Le cas Alain Gresh
par Alain Rubin
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Certaines personnes, très indulgentes, le trouve plutôt pittoresque ; ce serait une sorte de Mouna Aguigui de l’antisionisme. D’autres, dont je suis, le trouvent cynique, sans scrupule, champion toutes catégories du double langage, jouant les procureurs Vychinski pour un vaste procès de Moscou instruit contre Israël l’Etat-nation du peuple juif.
Son plus récent article, qui m’est parvenu ce matin, porte d’ailleurs sur la fausse contradiction que ce monsieur invente, entre Israël « Etat de tous ses citoyens » (comme le proclame la déclaration lue solennellement par David Ben Gourion, le 15 mai 1948) et Israël « Etat-nation du peuple juif ». Cette position antagonique exprimerait un « racisme » contre les non-juifs d’Israël réduits à un rôle de citoyens de seconde zone. Elle enrôlerait les Juifs des différents pays, dans une cause n’étant pas forcément leur.
Visiblement, Monsieur Gresh ne s’est pas interrogé sur le caractère de l’Arménie ex soviétique, ce dixième de l’Arménie redevenue l’Etat-nation du peuple arménien. Les neuf autres dixièmes ayant été transformés en Dar es Islam et incorporés, « définitivement », à la Turquie se réislamisant et aspirant à redevenir le Califat, tout en revendiquant d’incorporer l’Union européenne.
L’Arménie indépendante donne aussi le droit de retour, à tout arménien de la diaspora. Car il y a une diaspora arménienne, comme il y a une diaspora juive. Elle s’est beaucoup développée, avec les massacres à répétitions des deux dernières décennies du 19ème siècle, puis avec les conséquences du génocide de 1915, toujours nié par les autorités turques, massacreuses d’Arméniens puis de Kurdes.
Manifestement, monsieur Gresh ne s’est pas non plus interrogé sur l’Allemagne et l’Irlande, ces Etats-nation des peuples allemand et irlandais dans leur ensemble. Le droit de retour des Irlandais et des Allemands « ethniques » ne signifiant pas qu’ils soient nécessairement citoyens de la république d’Irlande ou de la république fédérale allemande lorsqu’ils vivent dans d’autres pays où ils ont acquis la citoyenneté.
Pour parler clair, le sieur Gresh fait une fausse découverte.
Il dénonce une particularité « inacceptable », qui n’est pas spécifique à Israël restauré, à partir du « foyer national » par deux décisions de la Société des Nations, puis par le traité de San Remo.
Notons ici, pour mémoire, que le Foyer national du Peuple juif dans son ensemble, sera amputé de ses deux tiers, par décision unilatérale de la puissance mandataire britannique. Cette dernière interdisant la venue de Juifs dans la partie orientale de l’ancienne Judée, dans les zones riveraines de la rive gauche du fleuve Jourdain.
Cette particularité, -le droit au retour-, reconnue internationalement en 1920-22 à l’ensemble du peuple juif a pour conséquence, en 1947-48, que tout en étant la propriété de tous ses citoyens, Israël est l’Etat-nation de tout un peuple diasporisé et longtemps privé de sa base étatique souveraine. Contrairement à ce que cherche à faire croire monsieur Gresh, ce n’est pas une particularité exclusive d’Israël. Qu’est-ce d’ailleurs que le Maroc, qui ne permet pas que ses citoyens cessent d’être marocains ? Mais ce qui n’est au pire que faute mineure pour l’Arménie, le Maroc, l’Irlande, l’Allemagne... devient une faute majeure, un crime même, pour l’Etat-nation du peuple juif.
Ce que découvre et dénonce monsieur Gresh, par ailleurs admirateur, défenseur et témoin de moralité de l’associé d’Adolphe Hitler, -je veux parler de l’organisateur et mentor des Waffen SS Handshar, le Mufti Husseini, dont les exploits dans la traque des partisans titistes et des Juifs des Balkans passent aujourd’hui en boucle sur les sites bosniaques islamistes-, est une particularité qu’Israël partage avec d’autres Etats-nations.
Mais monsieur Gresh et ses pareils n’ont jamais levé la voix à ce sujet, et encore moins appelé à les faire disparaître, parce qu’ils constitueraient,-comme Israël mais pour des raisons généralement différentes (sauf l’Arménie)-, des anomalies monstrueuses.
Al Rûbîn ibn Hanavi Reuven-le 29 août 2011
A l'adresse d'A.Gresh quelques explicatins utiles
Du foyer national à l’Etat nation du peuple juif - Traité de SAN-REMO par Alain RUBIN