Les Frères Musulmans se joignent aux manifestants égyptiens. Trois villes dévastées par les émeutes sont totalement bouclées.

DEBKAfile Reportage exclusif  27 janvier 2011, 10:47 PM (GMT+02:00)

Adapté par Marc Brzustowski

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Tags:  Egyptian demonstrations      Muslim Brotherhood    Mubarak 

Des millions de fidèles musulmans prêts à se soulever vendredi

Le régime Moubarak a été durement secoué jeudi soir, 27 janvier, lorsque le mouvement d’opposition le puissant en Egypte, celui des Frères Musulmans, a ordonné à ses troupes remuantes de se joindre au mouvement de protestation qui fait rage au Caire et dans d’autres villes à partir de jeudi et après les prières de vendredi (28 janvier).

Les sources de Debkafile au Caire rapportent que les quartiers pauvres de la Capitale, comme Shubra, qui abrite 4 millions d’habitants, se démenaient, jeudi soir dans des préparatifs pour mener des actions de rue le jour suivant. La question qui est sur toutes les lèvres, désormais, est : les forces de sécurité sont-elles en mesure de contrôler les plusieurs millions de manifestants attendus pour déferler brusquement dans les rues des villes à travers le pays, comme cela se produira vendredi et protéger le régime contre eux ?

La police, environ un million d’officiers de sécurité et les unités spéciales du Ministère de l’Intérieur, se sont mis sur le pied de guerre depuis trois jours pour tenter d’endiguer la révolte. Ils sont épuisés et démoralisés. Ils ont réussi à faire en sorte que les manifestations ne dégénèrent pas complètement, mais pas à les empêcher. Maintenant que des millions de fidèles des Frères Musulmans ont été appelés à se jeter de toutes leurs forces dans le mouvement de protestation, le Président Hosni Moubarak âgé de 82 ans et assiégé n’est plus en mesure d’éviter d’envoyer l’armée réprimer les troubles, qui semble de plus en plus tourner à la révolution populaire.

Le problème vient du fait que personne ne peut être sûr de la complète loyauté de l’armée envers le régime. Le Président ne peut être certain que les officiers accepteront de donner l’ordre à leurs hommes d’ouvrir le feu sur les manifestants si nécessaire, ou encore si les soldats obéiront à de tels ordres.

Même au bout de trois jours, les sources de Debkafile mentionnent des signes que le Président et son entourage immédiat de conseillers n’ont pas compris l’étendue des périls qui les menacent. Durant des heures, les commandants des forces de sécurité ont supplié le Président de signer des décrets imposant le couvre-feu dans les villes les plus incontrôlables, mais il l’a refusé.

A la fin, ils ont instauré le couvre-feu de leur propre initiative, à Suez et Ismailia, sur les rives du Canal de Suez et tout le long du Canal jusqu’à la ville d’El Arish dans nord-Sinaï, proche des frontières israéliennes et de Gaza. Pendant toute la journée, des heurts violents ont éclaté entre la police et les émeutiers dans les trois villes, qui totalisent une population d’1, 7 million d’habitants, faisant un nombre de blessés qui reste inconnu. Jeudi soir, les rues des trois villes étaient désertes, à l’exception d’importantes patrouilles de sécurité. Nul n’avait l’autorisation de sortir sans laisser-passer spécial.

Le Ministère responsable des mosquées et des prêcheurs, a diffusé jeudi soir des directives à l’intention des imams, qui sont des employés de l’état, leur disant de concentrer leurs sermons de vendredi sur des appels à conserver le calme et à ne pas participer aux manifestations anti-gouvernementales.

Mais ces prêcheurs, même si les chèques de leur salaire provident du denier public, ne se mettront probablement pas en travers de la route de la colère populaire ni n’oseront tenir tête aux Frères Musulmans.

Tard ce jeudi soir, des rumeurs circulaient autour du Caire, laissant entendre que le Président Moubarak était sur le point de congédier le gouvernement et de promettre des élections anticipées. Mais rien de tout cela n’a été confirmé.