Les jeunes manifestants israéliens de la “ville des tentes” singent la révolte arabe pour motifs politiques
DEBKAfile Analyse exclusive 27 juillet 2011, 1:26 PM (GMT+02:00)
Adapté par Marc Brzustowski
Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info
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La “ville des Tentes” qui manifeste à Tel Aviv.
Il y a deux semaines, un groupe de jeunes paumés ont installé une « ville de tentes » à l’extrémité haute du Boulevard Rothschild de Tel Aviv, pour protester contre l’indisponibilité de logements abordables dans la ville et ailleurs, dans le pays. Depuis lors, le mouvement, bien que n’ayant jamais acquis les mêmes dimensions de furie, a endossé trois attributs des soulèvements dans les pays arabes : il jouit d’un soutien politique étranger, en coulisse, de la part de certains cercles à Washington ; il exploite les griefs politiques authentiques contre la capitale politique ; et il exige un changement de régime, plus précisément, de s’offrir la tête du Premier Ministre Benyamin Netanyahou sur un plateau.
Les caractéristiques communes s’arrêtent là : la démocratie israélienne est bien vivante et se démène dans une surabondance de partis, une opposition active, un système judiciaire indépendant, le plein-emploi (le chômage a encore connu une baisse, chutnt à 5, 7% en mai), et une économie prospère, entreprenante et innovante.
Le mouvement de protestation a émergé des fondements fragiles de cette économie – une force de travail sous-payée et surtaxée, une classe d’âge professionnelle entre 20 et 50 ans, qui ne parvient plus à joindre les deux bouts, entre le prix exorbitant de la nourriture, le logement (prix du loyer ou prêts hypothécaires) et la scolarisation de leurs enfants ; aucune perspective de changement et le fossé social le plus profond de tout le monde occidental.
Un groupe de jeunes tel-aviviens impatients, autour de vingt ans et plus, s’est présenté comme le fer de lance des luttes sociales pour l’obtention d’une meilleure part de ce gâteau économique en faveur des défavorisés. Aujourd’hui, ils se sont transformés en perroquets politiques des mots-clés empruntés au lexique des révoltes arabes et de l’extrémisme de la gauche radicale.
L’organisatrice auto-proclamée Dafna Lief hurle à travers un mégaphone que la révolution a commencé. « Le Logement n’est pas le problème », déclame t-elle, mais un paquet de réformes redistribuant les bénéfices doit découler de ce mouvement « en tout premier lieu ». Un autre appelle à l’abolition de l’économie de marché, en même temps qu’à a disparition du régime, parce que seuls les « grands magnats en profitent ». Un autre encore déclare qu’il n’est pas question d’attendre encore 60 ans, le temps de l’action est arrivé et que : « Moubarak attend Bibi ! »
Ces slogans accompagnés d’onomatopées, de hurlements et de gestes violents ont constitué leur seule réponse à l’ambitieux programme de réformes proposé dans ses grandes lignes par Netanyahou, jeudi 27 juillet, afin d’aider les plus atteints parmi ceux disposant de domiciles à bon marché.
Il a promis une nouvelle législation avant la suspension d’été des séances à la Knesset, de façon à alléger la paperasserie qui encombre, généralement, les démarches de demandes de permis de construire, jusqu’à cinq à dix ans, a libéré des terrains appartenant à l’Etat à prix cassés, pour la construction de 50 000 nouveaux appartements, au cours des 18 prochains mois ; du terrain bon marché pour des promoteurs s’engageant à permettre des économies, malgré les logeurs et vendeurs ; offert gratuitement des terrains d’état pour y construire 10 000 nouveaux dortoirs pour les étudiants et des ta rifs réduits de moitié dans les transports publics pour les étudiants vivant loin des universités et des collèges.
Bibi voulait croire que son initiative ferait souffler le vent loin des navires des manifestants. Il a eu tort. Leurs dirigeants l’ont accusé de vouloir diviser par pure tactique et les étudiants, les seuls organisés, ont élu des représentants de leurs organismes, et ont décidé que, bien qu’il leur offrait le meilleur accord auquel ils n’étaient jamais parvenus jusque-là, ils ne romperaient pas les rangs avec leurs autres compagnons protestataires.
D’ailleurs, les manifestants ne parlent pas d’élections ni d’élaborer un programme en vue de réformes sociales. Au lieu de cela, ils préfèrent propager une guerre de harcèlement pour maintenir Bibi en équilibre instable : ils prévoient de rejeter toute concession qu’il ferait envers leurs exigences comme n’étant qu’une simple manœuvre, puis de revenir avec de nouvelles exigences.
