Lettre ouverte à Me Miville-Dechêne, Ombudsman-Radio-Canada face au traitement de l’information concernant le conflit israélo-palestinien par Dora MARRACHE
Pour aschkel.info et lessakele
CC : Madame Martine Lanctôt, Madame Ginette Viens, CRTC (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes)
Objet : Le nombre croissant de plaintes à l’endroit de Radio-Canada concernant les Juifs et le conflit israélo-palestinien
Madame ;
Sans les courriels que je reçois, j’ignorerais tout des émissions de Radio-Canada. Comme je crois vous l’avoir déjà dit, pour ma part, il y a bien longtemps que je ne regarde plus les émissions de notre société d’état pour m’éviter d’être envahie par un sentiment de frustration, doublé d’un sentiment d’impuissance face au traitement de l’information concernant le conflit israélo-palestinien. Et s’il m’arrive de regarder la chaîne ou d’écouter la radio, c’est uniquement pour observer et analyser ce qu’on y présente. Je tiens d’ailleurs à rendre hommage à Richard Martineau, un des rares journalistes à avoir osé souligner l’acharnement des medias contre Israël.
Quand la critique est constructive, quand elle peut déboucher sur une amélioration, aussi minime soit-elle, elle a sa raison d’être. En revanche, quand nos plaintes restent lettre morte, l’indifférence me paraît être la meilleure solution.
À dire vrai, je suis même étonnée que vous ayez encore des auditeurs juifs. Mais, alors que j’étais sur le point de les inviter à boycotter votre chaîne, un profond changement s’est soudain opéré en moi - Il n’ y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, n’est-ce pas ? - et j’adopte une position aux antipodes de celle qui fut mienne: je voudrais inviter les auditeurs de toute confession et de toute allégeance politique à réagir chaque fois que l’information leur semble erronée ou biaisée. Pourquoi ? D’une part, parce que le boycott ne toucherait guère la SRC; au contraire, il lui permettrait de diffuser l’information sans être importunée, l’absence des Juifs ne modifiant guère sa cote d’écoute. D’autre part, cette société étant financée à même les fonds publics, les citoyens doivent avoir leur mot à dire. Ils peuvent se permettre d’exiger d’elle une information de qualité, et ce d’autant plus que le gouvernement Harper lui a octroyé une hausse de 133 millions, soit une augmentation de 12%. J’ajouterai qu’une phrase de celui qui fut mon idole pendant mon adolescence, Albert Einstein, m’est revenue en mémoire et m’a incitée à agir : « La vie est très dangereuse, écrivait-il. Non à cause des personnes qui font du mal, mais à cause de celles qui s’asseyent pour regarder ce qui se passe ».
Je me refuse à être de celles-là, je ne puis m’asseoir et rester les bras croisés.
Les « fautes » de Radio-Canada, si je puis m’exprimer ainsi, sont de trois types : il y a les préjugés ou les idées toutes faites, ainsi que les figures de style inappropriées, que ce soit à propos des Juifs ou à propos d’Israël ; les reportages et les documentaires qui se limitent à un seul point de vue, donc qui ne sont pas équilibrés ; les informations et/ou les reportages parfois truffés d’erreurs factuelles : ainsi, dans le cas d’un lancement de roquettes, on commence toujours par les représailles israéliennes et, accessoirement, en fin d’article, on mentionne en deux mots, le bombardement de la veille qui a donné lieu à ces représailles. Et c’est sans parler de la langue de bois qu’utilisent les journalistes: les terroristes sont des militants ou des activistes ; les habitants de la Judée-Samarie sont des colons, les roquettes sont toujours de type artisanal, etc., et sans parler également de tout ce que Radio-Canada ne nous dit pas mais que, grâce à Internet et aux autres medias, nous sommes amenés à découvrir.
Le 1er décembre 2010, vous écriviez qu’en trois ans vous n’avez relevé des erreurs que dans six émissions. Certes, mais François Bergeron note que, dans le rapport que vous avez déposé le 6 octobre 2009 pour l’année 2007-2008, « Plus de 200 plaintes ont porté sur le conflit israélo-palestinien, dont 156 sur un seul documentaire diffusé au RDI, Paix, propagande et Terre promise » et il ajoute « Et on dit que derrière toute plainte il y a des centaines d’autres mécontents qui ne se sont pas manifestés ».
