Ce billet est le témoignage d’un malaise qui concerne toute la définition de l’action institutionnelle et sa représentativité... : le CRIF est-il encore cette passerelle neutre entre les différents courants du Judaïsme hexagonal?
Ce point de contact entre la France et Israël où les choses se disent franchement et permettent authentiquement de faire la part des choses?
Ou est-il en voie de devenir une simple “courroie de transmission” de l’Elysée, dans le même rapport de déconnexion entre “les élites” et la “rue juive” que ce qu’on reproche, en général, au comportement appliqué des bons élèves de l’ENA qui ne sont jamais allés sur le terrain?
Finalement, les courants qui traversent la communauté juive ne sont pas si différents de tous ceux qui trahissent la perte de cohésion de l’action politique en France, quel que soit le sujet évoqué.
Loin de préconiser des solutions, nous estimons, ,néanmoins, le public de la communauté juive de France comme suffisamment adulte pour prendre ses responsabilités.
Les propos de l'auteur, bien évidemment, n'engagent que lui.
Aschkel&Gad
Le CRIF ? Chuttt, laissez dormir la vieille dame.
Par le Crifouillard
J’entends, je lis de ci de là des commentaires sur les silences assourdissants du CRIF, Conseil Représentatif (à voir…) des Institutions Juives de France (tiens le J de Juif est passé à la trappe), sur ses positions critiquables, sur ses amitiés louches, sur ses « rencontres » avec d’éminents terroristes…
Bref, ça bouge dans le landernau de la communauté juive de France.
Beaucoup aimerait que ce fameux CRIF joue un rôle qu’il n’a pas, qu’il soit autre chose que ce qu’il est en réalité : une vieille institution, une vieille dame qui dort, qui ronfle parfois en grognant légèrement quand on la bouscule un peu mais qui aussitôt retombe dans son profond sommeil …
Mais au fait qu’est-ce que le CRIF ?
Comme son nom l’indique, il est une institution représentative des autres institutions juives de France et non comme certain l’imagine, à commencer par notre cher Président Sarkozy, une institution qui représenterait l’ensemble de la communauté juive de France.
En fait, le CRIF ne représente tout au plus que 70 associations et institutions juives.
« Représentation indirecte » scandent certains soutiens inconditionnels de la vieille dame !
Erreur messieurs les apparatchiks, quand on ne représente que 70 associations qui, en étant optimiste comptent tout au plus quelques centaines d’adhérents chacune, on ne peut prétendre à représenter une communauté juive forte d’environ 6 à 700 000 personnes.
Or donc le CRIF s’est auto-proclamé le représentant de l’ensemble de la communauté juive de France, arrangeant bien au passage notre cher Président Sarkozy qui adore n’avoir qu’une seul interlocuteur avec qui il est plus facile de négocier une rencontre cocktail d’un Mahmoud Abbas, ancien terroriste recyclé…
D’ailleurs c’est bien le CRIF qui l’a inspiré à vouloir créer une institution représentative de l’Islam en France. Notre cher Président n’avait pas vu le vent islamique radical souffler…
Donc, beaucoup prêtent au CRIF tantôt un rôle qu’il n’a pas, celui de représentatif de la communauté juive, tantôt un pouvoir qu’il n’a pas non plus.
C’est ainsi que l’on peut régulièrement lire sur les sites islamistes et pro-palestiniens que le CRIF manipule voir gouverne la France…(!)
Pauvres islamistes, pauvres pro-palestiniens (je sais c’est redondant), si vous saviez que le CRIF n’a aucun pouvoir en dehors de celui d’obéir à Nicolas Sarkozy…
Notre ami Nicolas ordonne au CRIF de « calmer le jeu » après l’arraisonnement du Mavi Marmara et les violentes manifestations anti-israéliennes et anti-juives en France ? Notre chère vielle dame s’exécute et c’est dans le plus parfait silence médiatique et la plus grande discrétion qu’une manifestation est organisée le 22 juin 2010 soit plus de 3 semaines après les incidents. Et comme par le plus grand hasard il n’est indiqué nulle part que l’on soutient Israël. Notons au passage que lors du « rassemblement » (au CRIF on appelle pas cela une manif) du 22 juin, pour surtout ne pas froisser notre cher Nicolas avec des positions pro-israélienne, on ne vit personne de Raison Garder sur la scène alors que deux éminents JCallistes, BHL et Finkelkraut, eurent l’occasion de s’exprimer longuement sous la hué d’une grande partie du public…
Notre ami Nicolas demande au CRIF d’organiser une rencontre avec le « bon » Mahmoud Abbas et notre vieille dame pas contrariante s’exécute. Elle fait même du zèle en déclarant que ce Mahmoud-là était un homme courageux !
