LE ROI SALOMON REPOND A JCALL : « ON NE DECOUPE PAS LES BEBES »
Maître Bertrand Ramas-Muhlbach
pour lessakele et aschkel.info
L’appel J call lancé ce 1er mai 2010, par un collectif d’intellectuels juifs composé notamment d’Alain Finkelkraut, de Bernard Henri Levy ou encore de Daniel CohnBendit, a fait coulé beaucoup d’encre. Il s’est, en effet, permis de critiquer la politique israélienne en recourant à des termes vexants voire insultants pour Israël comme par exemple « occupation », « implantation en Cisjordanie et dans les quartiers arabes de Jérusalem Est », « erreur politique », « faute morale », « délégitimation inacceptable d’Israël »... Par ailleurs, ces éminents intellectuels n’ont pas manqué de s’accaparer le monopole de la raison, et appelé à une ingérence de l’Union Européenne et des Etats-Unis pour exercer des pressions (sur les deux parties bien entendu) afin qu’elles aboutissent à un règlement « raisonnable » et rapide du conflit israélo palestinien.
Plus précisément, cet appel l’est en vue de l’établissement de « deux Etats pour deux peuples » (ce qui semble désormais acquis pour une très large majorité) en suggérant (à demi -mot) un partage de Jérusalem et un arrêt des constructions israéliennes autour de la capitale israélienne, tout au moins dans sa partie orientale.
Le problème que pose une nouvelle fois le collectif Jcall est celui de savoir si, lors d’une contradiction d’intérêts, la seule solution consiste à renvoyer les parties dos à dos et à prévoir un partage du bien revendiqué. Une fois encore, il se pourrait bien que la réponse se trouve dans le raisonnement du Roi Salomon (1 Roi, 3 ;16-28) lorsqu’il a eu à connaître les revendications de deux femmes sur un enfant dont elles affirmaient, chacune, être la mère. Il a simplement demandé à ce qu’on lui apporte une épée pour couper l’enfant en deux, et permettre ainsi d’en donner une moitié à chacune d’elle. Les réactions furent différentes chez les prétendues mères : l’une a proposé d’abandonner le bébé à l’autre pour éviter qu’il ne meurt, tandis que la seconde s’est satisfaite de la solution avancée par le Roi Salomon. Ces attitudes ont suffit au Roi pour lui permettre de forger sa décision : « Donnez à la première l'enfant qui vit, et ne le faites point mourir. C'est elle qui est sa mère».
Le Roi Salomon aurait certainement adopté le même raisonnement s’il avait eu à connaître les revendications palestiniennes sur la capitale israélienne : Jérusalem est un peu le « Bébé » du peuple juif qu’il ne faut ni découper ni priver de son parent. C’est ce qu’a rappelé le Premier Ministre Netanyahou au Président Barak Obama en mars 2010 lorsqu’il a lancé : «Le peuple juif a construit Jérusalem il y a 3.000 ans et le peuple juif construit Jérusalem aujourd'hui ». Jérusalem a, en effet, été la capitale du Roi David (il y a transporté l'Arche d'Alliance), le Roi Salomon y a fait construire un sanctuaire pour abriter les Tables de la Loi (comme prévu par Moïse) et la capitale israélienne constitue une partie de l’identité juive à travers l’héritage Biblique transmis de génération en génération, du vœu formulé à la fin des cérémonies des fêtes dePessa’h (« l’an prochain à Jérusalem »), ou encore de la prière que récitent quotidiennement les juifs pour la construction de Jérusalem (dans la Amida)...
Les arabes ont pour leur part un lien plus distendu avec Jérusalem. Ils ont certes envahi la Palestine au 7ème siècle et construit une mosquée sur l’emplacement du temple de Salomon mais l’Islam ne s’y est pas imposé naturellement. Les populations juives et chrétiennes locales ont fait le choix de se convertir à l’Islam au 8ème siècle pour éviter les discriminations économiques puis, pour les récalcitrants, été obligés de le faire par un décret de 1012 des califes Fatimides dirigés par les Musulmans Shiites du Caire : à défaut, il fallait quitter le pays. Lorsqu’en 1044, le nouveau calife a levé le décret des conversions forcées, les juifs convertis ont encore préféré rester musulman pour éviter les discriminations.
Lorsque de nombreux siècles plus tard (en 1948), Jérusalem a de nouveau été placée sous souveraineté arabe : la légion arabe jordanienne a repris les méthodes d’épuration ethnique ancestrale pour tenter d’effacer les témoignages de la présence juive à Jérusalem : destruction des quartiers juifs, des synagogues (58 au total), expulsion des résidants juifs. Enfin, au cours des dix dernières années (2001-2010), les revendications arabes sur Jérusalem se sont exprimées au moyen de l’attentat terroriste en Israël et à Jérusalem au moyen d’armes blanches ou à feu, de ceintures explosives, de roquettes, d’obus de mortier, même de bulldozers ou de pelleteuses … Pour ce qu’il en est des endroits choisis pour commettre ces attentats, on peut citer les rues fréquentées, les écoles juives, les centres commerciaux, les chemins de randonnées, les routes, les gares routières et ferroviaires, les points de contrôle avec la Cisjordanie et Gaza, les bus ou les arrêts de bus…
Aujourd’hui, si les Palestiniens veulent créer leur Etat, c’est Ramallah qui devra être choisie pour capitale puisque cette ville symbolise la présence et le combat palestinien : c’est à la Mouqata que s’est retranché Yasser Arafat, que siègent les institutions du Fatah, et où sont accueillis les personnalités étrangères qui rendent visite au président de l’Autorité palestinienne.
En fait, les revendications arabes palestiniennes sur Jérusalem apparaissent très proches de celles de la supposée mère qui acceptait, du Roi Salomon, qu’il tue l’enfant pour empêcher l’autre de l’avoir : les Palestiniens semblent plus attachés à la destruction de Jérusalem comme symbole du judaïsme, qu’à la création de l’Etat palestinien.
La raison très simple est, en réalité, fournie par le mot Palestine lui même. Le mot « phalastin », en arabe, est une combinaison de deux mots : « falas » et « tin », reliés par un « s » employé dans la langue arabe comme conjonction de coordination. Or, en arabe, « falas » signifie « faillite », c'est-à-dire l’échec complet d’une entreprise, et le mot « tin » signifie « boue » mais également « terre argileuse » ou encore terre infertile. Ainsi, en langue arabe, le mot « Phalastin » n’est rien d’autre que la « faillite de la terre non fertile », un peu comme si cette « terre argileuse et infertile » était la population locale que les vendeurs de haine déshumanisent et plongent dans le désespoir et la désolation pour en faire des barbares dociles et soumis.
Dans ces conditions, le collectif Jcall ne peut espérer appliquer au conflit israélo-palestinien les recettes qui prévoient, dans un conflit, « de couper la poire en deux », ou encore, la règle selon laquelle « c’est le plus intelligent qui cède ». Le problème est un peu plus compliqué. Aussi, mieux vaut-il s’en tenir à la jurisprudence du Roi Salomon et avoir la certitude que le musée du terrorisme palestinien ne sera jamais inauguré à Jérusalem.