Je ne vous cacherai donc pas, Madame Miville-Dechêne, que je vais profiter des ondes pour présenter à nos auditeurs un récapitulatif non- exhaustif des erreurs commises par Radio-Canada.
La dernière en date concerne l’émission Le Club des ex du 31 décembre 2010 au cours de laquelle Mme Liza Frulla souligne, sur un ton qui m’a semblé réprobateur, que Mr Harper courtise l’électorat juif, qu’il va même jusqu'à se rendre à l’allumage des bougies de la fête de Hanoucca. Or, si mes souvenirs sont exacts, cette coutume n’a pas été initiée par Mr Harper ; en cherchant bien, Radio-Canada pourrait sans doute trouver des photos de Jean Chrétien participant aux célébrations de cette fête juive. Même le chef de l’opposition actuel, Michael Ignatieff, a été photographié au cours de la célébration de Hanoucca. Par ailleurs, Mme Frulla devrait savoir que Mr Harper n’a nullement besoin de « courtiser » l’électorat juif : les voix juives lui sont acquises pour son soutien inconditionnel et sincère à Israël. Mais, hélas, ce soutien que désapprouvent beaucoup d’électeurs canadiens aura certainement des conséquences fâcheuses au moment des prochaines élections et Mr Harper en est parfaitement conscient. Mme Frulla a également jugé bon de décocher quelques flèches en direction des Juifs. Elle a parlé de la « puissance » des Juifs « à tout point de vue », tout en se frottant le pouce et l’index en signe d’argent parce que, en bonne méditerranéenne, elle a jugé bon de joindre le geste à la parole, geste à la limite de la vulgarité sur un plateau de télévision et qui la déshonore plus qu’il ne porte préjudice aux Juifs. C’est sans doute son « moi jaloux » qui s’est exprimé et a fait taire la voix de sa raison. Elle commença même à bégayer « toutes les positions que les Conservateurs … », mais Simon Durivage se porta rapidement à son secours et termina la phrase : « que les Conservateurs font en faveur d’Israël ».
Encore une fois les préjugés anti-juifs sont là, d’ordre théologique, comme ils l’ont toujours été. Mme Frulla établit donc un lien entre le pouvoir et l’argent, mais surtout entre la religion juive et l’argent et présente les Juifs comme dominant le monde. Je ne sais pas si Mme Frulla, qui a tout de même rempli le poste de ministre sous le gouvernement fédéral, est consciente du tort qu’elle se fait dans sa façon d’appréhender les Juifs. En effet, à travers de telles réactions qui témoignent d’une certaine haine, pour ne pas dire d’une haine certaine envers le peuple juif, elle révèle ce que les Allemands appellent sa « Weltanschauung », c ‘est–à-dire sa vision du monde et sa façon d’être au monde. Et ce n’est guère en son honneur ! Ses préjugés antisémites en disent plus long sur elle que sur les Juifs. Encore une fois, une animatrice est esclave de ses préjugés et d’idées reçues. Elle devrait avoir honte de se comporter ainsi et de laisser voir le sentiment que les Juifs lui inspirent. Qui plus est, elle couvre de honte Radio-Canada puisqu’elle projette de notre société d’État une image peu flatteuse.
Oui, Mme Frulla a raison : nous avons l’argent. Mais ne lui est-il jamais venu à l’esprit de souligner que cet argent nous ne le volons pas, que nous l’avons parce que nous mettons l’éducation au-dessus de tout ? Non, cela, Mme Frulla se gardera bien de le dire. Dois-je lui rappeler que nous Juifs ne saurions considérer la pauvreté comme une bénédiction, qu’elle nous apparaît comme un mal auquel il est possible de se soustraire ? C’est vrai que le rapport des Juifs à l’argent est historique, mais il serait bon que Mme Frulla lise Jacques Attali et qu’elle apprenne pourquoi. Après tout, ne sont-ce pas les Juifs qui ont inventé le capitalisme et… le communisme ! Et je suppose que nombreux sont ceux qui doivent affirmer, « preuves » à l’appui, que ce sont aussi les Juifs qui sont responsables de la crise financière qui secoue le monde !
