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Je remercie Yéochoua , l'auteur de ce superbe texte.
Par Yéochoua SULTAN
Publié avec l'autorisation de l'auteur pour A propos par Aschkel
Les rois de l'Audimat 1/2
Parlez-nous de la raison.
Faire redémarrer les pourparlers entre Israël et ceux qui veulent sa perte, mais pourquoi donc?
« Qui est le sage? Celui qui sait prévoir ». Cet adage, extrait des Maximes des Pères, que l'on pourrait traduire plus littéralement par « celui qui voit naître les choses », signifie bien qu'un intellectuel qui se respecte sait analyser une situation donnée sans avoir besoin de laisser la roue tourner pour comprendre.
En Israël, tous les pourparlers avec les terroristes, étaient, sont et seront d'avance voués à l'échec. Leurs desseins sont clairs et visent la destruction. Pour eux, apprécier des concessions n'est que tactique. Récemment, une surprenante information a été diffusée: « Le Premier ministre israélien exige la reconnaissance d'Israël en tant qu'Etat juif, ce qui est loin d'être admis. » Mais alors, est-ce à dire qu'Israël n'a donc rien obtenu en échange de l'armement de l'Olp, lors des fameux accords triplement couronnés par Nobel?
À cette période, ceux qui ont sonné l'alarme ont été traités d'opposants à la paix, et ils n'ont été qu'à une nuance près distingués des assassins qui se faisaient sauter au milieu des foules. Et encore, cette distinction entre «opposants» et «ennemis» de la paix a été établie en raison des protestations s'élevant alors du parti au pouvoir, celui-là même qui a armé les terroristes et leur a donné l'autonomie, et c'est elle qui a permis d'épargner aux gens prévoyants d'être identifiés et classés dans la même catégorie que les aspirants aux supposées soixante-dix vierges d'un au-delà inventé pour les besoins de la cause.
Beaucoup de paramètres relevés par le bon sens font que, souvent, nul n'est besoin d'être prophète. Pourtant, de nombreuses prévisions sont attestées par écrit. Concernant la terre d'Israël, et le retour de son peuple, elles sont très nombreuses dans la Bible: « En ce temps-là Je vous rassemblerai des quatre points cardinaux où Je vous aurai dispersés. » Par conséquent, ceux qui cherchent à tout prix à créer « deux Etats pour deux peuples » s'acharnent doublement. Ils renient la raison et les prophéties. D'autant plus que le morcellement de la terre d'Israël, Palestine en langue étrangère, donne lieu à la création de nouveaux Etats sur les terres spoliées du peuple juif, ces derniers étant radicalement opposés aux droits de l'homme: la Jordanie, tout d'abord, (dynamiteuse de synagogues qui a interdit l'accès au Kotel) quand les Anglais se sont dédits de la déclaration Balfour, le Hamastan, quand les Juifs de Gaza ont été expulsés sans aucune forme de procès. En suivant la logique de ceux qui brandissent la menace démographique, un autre Etat pourrait être cédé en Galilée et un autre dans le Néguev. En effet, la Galilée est peuplée d'Arabes à 50%, et le Néguev de Bédouins.
Il y a vingt-cinq ans, des arguments, tous empreints de démagogie et de mensonge, étaient déclamés à longueur de journée dans les médias. Les contrarguments n'avaient pas voix au chapitre. Parfois, un « opposant à la paix » était invité à se faire interrompre et insulter par les gauchisants bien pensants. Toutes les bonnes raisons d'armer les ennemis et de leur céder le cœur de la Palestine occidentale reposaient sur des axiomes ou des rêves insensés. Deux des premiers, les plus rabâchés, sont les suivants: « L'homme (Adam, en hébreu) n'a-t-il pas plus d'importance que la terre? Pourquoi sacrifier des vies humaines pour un sol inerte ? », ou alors: « C'est avec ses ennemis qu'il faut faire la paix. ».
