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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 05:19
L\'opposition nigérienne dénonce «le coup d\'État»

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Le président nigérien Mamadou Tandja.

Photo Martin Tremblay, La Presse


Le coup d'Etat du Niger, avertissement aux "tripatouilleurs" de la Loi fondamentale ?

Par 
Dany Olam,

pour 
lessakele et aschkel.info

 Depuis le 18 février, le Niger vit son quatrième coup d'Etat, mené par Salou Djibo, l'homme fort du conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), l'organe qui exerce désormais le pouvoir d'Etat.
 
Ce putsch intervient après des mois de tensions consécutives au refus d'un homme de se plier aux lois de son pays : Mamadou Tandja . Celui-là même que ses compatriotes appelaient le « militaire civilisé » a été élu en novembre 1999, puis réélu en décembre 2004, refusait de quitter le pouvoir.
 
Il avait pourtant promis à Nicolas Sarkozy, le 22 mars 2009, de ne pas rempiler au terme de son mandat (décembre 2009). Ce qui rappelle une autre promesse, celle faite par le Togolais Eyadema à Chirac en 2003. Rappelons, que c'est le Togo, petit pays de l'Afrique de l'Ouest, jadis considéré comme la Suisse de l'Afrique qui le 13 janvier 1963 ouvre le bal des coup d'Etat avec assassinat de Sylvanus Olympio, ami d'Israël. L'un des membres de le junte de ce putsch fut le sergent Etienne G. Eyadema qui a passé plus de quarante ans au pouvoir.

A Niamey, le pouvoir déchu était hors-jeu au regard de la légalité. Pour avoir dissout le parlement dans le but de prolonger son mandat présidentiel, le président nigérien fut débarqué par un pusch militaire. Après dix ans de pouvoir, Monsieur Tandja, 71 ans, a obtenu lors d'un référendum constitutionnel en août 2009, une rallonge de son mandat qui expirait initialement  le 22 décembre 2009. Cette Constitution controversée, boycottée par l'opposition et critiquée par la Communauté internationale ouvre la voie. A cela s'ajoute la tenue des élections législatives également boycottées, entrainant la suspension du Niger par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la suspension de l'aide au développement par l'Union européenne. Dès lors, le Niger fut plongé dans une crise institutionnelle grave.
 
Le colonel Tandja qui avait pris le pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat se parjurera par un référendum le 4 août 2009 et commettra d'autres forfaitures pour s'accrocher au trône. En mettant fin à cette ambition de présidence à vie, le commandant Salou Djibo et ses compagnons d'armes ont fait œuvre de "salubrité politique".
 
Au lendemain de ce pronunciamiento, le CSRD jouit d'un préjugé favorable et bénéficie d'un délai de grâce de la part des Nigériens excédés par les foucades politiques de l'enfant terrible de Difa. En témoignent les marches de soutien des populations dès le lendemain de l'avènement de la junte.
 
http://www.jeuneafrique.com/photos/2009102008103730.jpg 

Certes, l'Union africaine, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) et la communauté internationale ont condamné ce contre-coup d'Etat, mais c'est plus par principe que par onviction. Le pouvoir déchu était hors-jeu au regard de la légalité. 
 
D'ailleurs, diplomates et analystes politiques estiment que cette transition militaire pourrait ouvrir rapidement la voie à des élections, reportées par l'impopulaire réforme constitutionnelle de Tandja. En tout cas, les putschistes l'ont promis deux jours après leur arrivée au pouvoir.
 
« Nos Etats sont jeunes et nos démocraties encore fragiles… »
 
Donnons-leur un peu de temps, tout en égrenant une petite liste, non exhaustive, des pays qui ont reprofilé leur constitution au gré de la volonté de leur dirigeant : 
 
• Gabon, Togo, Tchad. Les défunts Bongo, Eyadéma et le président Idriss Déby ont promis plusieurs fois de s'effacer. Seule la grande faucheuse a arrêté les deux premiers et le troisième est toujours aux commandes du Tchad.
 
• Côte d'Ivoire. Robert Guei, « sauveur de Noël » en 1999, a fini de balayer la maison ivoirienne et a voulu s'y installer définitivement
• Guinée. Dadis Camara, après moult promesses de ne pas s'éterniser au camp Alpha-Yaya, a finalement été frappé d'amnésie, et n'eût été la balle de son aide de camp, il se serait incrusté au pouvoir ad vitam aeternam
• Burkina Faso. Blaise Compaoré aurait dû quitter son fauteuil en 2005, au terme d'un double septennat. Mais voilà qu'en 1997, la limitation à deux mandats a été effacée de l'article 37… 
 
Trois ans après, le même article a été de nouveau remodelé, et désormais le président du Faso a été élu pour cinq ans et rééligible une fois. L'enfant terrible de Ziniaré peut donc prolonger son bail à Kosyam jusqu'en 2015. 
Et après ? Normalement, il ne le peut plus après cette date. A moins que… On entend déjà de nombreux zélateurs prêts à charcuter à la hache ou au scalpel notre loi fondamentale sous le prétexte que nos « Etats sont jeunes et nos démocraties encore fragiles… ».
 
Celui qui est considéré historiquement comme l'ancêtre des constitutionnalistes, à savoir le philosophe de l'antiquité grecque Solon, à qui des citoyens demandèrent un jour : « Dites-nous quelle est la meilleure constitution ? », répondit : « Dites-moi pour quel peuple et à quelle époque. » 
Plus tard, Aristote disait : 
 
« Les gouvernants doivent se donner une Loi pour ne pas tyranniser les gouvernés, car ils sont appelés, eux aussi, à… obéir un jour. »
 
Une population « ras-le-bolisée » peut passer de l'urne au fusil.
 
Plus proche de nous, Monsieur Maurice Glélé, professeur de droit à Paris I Panthéon Sorbonne et président de la commission constitutionnelle du Bénin, lors d'une conférence à Cotonou sur le thème « Une constitution pourquoi faire ? », a souligné le peu de respect qu'ont les dirigeants africains pour ces textes, et les conséquences qui en découlaient.
 
Cet énième coup d'Etat sonne donc comme un avis de grosse tempête sur les tripatouilleurs professionnels. 
 
Lorsqu'une population est « ras-le-bolisée » par l'impéritie et les pirouettes politiques des dirigeants, lorsque les opposants et les syndicats battent le macadam jusqu'à user leurs semelles et même jusqu'à avoir des cors aux pieds sans être entendus, seuls les bruits de bottes peuvent sortir ces dirigeants de leur surdité. 
 
Hélas, le fusil étant plus bruyant et dissuasif que l'urne en Afrique.
 
Une Constitution qui circonscrit toute destinée présidentielle à deux ou trois mandats doit être absolument respectée quand bien même on aurait mille chantiers à terminer, car on sait que, passé un certain temps au pouvoir, la sclérose s'installe. Mais comme l'histoire n'a jamais servi de leçon aux hommes…
 
Au Burkina Faso : Blaise Compaoré aurait dû quitter son fauteuil en 2005, au terme d'un double septennat. Mais voilà qu'en 1997, la limitation à deux mandats a été effacée de l'article 37…
 
Rappelons toutefois que Monsieur Amadou Toumani Touré, président du Mali avait renversé en 1991 son prédécesseur, Moussa Traoré qui avait fait tirer sur la population malienne, tuant femmes et enfants lors d'une manifestation pacifique. Contrairement à ses paires, Amadou Toumami Touré, ATT pour la rue africaine remet un an plus tard le pouvoir aux civils avant d'être démocratiquement élu en 2002. Son prestige est grand sur tout le continent africain.

Dany Olam
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