Je ne consacrerai que cinq lignes au député Amir Khadir qui, interviewé à Radio-Canada par Mr Labrecque, le 17 décembre 2010, s’est permis de comparer un marchand de chaussures à un vendeur de mines anti - personnelles et Israël au régime d’apartheid qui régnait en Afrique du Sud, et ce sans même que le journaliste ne le reprenne. Se taire, n’est-ce pas acquiescer ?
Le 15 octobre 2010, un autre animateur du Club des ex, Simon Durivage, dans le cadre d’une autre émission, a comparé Israël au Soudan et à l’Iran. Suite au tollé de protestations qui vous sont parvenues, Mr Durivage a, semble-t-il, été contraint de présenter des excuses publiques, une première dans l’histoire de Radio-Canada.
Le 11 avril 2010, Ian Halperin, auteur et journaliste juif, était l’invité de l’émission Tout le monde en parle. Pierre Turgeon, de la maison d’édition Transit, a déclaré à la suite de cette émission : « Si le CRTC permet qu’un tel lynchage soit possible, qu’on fasse un tel abus de pouvoir (…), il y a quelque chose qui cloche ». Le plaignant a déposé une plainte auprès de la Commission des droits sous prétexte que les animateurs se sont « livrés à une vendetta, à un règlement de compte envers leur invité, lui manquant de respect et l’exposant à des propos discriminatoires et haineux ». Le 17 septembre 2010 le Conseil de Presse a rejeté la plainte.
Les animateurs ont affirmé qu’ils ignoraient que leur invité était juif !
Pour ce qui est de l’absence d’équilibre dans les émissions, je ne citerai que quelques preuves. Je voudrais auparavant préciser que le fait de donner la parole à des Juifs pro-palestiniens (self hating jew)ne constitue nullement un second point de vue, donc ne peut en aucun cas être considéré comme une preuve du respect de l’équilibre.
Le 23 novembre 2010, Michel Desautels interviewait le journaliste juif, franco-israélien, Charles Enderlin, à propos de son livre Un enfant est mort. Au lieu de lui poser des questions pertinentes sur l’Affaire Al-Dura, affaire qui a occasionné un tort considérable à Israël, l’animateur laissait parler Charles Enderlin et buvait ses paroles puis, à la fin de l’émission, les auditeurs qui jusque là ignoraient tout de cette affaire étaient convaincus que les soldats de Tsahal se comportent comme des monstres assoiffés de sang puisqu’ils ont tiré sans pitié et sans discontinuer pendant 45 minutes sur un père et son fils de 12 ans, tuant ce dernier.
Suite aux protestations des auditeurs concernant l’absence d’un autre point de vue, et pour respecter les recommandations du CRTC, Philippe Karsenty aurait dû être invité à présenter son opinion sur le sujet. Que dis-je : invité ? Radio-Canada n’avait même pas à s’en donner la peine, je sais que Mr Karsenty a lui-même offert d’être interviewé pour contrebalancer l’entrevue de Charles Enderlin. Or, alors même que Mme Viens, Rédactrice en chef, Actualités, radio, reconnaît dans le message qu’elle a adressé à Philippe Karsenty que la polémique existe toujours autour de cette affaire, elle décline son offre sous prétexte qu’elle a créé deux liens qui proposent des opinions divergentes sur le site de la SRC ! « Nous pensons que notre auditoire pourra prendre connaissance de cette façon de vos arguments. Nous déclinons donc votre offre d'entrevue », lui a-t-elle écrit Cette réponse est inacceptable et prouve que Radio-Canada, contrairement à ce qu’elle affirme, n’a pas pour premier principe de permettre à chaque citoyen « de connaître les principaux points de vue sur toute question d’importance ». En effet, si un lien renvoie à un site qui soutient inconditionnellement Charles Enderlin à qui Radio-Canada a accordé une entrevue, l’autre renvoie à Philippe Karsenty à qui Radio-Canada a refusé une entrevue. Avouez, Madame Miville-Dechêne, qu’il y a là une politique de deux poids deux mesures. Pourquoi ? Pourquoi avoir fait fi encore une fois des recommandations du CRTC et avoir choisi d’imposer aux auditeurs le point de vue de Charles Enderlin ? Parce que celui-ci est anti-israélien? Et vous savez que, ce faisant, Michel Desautels influence les auditeurs. Permettez-moi, Madame, de souligner que Radio-Shalom, dans le respect de ses auditeurs et soucieuse d’offrir une programmation assurant l’équilibre, a offert à Mr Enderlin d’être interviewé, mais que celui-ci, après avoir exigé que l’animateur ait lu son livre – ce qui a été fait- ne semble toujours pas disposé à accepter l’invitation de Radio-Shalom. Peut-être craint-il d’être confronté à des journalistes bien informés sur l’Affaire Al-Dura et qui lui poseront des questions déplaisantes auxquelles il sera acculé à répondre.
