Libye - Les libyens demande de l'aide, les pro-Kadhafi contre-attaque - Un navire français en route -résumé
La France a dépêché son porte-hélicoptères Mistral en Libye, en proie aux violences depuis le 15 février, pour évacuer les ouvriers égyptiens bloqués à la frontière avec la Tunisie, a annoncé mercredi le ministère français de la Défense cité par les médias locaux.
Le porte-hélicoptères doit entrer en mer Méditerranée jeudi matin. Après une escale à Toulon, le Mistral accompagné de la frégate Georges-Leygues, devrait se diriger vers la Libye où les deux navires pourraient embarquer environ 800 personnes, selon un porte-parole de l'Etat-major général des Forces armées françaises.
Le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, a annoncé mardi que la France avait envoyé un navire et plusieurs avions gros porteurs pour rapatrier 5.000 réfugiés égyptiens qui se trouvent actuellement à la frontière tuniso-libyenne.
Depuis le 15 février dernier, le régime libyen de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, vacille sous la pression de violentes manifestations. L'est du pays et plusieurs villes du reste du pays sont passées sous le contrôle des insurgés. Selon les défenseurs des droits de l'homme, la répression des soulèvements a fait environ 6.000 morts et plus de 4.000 blessés. De nombreux pays évacuent par air et par mer leurs citoyens pris au piège des violences.
- La contestation libyenne entre dans sa troisième semaine.Les forces pro-Kadhafi ont lancé une contre-offensive, mercredi 2 mars, pour tenter de reprendre contrôle de plusieurs villes stratégiques tombées ces derniers jours aux mains des opposants.
- Les réfugiés continuent d'affluer à la frontière tunisienne. Ils seraient plus de 10 000 par jour, des Egyptiens en grande majorité. La France a promis d'organiser des ponts aériens et envoie un bâtiment de la marine nationale pour évacuer les civils égyptiens.
- La communauté internationale s'interroge toujours surl'opportunité d'une interventionet notamment sur la création d'une zone d'exclusion aérienne.
- Mouammar Kadhafi s'est longuement exprimélors d'une cérémonie officielle. Le dirigeant a redit que le pouvoir se trouvait entre les mains du peuple et réaffirmé qu'Al-Qaida était à l'origine des troubles.
LEMONDE.FR | 02.03.11 | 21h01 • Mis à jour le 02.03.11 | 22h11
Alors que le soulèvement du peuple libyen entre dans sa troisième semaine, le colonel Mouammar Kadhafi a contre-attaqué, mercredi 2 mars, promettant des milliers de morts en cas d'intervention des Occidentaux en Libye et envoyant troupes et avions de chasse à l'attaque de l'Est, contrôlé par les insurgés.
A Tripoli, le Guide de la révolution est apparu devant une foule de partisans lors d'une cérémonie marquant le 34e anniversaire de l'établissement du "pouvoir des masses" dans le pays. "Nous ne pouvons pas permettre aux Américains ou à l'Occident d'intervenir en Libye. S'ils le font, ils doivent savoir qu'ils se jettent dans un enfer et une mer de sang pire que l'Irak ou l'Afghanistan. Nous distribuerons les armes par millions et ce sera un nouveau Vietnam", a-t-il prévenu lors d'un discours de plus de deux heures et demie.
Assurant qu'il ne quitterait jamais le pays et qu'il ne pouvait abandonner le pouvoir, il a de nouveau accusé le réseau Al-Qaida d'être à l'origine de l'insurrection et promis l'amnistie à ceux qui rendraient les armes, tout en assurant qu'il n'y avait "pas de manifestations en Libye".
Les combats s'intensifient dans l'Est. A Benghazi, centre névralgique de la révolte, le Conseil national libyen, mis en place dimanche, a placé à sa tête l'ancien ministre de la justice, Moustafa Abdeldjeïl, et a demandé aux Nations unies d'envoyer des avions "attaquer les bastions des mercenaires africains" que Kadhafi utiliserait contre son propre peuple.
Sur le terrain, les forces libyennes, soutenues par des blindés et par de l'artillerie lourde, ont lancé une attaque à Masra El-Brega, la localité la plus avancée contrôlée par les insurgés dans l'Est. Mais rapidement, des responsables de l'opposition ont assuré qu'ils encerclaient des soldats fidèles au colonel à l'université. Un peu plus au nord, la région d'Ajdabiya a été touchée par des raids aériens qui n'ont pas fait de victime.