Rappelons que le fameux « courage » de ce Mahmoud, encensé par Richard Prasquier soi-même, a consisté à organiser divers attentats dont celui en 1972 contre les athlètes israéliens aux jeux Olympiques. Il est vrai que notre Mahmoud s’appelait encore de son nom de guerre «Abbou Mazen ». [NDLR - ou encore le boucher de Maalot* comme nous le nommons ici en Israël ]
Voilà donc notre vieille dame pas contrariante du tout. Elle aurait pu le devenir différente, si lors de l’élection de son Président on avait élu « l’autre » candidat, vous savez celui qui gène car trop proche, parait-il, de Benjamin Netanyahu.
Cet « autre » candidat s’appelait Meyer Habib, d'origine tunisienne qui a fait une partie de ses études dans les universités israéliennes. Son particularisme : être l'ami personnel de premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. Ce qui le classe carrément à droite de l'échiquier politique du CRIF. Certains même n'hésitent pas à le voir encore plus à droite !
Vous vous imaginez ? Un CRIF à droite, voir plus, qui défendrait bec et ongle Israël ? Quel scandale !!!
En revanche que tout ce que compte l’Islam de France d’associations et d’institutions soutiennent ouvertement les palestiniens ne soulève aucune question…
Je ne peux résister à l’envie de vous citer ces quelques lignes d’un article écrit par un certain Bernard Koch à l’occasion de l’élection du Président du CRIF. Peut-être pourrons-nous y lire un début d’explication des endormissements du CRIF :
« Au cas où il serait élu, le CRIF risque de prendre un sacré plomb dans l'aile et être ingérable de l'intérieur, et incrédible de l'extérieur. Dans une marche inexorable vers une radicalisation de la communauté juive de France, l'élection de Méïr Habib, ne fera que renforcer son isolement dans la société française.
Meir Habib est l'homme du repli, un jeune ultra-conservateur, porte-parole d'un Israël peu enclin aux compromis, pur et dur et sans perspective. Durant sa campagne électorale, Meïr Habib n'a pas ménagé son adversaire, Richard Prasquier, l'accusant de n'avoir pas été assez combatif face à la déferlante anti-israélienne qui a sévi après l'assaut par l'armée de l'Etat juif contre la « flottille humanitaire» pro-palestinienne programmée pour rompre le blocus de Gaza décrété par cet Etat.
Ce candidat de Netanyahou est un candidat opposé farouchement à l'avenir. Toute critique à l'égard de la politique du gouvernement israélien est blasphématoire pour l'Etat d'Israël.
Penchant plus vers l'extrême-droite française que vers l'extrême-gauche, trouvant celle-ci "plus dangereuse que l'extrême-droite" a-t-il dit, cette semaine, dans une interview accordée à une radio communautaire.
Or, une institution, qui a plus de 60 ans d'âge, face aux critiques qui pleuvent de toutes parts, face à la crise que traverse aujourd'hui le judaïsme français, crise comme il n'en a jamais connu, si elle veut résister aux pressions, continuer à exercer son pouvoir auprès des responsables politiques, ne doit pas faire l'économie d'une remise en question.
Elle a besoin d'une refonte, d'un ravalement, d'accepter de regarder la réalité en face. Et sortir de cette «inconditionnalité» qui lui fait perdre toute son aura et toute sa force de conviction, brouille en même temps son message.
Elle aura à se poser des questions-clé qui taraudent les esprits.
Les Juifs de France sont-ils plus juifs que français, citoyens à part, tournés exclusivement vers Israël, ou sont-ils des citoyens français, à part entière? Comme le sont, pour ne citer qu'eux, les Juifs américains, où même, plus près de nous, les Juifs de Grande-Bretagne?
Allons-nous vers un durcissement du judaïsme à la française pris de panique ? Vers une «ghettoïsation» de la pensée juive en France, comme le souhaiteraient certains? C'est face à ses défis de l'intérieur qu'aura à répondre le nouveau Président du C. R. I. F. pour être à nouveau, un partenaire authentique à tous les niveaux de la société française.
Richard Prasquier, pour son second mandat, pourrait être ce Président-là.. Encore faut-il qu'il soit plus à l'écoute du terrain que de ses conseillers. Qu'il soit plus pragmatique, plus en cohésion avec l'ensemble de la Nation. Un juif parmi les Nations et non un juif hors des Nations. » (psss Bernard Koch, j’ai corrigé les fautes…)
Ce brave Monsieur Koch nous donne peut-être quelques clés de lecture sur l’attitude générale du CRIF et sur le choix (télécommandé par l’Elysée ?) de Richard Prasquier…
Dommage, je gage qu’une large majorité de la communauté juive aurait certainement préféré le « style » de Meyer Habib en ce qu’il aurait défendu bec et ongle Israël au lieu de voir une vieille dame poussiéreuse animée par quelques béni-oui-oui et apparatchiks timorés.
Tiens un petit mot sur les apparatchiks « crifiens »!