Le 9 avril 2010, dans le cadre de l’émission Une Heure sur terre, Radio-Canada présentait un reportage intitulé Le Canada sous influence, reportage qui affirmait que le soutien du gouvernement Harper à Israël était à l’origine de la crise que traversait l’organisme Droits et Démocratie, les membres du CA ayant voulu lui imposer une orientation nettement pro-israélienne. Vous me direz que le Président du PAJU, Bruce Katz, (un autre self hating jew), a félicité Radio-Canada pour ce reportage et a jugé que l’expression « chasse aux sorcières », employée par les auteurs Luc Chartrand et Yanic Lapointe, était tout à fait appropriée pour illustrer le contrôle exercé par le lobby juif sur le gouvernement. Je vous répondrai qu’interroger Mr Katz ou un Palestinien ne fait guère de différence à mes yeux.
Le 16 janvier 2008, l’émission Une Heure sur terre était consacrée au conflit israélo-palestinien. Cette émission, comme tant d’autres, ne présentait que le point de vue des Palestiniens, même si certains Juifs, défenseurs ardents des droits des Palestiniens, avaient été invités à prendre la parole. Après que Mr Lépine n’eut pas jugé utile de donner suite à une lettre du Comité Québec–Israël, celui-ci vous a soumis une plainte. Votre Bureau a reconnu qu’il y avait cinq erreurs factuelles, erreurs, il va de soi, défavorables à Israël. Vous avez écrit que « le texte lu en ondes ne correspond pas à la réalité, étant donné les slogans anti-israéliens utilisés par ce groupe ».
Faut-il qu’un organisme et des particuliers réagissent et déposent des plaintes pour que soient corrigées de graves erreurs ? Les journalistes ne pourraient-ils pas faire preuve de professionnalisme et les éviter? De toute façon, il ne sert à rien que vous rendiez un rapport et que vous reconnaissiez les erreurs : le mal a été fait, les téléspectateurs ont été induits en erreur.
Le 13 décembre 2008, à la demande du Comité Québec-Israël, vous avez reconnu que le film Paix, propagande et Terre promise , film de propagande pro-palestinien diffusé le 23 octobre 2008 dans le cadre de l’émission Les Grands reportages, « contrevenait aux Normes et Pratiques journalistiques de Radio-Canada. Ce film avance, sans en faire la preuve, que le gouvernement israélien contrôle les medias américains. Il contient des anachronismes et des inexactitudes et des groupes militants pro-palestiniens ont été associés à la recherche», écriviez-vous alors.
Mais, encore une fois, le mal avait été fait. Ne trouvez-vous pas regrettable qu’il ait fallu que 156 personnes dénoncent la diffusion de ce film de propagande truffé d’erreurs pour que Radio-Canada reconnaisse que le documentaire n’aurait jamais dû être diffusé ? Et le fait que Radio-Canada ait reconnu son erreur ne changera rien à l’opinion que se sont faite les téléspectateurs et à l’image défavorable d’Israël que la radio leur aura inculquée.