Fort intéressant, alors que les medias se passionnent pour chacun de leurs gestes, les homes politiques des deux côtés de la Knesset, ont jusqu’à présent, fait en sorte de garder leurs distances vis-à-vis de la « ville des tentes ». Même d’authentiques croisés du social, comme les députés travaillistes Amir Peretz et Shelli Yachimowitch, font très attention de ne pas être identifiés avec ce qui ressemble à un groupe factieux et décalé, avant de voir dans quel sens souffle le vent.
Ofer Eini, Président de la Fédération des syndicats unis de la Histadrut a patienté jusqu’au mardi 26 juillet, avant de commenter que ses propres membres aussi avient des griefs à faire valoir. Mais, il n’a fait aucune mention des manifestants.
Ces hommes politiques sont assez astucieux pour saisir que s’ils font cause commune avec la révolte naissante, ils pourraient vouloir en sortir au mauvais moment, comme l’a fait Bibi.
En Egypte, les manifestants se sont débarrassés d’Hosni Moubarak juste avant d’être frappés par le bâton d’une junte militaire sans la moindre intention d’instaurer les réformes promises. Des émeutes ont à nouveau éclaté autour du Square Tahrir, sous le slogan : « Ils nous ont volé notre révolution ! »
Israël avait, précédemment, des institutions de progrès social public qui ont, également, été détournées, au cours des années 90, lorsque le service public s’est vu privatisé, de façon indiscriminée, par les mêmes dirigeants de l’époque qui dirigent actuellement l’opposition et qui étaient alors inspirés par l’économie libérale globale de Bill Clinton.
Revenir en arrière dans le temps n’est pas une option judicieuse. Mais les classes sociales mues par des revendications légitimes commencent à percevoir que les dirigeants du camp des tentes à Tel Aviv se sont lancés sur une tangente qui flirte avec des idéaux révolutionnaires sans véritable agenda social au-delà du renversement de Bibi.
Le désordre actuel dans les services hospitaliers et médicaux est la conséquence des réformes menées à un train d’enfer, il y a deux décennies. Sans réelle date-limite pour des négociations avec le Gouvernement, les médecins du secteur public sont en grève depuis 120 jours, pour obtenir de meilleures conditions de travail et des équipes renforcées.
Le gouvernement Netanyahou de coalition jouit d’une majorité parlementaire stable. Mais si le mouvement de protestation fait tache d’huile et continue à bénéficier de généreuses promesses de reversement afin de le faire cesser, l’économie pourrait commencer à craquer, les investisseurs sont susceptibles de perdre confiance et de s’évader, et le shekel, l’une des monnaies les plus solides actuellement, pourrait s’effondrer.
Le prix à payer pour une économie qui fléchirait ne sera pas acquitté par les banques et les grandes corporations, mais bien par les classes qui trouvent déjà difficile d’arrondir les fins de mois.
Le mouvement des tentes à Tel Aviv serait bien plus crédible s’il retournait sa colère contre les cartels israéliens et les associations de malfaiteurs, y compris les banques – au moins autant que contre le gouvernement. Mais son axe principal est clairement politique et révèle des motivations politiques fortes, sous-jacentes à sa campagne.
Il suffit simplement de jeter un œil sur son calendrier. Les manifestants sous tente projettent de se maintenir tout au long du mois d’août jusqu’à un moment de paroxysme qu’ils prévoient devoir arriver juste avant que le Palestiniens projettent de réclamer à l’ONU la reconnaissance unilatérale de leur Etat.
Selon ce scénario, le gouvernement Netanyahou doit fatalement tomber à la veille du vote de l’ONU. Les ravages politiques en Israël persuaderont de nombreux pays d’offrir leur vote aux Palestiniens. Un nouveau gouvernement israélien reconnaîtra l’indépendance palestinienne dans les lignes de 1967, prenant ainsi le contre-pied du rejet ferme de cette formule par le gouvernement Netanyahou.
Il ne s’agit pas d’un hasard si, alors que la manifestation du Boulevard Rothschild, prenait de l’ampleur, cette semaine, une délégation d’anciens officiers israéliens qui occupaient, auparavant des positions de haut-rang au sein des services de sécurité, s’est rendue en visite à Washington, chargée d’un message pour l’Administration Obama : « maintenez la pression au maximum contre le Gouvernement Netanyahou et obligez-le à céder sur le retrait aux lignes de 1967. Dès que l’affaire sera dans le sac, la ville des tentes du Boulevard Rothschild s’éparpillera aux quatre vents…