Le bilan des affrontements s'alourdit. Selon le porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l'homme, les violences liées à la répression de l'insurrection ont fait 6 000 morts, dont 3 000 à Tripoli, 2 000 à Benghazi et 1 000 dans d'autres villes, comme Zaouïa ou Zenten. Le dernier bilan de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, remontant au 23 février, était de 640 morts.
La déferlante de réfugiés se poursuit. Sur le plan humanitaire, la situation a atteint un niveau de "crise" critique à la frontière libyo-tunisienne. Une foule s'étendait "sur des kilomètres et des kilomètres" pour quitter la Libye, selon le Haut Commissariat aux réfugiés, précisant que près de 150 000 personnes ont fui ces derniers jours.
Les organisations humanitaires et la communauté internationale ont engagé une course contre la montre. La France et le Royaume-Uni ont annoncé l'envoi de plusieurs avions et d'un navire pour évacuer des milliers de personnes vers l'Egypte. Le Programme alimentaire mondial, agence de l'ONU, a décrété un plan d'aide alimentaire d'urgence de 38,7 millions de dollars (28 millions d'euros) pour 2,7 millions de personnes en Libye, en Egypte et en Tunisie.
La communauté internationale toujours divisée sur une intervention. Elle réfléchit à tous les moyens, y compris militaires, de faire plier le régime du colonel Kadhafi. Une zone d'interdiction de survol pour éviter que des avions militaires libyens bombardent opposants et civils est toujours à l'étude, même si les Etats-Unis sont encore "loin d'une telle décision", selon la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, qui a invité à la prudence.
Dans le même temps, deux navires de guerre américains, dont le porte-hélicoptères USS Kearsarge, ont franchi mercredi le canal de Suez pour rejoindre la Méditerranée et se positionner au large de la Libye. L'option d'une intervention militaire suscitait cependant de profondes divisions au sein de l'OTAN, en raison des craintes de réactions dans le monde arabe.
La production de pétrole presque à l'arrêt. Dans son discours, le dirigeant libyen a concédé que la production pétrolière de son pays, qui détient les plus importantes réserves d'Afrique, était "au plus bas", et menacé de remplacer les entreprises occidentales par des sociétés de Chine et d'Inde. L'Agence internationale de l'énergie a revu à la hausse la quantité de pétrole libyen manquant à l'appel, estimant à 850 000 voire un million de barils par jour cette quantité.
Le Monde.fr
Hier à Benghazi, les opposants ont organisé un autodafé du « Livre vert », bible de la révolution écrite par Kadhafi. A. WAGUIH / REUTERS
Libye Reportage dans la ville, berceau de la révolte, où Kadhafi déclenche désormais l'hilarité - 20minutes
Les hasards du calendrier ont croisé ceux du destin incertain de la Libye. A l'heure où la situation reste volatile, le pays se retrouvait hier confronté à une étrange célébration : celle du lancement par le colonel Kadhafi de la « Jamahiriya » (le pouvoir des masses) à la fin dans les années 1970. Un mouvement théorisé dans un petit ouvrage baptisé le « Livre vert ».
A Benghazi, beaucoup craignaient qu'un Kadhafi aux abois ne veuille fêter cet anniversaire dans le sang. Au matin, des rumeurs d'une contre-offensive d'envergure circulaient dans la ville. Mais il n'en a rien été. Quelques chiens de guerre du régime ont vaguement tenté de reprendre la ville pétrolière de Brega, mais ils ont été rapidement repoussés par les insurgés.
A la mi-journée, les habitants de Benghazi se sont massés devant leur poste de télévision pour regarder la conférence de presse donnée à Tripoli, devant une poignée de fidèles par le Guide suprême. Champion de l'autopromotion, de la réécriture de l'histoire et des affirmations rocambolesques, il a provoqué l'hilarité chez ceux qu'il terrorisait encore il y a trois semaines. « Ce type est un pitre, un pantin et un fou furieux, a déclaré un professeur de l'université de Bengazhi. Il faut l'envoyer à l'hôpital psychiatrique ou à la morgue. »
Une fois le show achevé, des milliers de personnes sont sorties dans les rues pour célébrer à leur manière l'anniversaire d'une période révolue. Sur le front de mer, devant le bâtiment brûlé de l'ancien comité populaire, bâti à la gloire de Kadhafi, s'est déroulée une manifestation symbolique : des centaines de « Livres verts », la bible de la révolution écrite par Kadhafi que chacun se devait de lire dès son plus jeune âge, ont été brûlés dans une atmosphère de liesse et de fièvre extraordinaire. Des femmes, et des enfants, ont participé à ce moment de déchaînement joyeux. Les « Livres verts » ont été déchirés, piétinés avant d'être jetés dans un immense brasier. Des flammes qui ont fait couler des larmes de bonheur dans les yeux d'un vieil avocat libyen: « Je n'aurais jamais cru confesse-il dans un sanglot, qu'un tel instant, synonyme de totale liberté, fût un jour possible ».
