Par Julian Borger,
Adaptation : Marc Brzustowski
http://www.guardian.co.uk/world/2010/dec/19/wikileaks-cables-egypt-nuclear-weapons
L’ambassadeur américain au Caire a affirmé que le Président Moubarak avait dit « non » à une offre de livraison d’armes atomiques en provenance d’ex-Union Soviétique.
- Julian Borger, éditorialiste des questions diplomatiques
- guardian.co.uk, Dimanche 19 Décembre 2010 21.30 GMT
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Hosni Moubarak a rejeté une offre de livraisons d’armes atomiques et d’experts nucléaires, selon les câbles télégraphiques (Wikileaks).
Photo : Amr Nabil/AP
L’Egypte e s’est vue offrir des armes nucleaires , du matériel et de l’expertise sur le marché noir, après l’effondrement de l’Union Soviétique, selon un diplomate égyptien important.
Le Président Hosni Moubarak avait, alors, refusé l’offre, mais l’incident fit surgir de nouvelles questions concernant la vente de nucléaire de la part d’autres états ou groupes profitant du chaos du début des années 1990 en Russie et dans les anciennes républiques soviétiques.
Maged Abdelaziz, l’ambassadeur de ce pays aux Nations-Unies, a fait cette révélation au principal négociateur américain sur le contrôle des armes nucléaires, Rose Gottemoeller, lors d’une conversation en mai dernier, rapportée dans l’une des fuites par câbles.
Le sujet avait surgi lors d’une discussion concernant la création d’une zone libre de toute arme nucléaire au Moyen-Orient , une politique jugée prioritaire par les affaires étrangères égyptiennes. Le câble américain mentionne qu’ : « Au bout du compte, dans une apparente tentative visant à dépeindre l’Egypte comme un acteur responsable au sein de la Communauté internationale, Abdelaziz a prétendu que l’Egypte s’était vue offrir l’expertise de savants nucléaires, du matériel et même des armes, immédiatement après l’effondrement de l’Union Soviétique, mais que l’Egypte avait refusé en bloc de telles offres.
“A/S [l’assistant du Secrétaire d’Etat] Gottemoeller lui demanda alors comment il pouvait vérifier que c’était vrai, ce à quoi Abdelaziz a rétorqué qu’il se trouvait à Moscou à l’époque et qu’il en avait eu connaissance personnellement et directement ».
Abdelaziz a, depuis, refusé de faire le moindre commentaire au sujet de ce câble, et il n’est pas clairement dit dans le texte qui, réellement, avait formulé cette offre.
Cependant, d’autres indices pointent le doigt en direction d’anciens officiers de l’armée et de scientifiques nucléaires qui se retrouvaient brutalement confrontés à la perte de leurs privilèges et de leurs revenus.
Maria Rost Rublee, une experte dans l’histoire du programme nucléaire égyptien, a déclaré que trois sources bien informées –un ancien diplomate égyptien, un officier de l’armée et un scientifique nucléaire- lui avaient dit que « des acteurs non-étatiques » appartenant à une ancienne république soviétique avait tenté de vendre du matériau fissile et de la technologie à l’Egypte.
“Moubarak a refusé. Il était très prudent, même concernant l’énergie nucléaire |civile], et a annulé des projets au sujet d’un programme en ce sens, après Tchernobyl », déclare Rublee, l’auteur de « Normes de Non-Prolifération » – une étude sur la façon dont certaines nations choisissent la voie de la retenue en matière nucléaire, aujourd’hui enseignée à l’Université d’Auckland.
Elle affirme que les fuites concernant ce câble américain de mai 2009 marque la première fois lors de laquelle un responsable égyptien affiche que son gouvernement s’est vu offrir des têtes nucléaires prêtes à l’emploi et l’assistance de techniciens atomistes.
Olli Heinonen, ancien chef de la division de sauvegarde à l’Agence Internationale à l’Energie atomique, a expliqué que : “A l’époque de l’effondrement de l’Union Soviétique, il y avait beaucoup de gens connaissant d’énormes difficultés financières”.
“Certains types étaient à l’affût de tuyaux pour faire rapidement beaucoup d’argent et ont mis sur pied des sociétés offrant du matériel nucléaire, mais il s’agissait d’individus qui passaient ces offres, les états ne le faisaient pas”.
Plusieurs kilogrammes d’armes dotées d’uranium hautement enrichi et de plutonium avaient été saisies entre les mains de trafiquants, durant ces années d’intervalle.
Pendant ce temps, il y avait fréquemment des compte-rendus au sujet d’experts en armement de l’ancienne Union Soviétique qui faisaient la chasse aux offres afin de vendre leur expertise à l’étranger.
L’Agence Internationale à l’Energie Atomique avait, notamment, tenté de découvrir ce qu’un scientifique russo-ukrainien, qui avait mené des travaux tout-à-fait pionniers sur la bombe nucléaire soviétique à Chelyabinsk en Sibérie, faisait en Iran a beau milieu des années 1990.
Ce savant, désormais de retour en Russie, est un expert en matière de techniques d’implosion, nécessaires au déclenchement de têtes nucléaires.
Durant la même période, al-Qaeda se focalisait bien plus sur le programme nucléaire pakistanais comme source accessible afin de construire une bombe terroriste.
Au beau milieu de toute agitation et de ces incertitudes, les experts arguent que si une tête nucléaire avait dû s’égarer durant cette période critique du début des années 1990, elle aurait très probablement déjà été mise à feu à ce jour.
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