Analyse de Khaled Asmar - Beyrouth
Saad Hariri reporte son retour à Beyrouth pour échapper à une "assignation à résidence"
mercredi 12 janvier 2011 - 16h33, par Khaled Asmar - Beyrouth
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Les choses se sont accélérées ces dernières heures à Beyrouth. L’Iran, la Syrie et le Hezbollah étant conscients de leur échec à bloquer la justice internationale - confirmant par là même leur culpabilité - ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Les ministres de l’opposition viennent de démissionner après avoir échoué à exiger un Conseil des ministres extraordinaire avec un ordre du jour dicté par le Hezbollah. Saad Hariri, qui se trouve à Washington, refuse ce diktat stalinien et reporte son retour au Liban.
La décision de Hariri semble justifiée, puisqu’une source libanaise bien informée nous a révélé, la nuit dernière, que le plan du Hezbollah et de l’opposition consiste à placer le Premier ministre en « résidence surveillée » dès son retour au pays pour présider, comme ils l’exigent, un Conseil des ministres. Car, une fois assigné à résidence, Hariri aura le pistolet (et plus de 60.000 missiles du Hezbollah) sur la tempe, et sera obligé de signer la fin du Tribunal international pour le Liban (TSL).
Le programme du Hezbollah, dont l’annonce a été confiée dès hier soir à l’allié chrétien de l’opposition, Michel Aoun, et aujourd’hui à son gendre Gebran Bassil qui a prononcé la démission collective des ministres de l’opposition, pour lui donner une couverture chrétienne et une dimension nationale qui lui manquent terriblement, comprend plusieurs étapes :
La première phase consiste à accentuer la pression politique et le blocage des institutions à travers la démission du gouvernement. Le Hezbollah entend ainsi attirer Hariri dans son piège, le forcer à rentrer à Beyrouth pour présider le Conseil des ministres, et satisfaire les exigences de l’opposition.
Une deuxième phase entrera en vigueur dès que la précédente aura échoué. Elle consiste à prendre Hariri, physiquement, en otage. L’opposition est consciente que le Premier ministre n’est pas disposé à se soumettre au diktat des milices et autres bandes armées qui n’ont de Libanais que le nom. L’encerclement politique de la majorité souverainiste ne suffit plus, le Hezbollah envisage un recours à la force.
La troisième phase consiste à neutraliser l’armée, décidée à défendre les institutions et l’Etat contre toute action militaire. Pour la neutraliser, le Hezbollah se prépare à s’abriter derrière des manifestations que devront lancer les syndicats pour des revendications socioéconomiques, comme il l’avait fait en mai 2008 à la veille de son coup de force contre Beyrouth. « Ne pouvant intervenir contre des femmes et des enfants qui manifestent pacifiquement », l’armée sera vite débordée et paralysée.
Parallèlement à cette phase, une tentative musclée sera menée contre les Forces de Sécurité Intérieures (FSI). Leur commandant, le général Ashraf Rifi, et le chef du Département de renseignement, Wissam Al-Hassan, considérés comme proches de Hariri, sont menacés. Rappelons que le lieutenant de Wissam Al-Hassan, le capitaine Wissam Eid, avait péri dans l’explosion de sa voiture, le 25 janvier 2008 pour avoir établi les liens entre certains dirigeants du Hezbollah et l’assassinat de Rafic Hariri.
Ce plan signifie, entre autre, que le Hezbollah, ses alliés et leurs maîtres syriens et iraniens craignent le TSL et sont décidés à le bloquer. Il signifie également que le Liban entre dans une logique de guerre menée par le Hezbollah qui produira le scénario du Hamas à Gaza. La majorité s’estime ainsi obligée d’envisager une « logique de résistance ».
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