En vérité, l'homme privé de terre est en danger et à la portée du premier agresseur venu. Caïn, chassé de sa terre, a dit: « Celui qui me trouvera me tuera ». On pourrait inverser l'axiome: « L'homme, adam, qui provient de la terre, adama, a besoin d'elle pour se protéger et être respecté. » Pour ne pas se confiner dans une bataille d'axiomes, et pour ceux qui ne sont pas capables de prévoir l'avenir sans être devins, il suffit de considérer l'histoire de l'exil du peuple juif qui, privé de sa terre, a été (et est encore) poursuivi au point que, dans le monde entier, beaucoup trouvent cette situation normale et viennent à considérer les Juifs, peuple errant, comme des sous-hommes (Untermenschen). Aujourd'hui encore, et malheureusement chez certains Juifs aussi, on trouve normal de les expulser de leur foyer, mais pas des Arabes. Dans le quartier du Shiloa'h, une maison juive et cent quinze maisons arabes ont été construites illégalement. Inutile de préciser laquelle on s'acharne à vouloir démolir. Pour les Juifs, pas de pluralisme, ni de foisonnement des cultures.
Pour le second axiome, on comprend mal comment il est compatible avec l'idée du sionisme, puisque l'idée politique de la fondation de l'Etat consiste à pouvoir se battre contre ses ennemis et à ne plus être comme des agneaux conduits à l'abattoir. A moins que l'on ne prône à nouveau l'exil et le désarmement, pour que le Juif continue à jouer son rôle romancé de propagateur des valeurs universelles. La méconnaissance de l'histoire en général annihile la raison de foules qui prennent toute idée faussement nouvelle comme argent comptant. Nul n'est besoin de remonter loin dans le temps pour voir sans être visionnaire ce que la paix à négocier avec ses ennemis a donné avant et au début de la seconde guerre mondiale (Chamberlain, l'honneur, etc.).
Un autre mensonge consiste à décider des intentions des ennemis à leur place. Un ancien député classé dans l'extrême-gauche, qui parlait beaucoup à la radio, affirmait la généralité suivante: « Mais lui aussi veut vivre en paix, il veut vivre à côté de toi !» (en parlant à l'Israélien de l'Arabe, israélien ou non). Un argument, proposé naïvement malgré qu'il soit apparenté à une fausse prophétie, disait encore en 85: « Mais tu ne veux donc pas que les enfants d'aujourd'hui n'aient plus besoin de faire trois ans de service militaire et qu'il n'y ait plus lieu de s'inquiéter pour leur vie qu'ils risquent à tout instant ? »
Toute analyse visant à démontrer que la paix venimeuse risquant de s'instaurer serait plus dangereuse que de lutter contre les ennemis ou de les acheminer vers des pays dont l'identité nationale correspond à leur culture et leur mentalité était prise dans le meilleur des cas pour pessimiste et dans le moins bon pour extrémiste.
Pourtant, en 85 encore, les patrouilles de l'armée dans le centre de la ville de Gaza étaient confiées à des soldats à peine formés, qui portaient en bandoulière un fusil dont ils savaient tout juste se servir. C'étaient plus des promenades que des patrouilles. Aujourd'hui, hélas, tout le processus que nous connaissons met en danger de mort les membres des commandos les plus aguerris, les plus doués et les mieux entraînés, et les terroristes de Gaza peuvent, depuis « Gaza et Jericho d'abord », séquestrer en toute impunité un soldat de Tsahal, dans l'indifférence et/ou l'impuissance générales. Du fusil en bandoulière, quand il n'y avait pas «la paix», nous sommes passés à des bombardements que seul l'accord signé sur la pelouse de la Maison dite blanche a permis de sévir.
