25.04.10
David Ben Gurion avait un rêve. Celui de faire refleurir le désert. Une mission d'intérêt national pour cet amoureux des étendues arides, tant sur les plans sécuritaires qu'économiques. Aujourd'hui, à la suite de Shimon Peres, c'est Silvan Shalom qui a repris le flambeau et les rennes du ministère du Développement pour le Néguev et la Galilée. Mission : repeupler le désert.
"Nous avons le plus beau Néguev du monde", s'exclame avec humour Raz Arbel, directeur touristique de Ramat Hanéguev. Cette région d'Israël, située au nord du Néguev, occupe 30 % du désert israélien, soit 443 200 hectares. Mais avec ses 14 localités et quelque 3 700 habitants, difficile de croire qu'il s'agit du plus grand conseil régional du pays.
"Il est impératif de faire venir de nouveaux résidents", martèle Arbel. Tel est précisément le défi de la région et de l'Agence juive : la création de nouvelles localités pour permettre l'intégration de quelque 1 000 familles. En terme d'arrivées, 2009 s'est révélée être une bonne année, avec l'installation de 100 nouveaux foyers. Plus tôt, fin 2005, dans le sillage du désengagement du Goush Katif, Ramat Hanéguev avait déjà bénéficié d'un apport humain non négligeable avec les expatriés du retrait, venus, pour certains, s'installer dans le sud-ouest du désert.
Le prototype du nouvel arrivant : "ce sont surtout de jeunes familles avec des enfants en âge d'être scolarisés qui aspirent à une vie et des structures éducatives de meilleure qualité", explique Arbel. Et c'est précisément pour séduire les potentiels candidats que le conseil régional a récemment mis en place un système scolaire digne de ce nom, un réseau culturel - initiatives artistiques communautaires et festivals nationaux - mais aussi, des services de proximité, comme par exemple, un ramassage scolaire.
Autre priorité de la région : miser sur son potentiel économique. Pour beaucoup, le désert n'est encore qu'une région sous-developpée sans opportunités d'emplois. Un cliché qui tend à ne plus être d'actualité.
80 % des produits agricoles israéliens proviennent du Néguev
Pour les jeunes familles qui choisissent le sable du désert pour nouveau plancher, il s'agit bien souvent d'un retour aux valeurs ancestrales : le travail de la terre. Les fermes fleurissent dans le Néguev. Et avec elles, leur cortège de productions locales et de chambres d'hôtes.
Désormais, le vin est en vogue. Un héritage de l'époque nabatéenne. La majorité des fermes se sont lancées dans la production viticole, encouragées par les atouts climatiques de la région : de forts écarts de température et une faible humidité. Cépages privilégiés : le Merlot et le Cabernet Sauvignon.
Autre spécialité du Néguev, le fromage de chèvre. Certains ont même remporté des prix sur les marchés français et européens. Mais le Néguev réserve aussi des surprises de technologies et de savoir-faire dans des domaines moins attendus. Contre toute attente, il est devenu un fleuron de l'agriculture.
Aujourd'hui, fruits et légumes poussent allègrement dans les étendues désertiques du sud du pays. Et à chaque région, sa spécialité. Une imposante ferme de Dimona est célèbre pour ses figues de barbarie. La Arava excelle pour ses productions de dattes, d'olives - dont elle tire une huile de qualité - et de concombres.
Le Néguev est aussi le plus gros producteur de tomates cherry du pays. La raison d'un tel succès : le manque de précipitations. Les fruits produits dans le désert contiennent moins d'eau et davantage de pulpe ce qui leur assure une saveur et une conservation optimales. Des caractéristiques qui ont séduit les marchés étrangers, puisque les kibboutzim de Ramat Hanéguev produisent essentiellement pour l'export. Parmi les denrées les plus exportées : le poivron, la pastèque, le melon, et la pomme de terre douce.