En dehors de son Président, roi des crifiens Richard Prasquier, on ne peut parler des apparatchiks sans évoquer quelques noms.
Haïm Musicant, directeur général du CRIF, la voix de son maître Richard et donc indirectement du Grand Maître Nicolas qui, pour le remercier d’être aussi « aux ordres » le promeut au grade d’officier de l’ordre du mérite National… c’est pas beau ça ? Haîm a eu son « bon point » par tonton Nicolas…
Le dévouement de Haïm le pousse parfois à être un peu « facho » disent certaines mauvaises langues, mais il parait que c’est pour la bonne cause.
Bernard Musicant, le frère du premier, pas grand-chose à en dire si ce n’est que c’est un idiot inutile qui n’a d’autres arguments que de répéter mot à mot ce que le CRIF publie…
Notre Gil Taïeb National ! A voilà une personnalité qu’elle est belle ! Notre Gilou est de tous les combats et sur tous les fronts. Sauf que…
Sauf qu’avec ses allures de présentateur d’émission de TV et sa façon d’être toujours consensuel, il finit par ressembler à un homme politique en campagne électorale.
Jamais un mot plus haut que l’autre, jamais une position qui risquerai de froisser quelqu’un au CRIF ou ailleurs…
Notre Gilou national semble manquer quelque peu de personnalité… Et surtout ne jamais critiqué le CRIF. J’ai pour ma part l’idée que le voilà notre futur Président du CRIF quand le Prasquier de service prendra sa retraite.
Voilà donc note vieille dame de qui une partie de la communauté juive attend des positions fermes…
Laissons-la plutôt dormir gentiment.
Quant à la communauté juive, elle ferait mieux de créer une vraie structure de représentation directe afin de faire entendre sa voix en élisant à sa tête un homme intelligent et déterminé à ne pas s’en laisser compter par le pouvoir politique quel qu’il soit.
La communauté juive compte beaucoup d’intellectuels brillants qui ne caressent pas dans le sens du poil notre Nicolas. Elle compte aussi des hommes courageux tel que Sammy Ghozlan qui n’ont pas peur de prendre tous les risques, tant pour combattre l’antisémitisme que pour défendre Israël.
Il est temps que ces hommes, non crifiens pour la plupart, se regroupent pour fonder une représentation directe de l’ensemble de la communauté juive.
Bon d’accord c’est mon avis, mais je le partage volontiers…
Le Crifouillard - Chronique que vous n’entendrez pas sur radio J (tient le voilà le J qu’il manque dans CRIF)
* Maalot - Le massacre de Ma’alot fut un acte terroriste, des plus terribles et que la mémoire israélienne n’est pas prête d’oublier. Des terroristes palestiniens prirent pour cible l’école de la ville de Ma’alot (en Haute Galilée) Le matin du 15 mai 1974, un groupe de terroristes de l’organisation de Narif Hawatmé entra en Israël par la frontière libanaise. En arrivant dans la ville de Ma’alot, ils blessèrent un employé de nettoyage qu’ils croisèrent, puis forcèrent la porte d’un des appartements de la ville, et tuèrent le père, la mère et le fils de la même famille.
A 4 heures du matin ils prirent l’école « Nativ Méïr » où il y avait 105 élèves et dix enseignants, résidents de Safed, présents dans le cadre d’une excursion d’adolescents qui faisaient une préparation militaire.
Quelques uns de ceux qui étaient dans l’école, - parmi eux quelques enseignants et le responsable de l’excursion qui, plus tard, seront interrogés sur cette fuite - réussirent à s’enfuir. Quant aux autres, ils furent pris en otages. Les terroristes laissèrent toutefois partir une jeune fille pour qu’elle transmette leurs exigences, qui comprenaient, parmi d’autres choses, la libération de 26 terroristes emprisonnés en Israël.
Les forces de la sécurité encerclèrent l’école et entamèrent des négociations avec les terroristes, tout en se préparant parallèlement à libérer les otages par la force. Les négociations durèrent de longues heures, pendant lesquelles quelques coups de feu furent tirés et un soldat de Tsahal tué. Finalement un groupe d’élite de l’armée israélienne fonça dans l’école causant de lourdes pertes : 21 enfants et 3 adultes furent tués, 68 otages et soldats furent blessés.
Le nombre des victimes amena par la suite une bataille d’accusations parmi les participants à cette action. Certains pensaient que l’action de libération avait duré trop longtemps et qu’ainsi les terroristes avaient pu blesser des otages. D’autres disaient que les négociations avaient trop traîné et permis aux terroristes de mieux se préparer à l’attaque.
Le combat entre les différentes positions n’a pas faibli, mais les résultats de cette terrible affaire amenèrent à des changements chez les forces de la sécurité dans la façon de traiter les actions terroristes et, spécialement, les négociations.un-echo-israel