Le Guide poursuit sa comédie à la télévision libyenne, mais la transmission de son allocution s’est interrompue
mercredi 2 mars 2011 - 12h45, par
Devant ses partisans, Kadhafi prononce une allocution pour fêter l’anninversaire des Comités populaires (1977). Il exploite cette occasion pour poursuivre sa comédie et multiplier les mises en scène.
Kadhafi a affirmé que « le pouvoir populaire dans la Jamahirya est l’apogée de la démocratie. C’est le peuple, à travers les comités populaires, qui exerce directement le pouvoir. De ce fait, il n’y a pas de place en Libye au président, au roi, au prince ou au dirigeant. Le peuple exerce sa pleine souveraineté. C’est un modèle unique dans le monde ». Il a ajouté : « je me demande pourquoi on parle tant de moi, en Occident. Ils me font rire. Je leur rappelle que j’ai mené la révolution, en 1969, et j’ai remis le pouvoir au peuple en 1977 et depuis, je me repose dans ma tente ».
Kadhafi accuse le monde de « comploter contre la Libye, contre le peuple libyen », et affirme que « des cellules d’Al-Qaïda, de retour d’Afghanistan et d’Irak, se sont préparées en Libye pour la déstabiliser. Ils ont attaqué les forces de l’ordre à Benghazi. Ils se sont emparés des armes et ont pris le contrôle d’Al-Bayda... Pour éviter l’effusion de sang, nous avons donné des ordres à la police de ne pas combattre et ne pas se défendre... ».
Kadhafi invite les Libyens à ne pas croire les télévisions étrangères, qu’il ne regarde pas personnellement, « car c’est une perte de temps ». Après avoir accusé « des détenus de Guantanamo (membres d’Al-Qaïda) d’avoir commis des crimes, d’avoir égorgé des civils et des policiers à la façon de Zarkaoui (en Irak), en criant Allah Akbar », Kadhafi affirme que « ces comportements ont terrorisé la population. C’est sous l’effet conjugué de ce terrorisme, et des médias, qu’on a amplifié les informations sur les démissions des ambassadeurs... Il ne faut pas croire ces mensonges. Les démissions ont en majorité été obtenues sous la contrainte. Les familles des généraux démissionnaires ont été prises en otage... ».
Kadhafi a réitéré « son appel à la communauté internationale d’envoyer une commission d’enquête en Libye, afin de faire la lumière sur ce qui s’y passe, tout en démentant que des manifestations hostiles soient organisées dans le pays. Une seule manifestation a eu lieu à Benghazi », affirme-t-il.
Kadhafi rejette la résolution 1970 du Conseil de sécurité, car « l’ONU ne peut pas fonder ses décisions sur la base d’informations mensongères des agences de presse. De plus, le Conseil de sécurité ne peut pas intervenir dans les affaires intérieures des pays... » a-t-il insisté.
Face aux applaudissements et aux cris de soutien de ses partisans, Kadhafi a affirmé que « contrairement au discours musclé de la Place Verte prononcé devant les jeunes, les propos d’aujourd’hui s’adressent calmement à la communauté internationale. C’est un discours calme et posé, un discours raisonnable et historique que doivent entendre et comprendre les journalistes étrangers, les ambassadeurs et l’ensemble de la communauté internationale ».
La diffusion de l’allocution de Kadhafi, transmise par la télévision libyenne, vient d’être interrompue, avant de finir son intervention. On ignore si cette interruption est due à un incident technique ou à une opération de brouillage du signal. La télévision « Al Arabiya » souligne cependant que Kadhafi a fait part de sa disposition à négocier avec Al-Qaïda pour ramener le calme au pays.
Mediarabe.info
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