Le 11 août 2010, le Comité Québec-Israël a déposé à votre Bureau une plainte concernant la couverture des hostilités frontalières du 3 août 2010 entre le Liban et Israël. « Dès le lendemain de l’incident frontalier entre les armées libanaise et israélienne survenu le 3 août dernier, écrit-il, les médias étrangers et canadiens rapportaient que l’ONU avait corroboré la version des faits israélienne, à savoir que l’armée libanaise avait ouvert le feu sur des soldats israéliens alors que ceux-ci opéraient légitimement en territoire souverain israélien. Curieusement, ajoutait-il, alors que Radio-Canada a accordé à l’incident une place prépondérante dans ses bulletins de nouvelles du 3 août (à la radio, à la télévision et sur son site Internet), elle n’a pas une seule fois fait écho aux conclusions de l’ONU dans les jours qui ont suivi ».
Donc, une fois de plus, Radio-Canada a donc trompé ses auditeurs . Je vous le demande, Madame l’Ombudsman de Radio-Canada, trouvez-vous cela normal ? Comment des journalistes professionnels peuvent-ils, après avoir diffusé des informations fausses et inacceptables, se garder d’apporter des corrections?
Encore une autre preuve de l’incompétence des journalistes de notre radio ? Qu’à cela ne tienne ! Le 26 février 2009, un article intitulé « Plus le mensonge est gros, plus il passe » vous était adressé par Germain Belzile. Mr Belzile et un certain nombre de signataires vous y faisaient part de leur indignation, « celle de citoyens trompés et à qui est dénié le droit vital à l’information mise dans son contexte. Les reportages de Radio-Canada sur les représailles contre les tirs de mortier, de roquettes Kassam et Grad, qui ont terrorisé jusqu’à un demi-million de civils israéliens pendant huit ans nuit et jour à raison de trois alertes quotidiennes, sont indignes d’une société d’État dans un pays libre et démocratique. Radio-Canada nous a menti et trompés » concluaient-ils.
La liste des erreurs est trop longue pour que je puisse la présenter dans le cadre d’une chronique radiophonique.
Madame Miville-Dechêne, ne croyez-vous pas que trop, c’est trop. En tant qu’Ombudsman de Radio-Canada, vous êtes le représentant des auditeurs et des téléspectateurs. Quoique vous deviez allégeance à votre employeur, la Société Radio-Canada, je ne crois pas me tromper en affirmant que vous prêtez une oreille attentive aux plaintes formulées par les citoyens, et ce même lorsqu’elles sont déposées à titre individuel, et que les Normes et Pratiques journalistiques vous guident dans vos décisions, en dépit de la sympathie que vous inspirent parfois les journalistes.
Qu’accidentellement il y ait quelques dérapages, nous ne saurions le reprocher à la SRC. Or, ce n’est pas le cas. Il me semble plutôt que beaucoup de journalistes à l’emploi de Radio-Canada ne respectent pas les règles de base du code de déontologie de leur profession (esprit critique, indépendance, impartialité, honnêteté, équité et ouverture d’esprit), qu’ils manquent de professionnalisme et qu’ils manipulent la vérité sans aucun scrupule. Un journaliste est censé diffuser de l’information vraie, objective, neutre de préférence. À Radio-Canada , ce n’est plus de l’information, c’est de la désinformation ! Or mieux vaut encore n’être point informé que d’être mal informé.
S’il en est qui admirent les animateurs, permettez-moi de vous dire que je ne partage nullement leur point de vue. Sans vouloir faire leur procès , - ce n’est pas de mon ressort - je juge inacceptable que des animateurs véhiculent des préjugés, interviewent des auteurs ou des invités sans avoir pris soin de s’informer sur le sujet, posent des questions qui n’ont aucune suite logique, lisent leurs notes, fassent de graves fautes de syntaxe et, parfois, posent des gestes à la limite de la vulgarité.
