée syrienne.
Par conséquent, Assad se sent libre de ne pas tenir compte des nouvelles sanctions que les Etats-Unis ont imposé de façon ferme, mercredi dans la nuit, contre la plus grande banque commerciale syrienne, la Banque Commerciale de Syrie, et sa filiale délocalisée au Liban, sous l’injonction exécutoire présidentielle de viser ceux qui participent à la prolifération des armées de destruction massive et leurs soutiens. Un ordre séparé a désigné Syriatel, le plus grand opérateur téléphonique du pays, pour son soutien aux violations des droits de l’homme en Syrie.
Il n’a pas été plus embarrassé par son isolement croissant dans le monde arabe, à la suite du rappel des ambassadeurs des pays du Golfe à Damas, dans le sillage de l’Arabie Saoudite, en signe de protestation contre l’effusion de sang sans retenue, que l’éventualité d’une frappe de l’OTAN ne l’a fait changer de cap.
Il a observé l’OTAN mis en échec au cours de sa campagne aérienne en Libye, au bout de six mois, qui n’a réussi ni à déloger Kadhafi ni à détruire son armée. Cela a eu, au contraire, l’effet inverse de renforcer ce régime. Tout comme pour l’aide occidentale aux rebelles syriens, les forces gouvernementales sont parvenues à saisir la plupart des armes et des cargaisons d’aide logistique convoyée en Syrie.
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