Les commentaires des «intellectuels » super médiatisés résonnent encore à nos oreilles: « Enfin, le gouvernement israélien est devenu intelligent. Il a su faire la paix en acceptant les concessions douloureuses. Cet instant est historique, et on a enfin tourné la page sur cent ans de guerres ». Quelqu'un n'est pas d'accord? Y aurait-il d'autres intellectuels qui ne pensent pas comme ceux que les projecteurs aveuglent? Bien sûr qu'ils existent, mais leur voix est étouffée, les médias tout puissants les ignorent. Ils ne risquent pas de se faire connaître, à moins qu'on ne les présente avec un bonnet d'âne: l'étiquette du fanatisme. Pour les accords d'Oslo, les micros et appareils photo ont déniché une liste d'intellectuels de service, certains juifs, d'autres anciennement marié(e)s à des Français juifs illustres.
Mais, quelques années encore avant cette extase quasi messianique, en 88, à la veille des élections pour la douzième Knesset, à Jérusalem, un jeune homme plein d'espoir soutenait le parti Mapam, qui militait entre autres pour que la loi interdisant les rencontres avec des organisations terroristes soit abrogée. Nous avons cordialement échangé quelques mots. Lui rappelant et le principe du retour d'Israël sur sa terre et de quels criminels il retournait, il s'est déclaré prêt à renoncer à une partie de notre histoire et de nos aspirations, la paix étant au-dessus de tout, et il pensait que les ennemis seraient tellement touchés par notre geste qu'ils en perdraient toute animosité. Quand je lui ai rappelé l'intolérance envers les Juifs consignée dans la charte de l'Olp, il a avoué que ses aspirations étaient une sorte d'espoir, de foi en la paix.
Il faut aujourd'hui honnêtement reconnaître que la clairvoyance des parlementaires qui avaient interdit les rencontres avec les organisations niant à Israël le droit à l'existence était certainement plus lucide et réaliste que celle des politiciens qui l'ont pour finir abrogée. Le problème, justement, c'est qu'Israël ne respecte pas les lois internationales de la guerre, mais pas dans le sens où ses détracteurs l'entendent. A défaut d'être suffisamment avisé pour entrevoir l'avenir selon les données actuelles, il est possible, comme nous venons de le suggérer, d'observer des situations du passé pour en tirer des leçons très actuelles. En effet, la règle internationale veut qu'une terre conquise ou récupérée à la suite d'une guerre soit annexée par le vainqueur et que les populations soient déplacées le cas échéant (voir la conférence de Yalta et les Sudètes). Que risque-t-il de se passer si des terres sont à nouveau cédées, avec ou sans accords signés? Transposons-nous de nouveau dans notre contexte: Barak a commandité le retrait du Sud-Liban (toujours pour la paix, n'oublions-pas l'association des « Quatre mères »). La seconde guerre du Liban ne s'est pas fait attendre et on parle aujourd'hui d'un réarmement qui fait du Hezbollah, d'après des responsables américains, une entité plus armée que des Etats). Sharon est responsable du « retrait » de Gaza (il promettait dans tous ses discours, répétés et répercutés par les journalistes, qu'une paix inespérée s'instaurerait si seulement on avait le « courage » de le faire. Et si ça ne marche pas? avaient suggéré certains. La réponse, à laquelle croyaient naïvement bien des gens, consistait à croire que le monde entier comprendrait que nous serions alors agressés et qu'il serait de notre droit le plus élémentaire de contrattaquer). Résultat: intrusions, bombardements jusqu'à Ashdod et Béer-Cheva et recrudescence sans précédant de la pression internationale et de l'isolement. Et que va-t-il se passer si l'expérience de Gaza est répétée aux portes de Tel-Aviv, pour un territoire beaucoup plus proche et beaucoup plus vaste, dominant de surcroît toutes les grandes villes de la côte, où il suffit pour bien viser de regarder dans la bonne direction, quand des bombardements immobiliseront l'aéroport international? Cette évidence taboue commence à empêcher les citoyens de dormir. Même les politiciens cessent de rêver et commencent à redescendre sur terre. Alors, pourquoi faudrait-il reprendre des pourparlers pour poursuivre l'affaiblissement d'Israël? Même dans les médias israéliens, on ne parle plus de processus de paix mais de processus politique.