Il serait bon que, devant le nombre très élevé de plaintes provenant de simples citoyens et/ou d’organisations, vous incitiez la SRC à prendre les mesures qui s’imposent afin que les auditeurs et les téléspectateurs la félicitent pour la qualité du travail de ses journalistes et de ses animateurs au lieu de la blâmer. Il faut que le téléspectateur de Saint-Thomas -Didyme, au fin fond du Lac St-Jean, qui s’informe en écoutant les nouvelles de Radio-Canada, puisse se faire une idée claire et impartiale de la situation au Moyen-Orient et non qu’il soit désinformé et gagné aux idées politiques du reporter de Radio-Canada.
Pour cela, en ce qui concerne la communauté juive, - et je parle en mon nom- permettez-moi, Madame Miville-Dechêne, de vous exposer mon desiderata, lequel est partagé à n’en point douter par un grand nombre de mes concitoyens, toutes allégeances confondues.
Il serait souhaitable
1. que les journalistes cessent de donner d’Israël une image déformée, des informations erronées –qu’ils exercent donc leur esprit critique et vérifient leurs sources avant de mettre en ondes - et quand ils parlent des affrontements, il serait bon qu’ils s’interrogent sur ceux qui les ont provoqués au lieu de désigner systématiquement Israël. Faute de quoi, ils inculquent à tous les auditeurs et téléspectateurs la haine d’Israël et, partant, de tous les Juifs. Rien d’étonnant alors si pour une grande partie de la population, les Juifs et Israël sont la principale cause d’insécurité dans le monde. Et même s’il est politiquement correct de calomnier ce pays, de le « démoniser » , voire de lui dénier le droit à l’existence, même si critiquer Israël ne fait courir aucun risque, ne pourriez-vous pas suggérer à notre radio de se démarquer, non pas en défendant ce pays ou en justifiant les actes de son armée, mais en fournissant simplement une information neutre car, en l’absence d’informations vraies et solides, même les gens intelligents en arrivent à croire des aberrations du type : « Ce sont les Américains et les Juifs qui ont comploté pour les attentats du 11 septembre ! » ?
2. que cessent les stéréotypes et les préjugés concernant les Juifs ou encore les figures de style qui dévalorisent l’État d’Israël et alimentent l’antisémitisme.
3. que les émissions concernant le conflit israélo-palestinien– ou tout autre sujet controversé d’ailleurs – servent à informer et non à désinformer, qu’elles ne présentent pas un seul point de vue afin que les auditeurs et téléspectateurs puissent se forger leur propre opinion. Une télévision publique ne doit en aucun cas être une chaîne de propagande, or il semblerait que ce soit la voie qu’ait choisie Radio-Canada depuis un certain nombre d’années.
Qu’on y présente des films d’opinion, qu’on donne la parole à des écrivains ou à des artistes engagés, tout cela n’a rien de répréhensible en soi, à condition que, comme le veut la Loi sur la Radiodiffusion, les auditeurs et téléspectateurs soient « exposés à un éventail d’opinions divergentes sur des sujets d’intérêt général ». Ce qui n’a point été fait dans le cas, entre autres , de l’Affaire Al-Doura ou encore des films Checkpoint et Diffamation signés du réalisateur israélien Yoav Shamir, très louangé par les Palestiniens . Que les invités, tout comme les réalisateurs des documentaires que présente Radio-Canada, soient très souvent, je dis bien « très souvent » pour ne pas dire presque toujours, de gauche, donc anti-israéliens et ce même s’ils sont juifs et, de surcroît, israéliens, soit ! Mais alors, pour assurer un équilibre, il faut accorder à des écrivains ou à des artistes de droite le même temps d’antenne.
En conclusion, Madame Miville-Dechêne, si vous avez à cœur la réputation de Radio-Canada, si vous voulez que cette radio recouvre son lustre d’antan et sa réputation d’impartialité qui la faisaient rayonner dans le monde, alors « il est grand temps que les choses changent ! » pour reprendre une phrase de ses journalistes .
Veuillez croire, Madame Miville-Dechêne, à l’expression de mes sentiments les plus respectueux et les plus dévoués.
Dora Marrache
Chroniqueuse à Radio-Shalom Montréal