Des poissons dans le sable
Le conseil régional du Ramat Hanéguev a fait sien deux principes de base du développement durable : la protection de la nature et un usage intelligent de ses systèmes écologiques existants. Il a su transformer ses attributs en atouts significatifs pour l'agriculture extensive et intensive. Mais pas seulement. Dernier défi en date pour cette région carencée en eau de pluie mais pas en nappes phréatiques : l'élevage des poissons dans le sable. Un projet fou et innovant qui s'inscrit dans la volonté du conseil régional d'exploiter les richesses naturelles de son sol.
Car l'or bleu fait particulièrement défaut dans cette partie du globe. Pour assurer au Néguev son indépendance, la société Mekorot et le KKL ont décidé d'établir une usine de désalinisation à Nitzana. Résultat : 3 millions de mètres cubes d'eau par an et un pôle emploi pour la région. "Un succès", note Raz Arbel, qui mise aussi et surtout sur le solaire pour le développement économique du Néguev. Dans le sillage de la convention de Kyoto sur l'environnement en 1998, le gouvernement avait décidé la création d'un centre de production d'énergie solaire en plein cœur du Néguev. Actuellement en phase de rodage, le site d'Ashalim devrait constituer une source d'emplois effective dès 2011.
Enfin, dernier projet d'envergure : la création d'une imposante base militaire. "La majeure partie du désert appartient à l'armée", note Arbel. La base de Shivta, notamment, est le principal centre d'entraînement du pays pour les unités d'artillerie.
"Le Néguev constitue l'avenir d'Israël", affirme Arbel. Et d'avancer sa situation géographique, à mi-chemin entre la région du Dan - la plus peuplée du pays - l'Egypte et la Jordanie. Une position idéale pour être la plaque tournante de toute coopération locale. Le rêve d'Herzl s'est réalisé. Et si celui de Ben Gourion venait lui aussi à se concrétiser ?
A VOIR :
La ferme de Naot
Gadi, Leah Nahimov et leurs six enfants ont toujours rêvé de vivre au grand air. Mais il leur aura fallu attendre 2003 avant de s'installer dans le Ramat Hanéguev et de créer la ferme de Naot. Aujourd'hui, ils possèdent 150 chèvres qui produisent 3 à 4 litres de lait par jour et ses dérivés lactés.
L'établissement se visite sur commande. Possibilité d'acheter directement à la ferme et de passer la nuit sur place dans des bungalows aménagés tout confort.
Shivta
Les Nabatéens d'hier étaient en quelque sorte les Bédouins d'aujourd'hui. Des nomades qui circulaient sur la Route des épices, depuis le Yémen jusqu'au port de Gaza, via l'Arabie Saoudite, Petra et le sud d'Israël. Soit 200 000 km à parcourir pour ramener des encens pour les lieux de culte, qui exigeait des haltes sécurisées pour les hommes et leurs montures. Au départ, simples arrêts pour les voyageurs, les sites nabatéens allaient devenir des lieux de vie, dont les vestiges se visitent aujourd'hui. Le Néguev en compte cinq - Shivta, Mamshit, Ovdat, Haloutza et Nizzana. Celui de Shivta a été classé patrimoine mondial de l'Unesco en 2005.
Renseignements :
*3639 (depuis Israël), +972-2-5006261 (depuis l'étranger)
www.parks.co.il
Le restaurant traditionnel
A l'entrée du site de Shivta, le restaurant familial est un exemple de reconversion réussie. Il est tenu par un jeune couple qui a décidé de quitter la ville pour s'implanter dans le désert. Leur concept : un mélange de cuisines traditionnelles nabatéenne et marocaine qui met à l'honneur les épices et les légumes frais. L'établissement peut accueillir jusqu'à 100 convives et propose un hébergement pour 12 personnes.
Le Spa de Neve Midbar
Une oasis au milieu du désert : cabines de massage, aires de relaxation et vastes piscines d'eau naturelle puisée dans les entrailles de la terre, à 900 mètres de profondeur. Neve Midbar est réputé pour ses bassins à 40°, riches en minéraux. Services proposés : un restaurant familial, dont les mets casher traditionnels sont confectionnés par les femmes de la région. Possibilité d'hébergement dans une des
82 lodgia de Masahabim, situées à quelques minutes en voiture du spa.
Renseignements : 08-6579666
www.neve-midbar.co.il
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